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La Une CED

Intérieur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 23 Janvier 2023. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Qui surplombe l’univers éternel ?

La maison est-elle un signe comme est signe la direction des étoiles ?

Tapis rouge tapis noir

Quelques pétales de nacre

Ce dessin de la licorne au crayon 2B

Subsiste la beauté dans ce microcosme de la vision

Comme une exploration car le temps ne se produit pas.

Bumboat, Pierre Vinclair (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 17 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie, Le Castor Astral

Bumboat, Pierre Vinclair, Le Castor Astral, septembre 2022, 88 pages, 12 €

 

Il y a peu d’années, l’auteur, qui habitait alors Shanghai avec sa  femme Clémence, annonçait à son ami Ivan – le fameux poète Ivar Ch’Vavar – son probable départ pour Singapour (où le présent livre fut écrit et se tient) en un sonnet drôle et parfait – figurant dans le recueil « Sans adresse » (Lurlure, 2018) :

 

« Ivan, ne prends pas tout de suite un billet pour

Shanghai : il se pourrait que nous quittions la Chine

au début de l’été. Une grosse semaine –

quinze jours : nous saurons dans un délai très court.

Je dis, je tais, j’avance en faisant un détour,

révélant quand… mais la destination ? Devine !

Carpe diem de Robert Frost traduit par Didier Ayres

, le Lundi, 16 Janvier 2023. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Carpe diem

La vieillesse vit deux enfants silencieux

passer, le cœur épris, au crépuscule.

Elle ignorait s’ils rentraient à la maison

ou sortaient du village

ou (comme les vêpres carillonnaient) s’ils se dirigeaient vers l’église.

Elle attendit (ils ne la connaissaient pas)

qu’ils fussent trop loin pour l’entendre

pour leur souhaiter, à tous deux, d’être heureux :

« Soyez heureux, heureux, heureux

et cueillez cet aujourd’hui avec plaisir ».

Un déconstructeur nommé Spinoza (par Patricia Trojman)

Ecrit par Patricia Trojman , le Vendredi, 13 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Arno Münster, spécialiste des philosophes de l’école de Francfort fait partie de cette brillante génération des penseurs du post-marxisme qui travaille d’un point de vue critique sur tous les grands débats idéologiques contemporains qui exigent une nouvelle éthique politique : la violence, la démocratie, l’hyper-capitalisme, l’environnement. C’est tout dernièrement la traduction en français des Quatre conférences d’Ernst Bloch sur Spinoza paru aux Editions Delga que l’on doit à la découverte d’Arno Münster que la presse ne devrait pas tarder à saluer comme l’événement intellectuel majeur pour l’année 2022, tant cet écrit permet une nouvelle approche de la philosophie de Spinoza en la ramenant à son héritage culturel profond. Car pour Ernst Bloch dont l’œuvre célèbre est Le Principe Espérance, connaître Spinoza implique un retour à ses racines juives et à l’hébreu dont il n’a pas manqué de consacrer à la fin de sa vie une Grammaire hébraïque. E. Bloch a l’illumination de poser des questions transparentes sur l’Ethique, que nul auparavant n’avait posé : pourquoi l’Ethique s’appelle l’Ethique ?, qu’est-ce que Spinoza désigne par substance ? pourquoi l’homme ne disparaît-il pas dans la définition océanique de la substance par exemple ?

Giono et la nouvelle d’atmosphère : relire Solitude de la pitié (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Jeudi, 12 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Quand on pense à l’œuvre de Giono, on pense au premier chef aux romans de sa deuxième période, comme Un roi sans divertissement (1947) ou Le hussard sur le toit (1951). Il est pourtant une partie de son œuvre bien intéressante et trop peu connue : ses nouvelles, en particulier celles d’avant-guerre. Je m’intéresserai ici au recueil Solitude de la pitié, initialement paru en 1932.

Pour ma part, j’affectionne tout particulièrement le premier Giono, celui des chroniques paysannes, de la Trilogie de Pan (Colline, Un de Baumugnes, Regain), où l’auteur s’est attaché à décrire le monde rural de Haute-Provence, les gens de peu, la nature, avec une affection et une vigueur rarement égalées. En lisant Solitude de la pitié, j’ai eu plaisir à retrouver ses portraits mi-affectueux mi-moqueurs des paysans de cette région (par exemple dans la nouvelle « Joselet »), dans des textes où l’auteur s’amuse à pointer leurs petites marottes (« Jofroi de la Moussan ») ou leurs grandes folies (la pièce maîtresse du recueil est sans conteste la longue nouvelle « Prélude de Pan », racontant une scène de transe qui s’empare de tout un village et se termine en orgie).