Identification

La Une CED

À l’écoute du poème, La voix dans la voix, Revue L’Oreille voit, n°1, Éditions du Cygne (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 21 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Poésie, Revues

À l’écoute du poème, La voix dans la voix, Revue L’Oreille voit, n°1, Éditions du Cygne, mai 2022, 70 pages, 12 €

L’Oreille voit n°1 publie Mathias Pérez, Serge Martin-Ritman, Laurent Mourey, Armand Dupuy, Cédric Le Penven, Yann Miralles, Frédéric Cosnier, Alexandra Anosova-Shahrezaie, Arnaud Le Vac.

Poème organique, Poésie torcheculative à la moelle gargantuesque, Écriture sensitive… Chant polyphonique énoncé par un sujet qui ne se saisit qu’au contact du Je avec l’Autre… Dire poétique qui prend corps et langage par la voix et résonne de bouche à Oreille par l’Oralité qui l’accouche, l’expulse du silence de sa nuit vers la lumière qui le façonne et le module à la mesure du monde qui l’accueille… Qui contesterait que la Voix poétique : Je-Poème-Proue de mille vaisseaux battant pavillon sur le sable échevelé et dans le sang lourd du monde, vertigineusement nous embarque dans une synesthésie sensorielle et spirituelle qui ouvre, à l’infinitième inconnue, la perspective de nos perceptions et fonde les poèmes-relation de nos vies par le passage qu’elle opère dans la langue de nos existences ?

Mensch, Michaël Glück (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 20 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Mensch, Michaël Glück, Editions Faï fioc, 2022, 141 pages, 15 €

 

« On ne sait même pas les noms de tous ceux qui sont morts, mais on connaît celui de leur mort, dit Rosa en parlant de l’histoire. Une histoire de livres brûlés, de langues arrachées, de bouches brisées. Nous n’avons jamais dit que nous étions le peuple du livre, avait murmuré quelqu’un. L’aveugle avait expliqué : Nous n’avons jamais dit que nous étions le peuple de l’idolâtrie du livre. Iacob Schumacher aimait répéter cette sentence de l’aveugle malgré les propos malveillants de quelques femmes qui n’avaient cessé de lui reprocher sa liaison avec Danka Wasilewska, l’étrangère. Mais oui, le livre avait une odeur de femme ! Ytzaak Weiningen lui avait dit : Elles ne savent pas que tu gardes le livre contre l’idolâtrie du livre. Et l’aveugle avait ajouté : La chance du livre est dans la danse du livre » (p.102).

Un chef-d’œuvre a le droit de n’être pas précis, ni sobre ni conclusif – et ce livre, on vient de le voir, ne s’en prive pas ! Imprécis : l’exclusive petite communauté de Juifs d’Europe de l’Est (Rosa et Ytzaak Weiningen, Chlomo,

Vers le visage, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Vers le visage, Gérard Bocholier, éditions Le Silence qui roule, avril 2023, 108 pages, 15 €

 

 

Leçon de lumière

Disons tout de suite que cette poésie, qui reste abstraite en un sens, a pour principe celui de la prière : peu de mots, principalement une écriture de l’esprit, une adresse immatérielle et une forme vive d’espérance, l’on trouve tout cela dans ce recueil de Gérard Bocholier. Le poème, comme le poète, sortent grandis car cette poésie-prière englobe la relation polymorphe de toute langue poétique – ses registres, les images et les figures de style, y sont nombreux et cohabitent dans des séquences de souvenirs, de réflexions sur le temps, un travail pour une langue spiritualisée, choses aperçues somme toute en une leçon de lumière.

Poussière dans le vent, Leonardo Padura (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Amérique Latine, Roman

Poussière dans le vent, Leonardo Padura, Editions Métailié, 2021, trad. espagnol (cubain) René Solis, 640 pages, 24,20 €

« Cuba no » vu par la face émigrés de tous temps et de tous genres, mais « Cuba si » par l’amour ou le rejet jamais complet que portent à leur île solaire tous ces Cubains d’ailleurs…

On est, avec ce Poussière dans le vent, venu du « dust in the wind » d’une vieille chanson américaine, dans une littérature propre aux Caraïbes et à l’Amérique latine dans son ensemble ; romanesque en diable, nourrie de grandes histoires (et ancrée à une forte Histoire aussi du reste), charriant des personnages épiques dont le sort jamais simple est de nature à aller vers l’universel. Récits colorés, dont la part de flamboyance plus ou moins appuyée, confine parfois à un certain baroque inhérent à la culture de ces pays-là. Le roman de Padura a de tout ça un peu, sauf sans doute le côté baroque. Il y a, au rebours, des éléments de littérature américaine du nord, l’intime des personnages qui dirige le récit, et un aspect road-movie par le recours systématique aux lieux géographiques, traités comme autant de personnages.

Baudelaire, le temps, la mort (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 15 Juin 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Toute l’œuvre poétique de Baudelaire est irriguée par le temps. Les plus grands poèmes des Fleurs du Mal comportent dès leurs deux premiers vers, comme une marque itérative – presque une signature – un mot ou une locution qui situe le propos dans le temps. Citons-en quelques-uns, parmi les plus célèbres :

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle …

°

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige …

°

Tu réclamais le soir, il descend le voici …

°