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Israël

Le garçon qui voulait dormir, Aharon Appelfeld (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 04 Mai 2011. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil), Classiques

Le garçon qui voulait dormir, traduit de l’hébreu par V. Zenatti, Paris, 2011, 297 p., 21€. . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

« (…) ce pays lointain – quel est son nom déjà ? – » (p. 34), et c’est toute l’histoire des « réfugiés », ceux qui reviennent des camps, c’est aussi en grande partie, celle de la vie d’Aharon Appelfeld : revenir puiser dans son passé, pour l’écrire dans une langue qu’il doit forger, celle de sa nouvelle identité, car on a changé aussi son nom au jeune garçon. Non pas « dépouiller le vieil homme », au contraire, lui rendre, au mot près, dans cette musique nouvelle, celle dont Aharon Appelfeld dira qu’elle est celle de sa « langue maternelle adoptive ».

L’image de la mère, dont il fut orphelin très jeune se confond dans la langue qui se perd. Quand le jeune homme aura imité les chapitres de la Bible, qu’il recopie, il pourra ré-endosser tous les êtres qu’il aime. En attendant, le sommeil jette un pont entre deux états, entre deux mondes. Ce livre relate, avant tout, la réappropriation de soi, la reconstruction par la langue. Il est nécessaire au garçon de se reconnaître par les mots. A chaque instant, l’ascèse pour y parvenir : on est saisi, happé avec le jeune Aharon, par l’âpreté de la bataille qui se joue, ne pas, jamais laisser cours au désespoir.

Chair Sauvage, Yehoshua Kenaz

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 05 Mars 2011. , dans Israël, Recensions, La Une Livres, Actes Sud

Yehoshua KENAZ, Chair Sauvage, Actes Sud, 221 pages. 20€ . Ecrivain(s): Yehoshua Kenaz Edition: Actes Sud


Pour unité, l’étrange, qui fait basculer l’histoire, enracinée dans la vie tranquille des personnages. Ceux-ci vivent au kibboutz ou en ville, sont soldats ou civils, actifs ou retraités. Parfois, d’une histoire à l’autre, on les suit, ils se connaissent, se reconnaissent. Parfois, la succession vient de l’incongruité d’un détail qui échappe, ou qui achoppe.

D’une façon ou d’une autre, tout se dénoue, sans faire plus de bruit dans la vie d’autrui. Parfois, le dénouement est violent, mais l’histoire le banalise, se refermant sans créer plus de remous qu’un rond dans l’eau.