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Israël

Scènes de vie villageoise, Amos Oz

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 17 Novembre 2011. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Récits, Folio (Gallimard)

Scènes de vie villageoise, 6,20€. . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Folio (Gallimard)

Pardon à ? - pour ? - ceux qui voient ces Scènes de vie villageoise comme une comédie humaine, au prétexte aussi que les personnages resurgissent d'une histoire à l'autre. Peut-être n'ont-ils pas effleuré le sommaire :


Les héritiers

Les proches

Creuser
Perdre
Attendre
Les étrangers

...Chanter
Ailleurs, dans un autre temps.

Au pays des mensonges, Etgar Keret

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 20 Septembre 2011. , dans Israël, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Actes Sud, La rentrée littéraire, Contes

Au pays des mensonges, traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, septembre 2011, 205 pages, 20 € . Ecrivain(s): Etgar Keret Edition: Actes Sud

 

Ecrit au scalpel – pas pour tuer, pour mettre à nu – ou à l’acide – pas pour blesser, pour révéler, avec une vraie force de réflexion : cela oblige à faire retour sur soi-même. De petits contes, quelque chose dit en passant mais qui accroche, qui fouille sans délimiter, un petit trou creusé qui agace, dans lequel Etgar Keret jette innocemment un mot, comme un germe « Le silence me met mal à l’aise. Si nous étions plus proches, je pourrais peut-être me taire avec lui » (p.162). On en fera ce qu’on voudra, on y trouvera ce qu’on voudra ou pourra y trouver, mais cela ne laisse pas tranquille, E. Keret y veille, regardant par-dessus l’épaule après s’être détourné de chaque nouvelle.

Des personnages qui au sens propre « se fendent » d’une histoire, d’autres empilés comme des poupées russes, des personnages aussi transformistes, malléables, profondément réceptifs à l’immédiateté et à l’absurde de la situation, des personnages qui en fait ne savent rien de la vie qu’ils vivent. A tout moment, tout peut arriver, la vie est un état d’urgence où tout peut interférer, côtoiement d’états compressés, cryptés puis/ou mis à plat. Comme ce personnage dont les poches sont pleines d’objets réunis « par réflexion et préméditation » (p.101) pour parer à toute éventualité, ne pas se laisser prendre au dépourvu par la vie, la mort, le destin.

Le garçon qui voulait dormir, Aharon Appelfeld (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 04 Mai 2011. , dans Israël, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil), Classiques

Le garçon qui voulait dormir, traduit de l’hébreu par V. Zenatti, Paris, 2011, 297 p., 21€. . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

« (…) ce pays lointain – quel est son nom déjà ? – » (p. 34), et c’est toute l’histoire des « réfugiés », ceux qui reviennent des camps, c’est aussi en grande partie, celle de la vie d’Aharon Appelfeld : revenir puiser dans son passé, pour l’écrire dans une langue qu’il doit forger, celle de sa nouvelle identité, car on a changé aussi son nom au jeune garçon. Non pas « dépouiller le vieil homme », au contraire, lui rendre, au mot près, dans cette musique nouvelle, celle dont Aharon Appelfeld dira qu’elle est celle de sa « langue maternelle adoptive ».

L’image de la mère, dont il fut orphelin très jeune se confond dans la langue qui se perd. Quand le jeune homme aura imité les chapitres de la Bible, qu’il recopie, il pourra ré-endosser tous les êtres qu’il aime. En attendant, le sommeil jette un pont entre deux états, entre deux mondes. Ce livre relate, avant tout, la réappropriation de soi, la reconstruction par la langue. Il est nécessaire au garçon de se reconnaître par les mots. A chaque instant, l’ascèse pour y parvenir : on est saisi, happé avec le jeune Aharon, par l’âpreté de la bataille qui se joue, ne pas, jamais laisser cours au désespoir.

Chair Sauvage, Yehoshua Kenaz

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 05 Mars 2011. , dans Israël, Recensions, La Une Livres, Actes Sud

Yehoshua KENAZ, Chair Sauvage, Actes Sud, 221 pages. 20€ . Ecrivain(s): Yehoshua Kenaz Edition: Actes Sud


Pour unité, l’étrange, qui fait basculer l’histoire, enracinée dans la vie tranquille des personnages. Ceux-ci vivent au kibboutz ou en ville, sont soldats ou civils, actifs ou retraités. Parfois, d’une histoire à l’autre, on les suit, ils se connaissent, se reconnaissent. Parfois, la succession vient de l’incongruité d’un détail qui échappe, ou qui achoppe.

D’une façon ou d’une autre, tout se dénoue, sans faire plus de bruit dans la vie d’autrui. Parfois, le dénouement est violent, mais l’histoire le banalise, se refermant sans créer plus de remous qu’un rond dans l’eau.