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Les Dossiers

Sinisgalli ou le poème panthéiste

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Octobre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

J’ai vu les Muses, Leonardo Sinisgalli, traduit de l’italien par Jean-Yves Masson, Editions Arfuyen, Paris-Orbey, 2007

 

Il est difficile d’écrire à partir de ce très beau livre, traduit de l’italien par Jean-Yves Masson, sans choisir un point de vue, une orientation. Car le poème lui-même, ou plutôt la possibilité du chant poétique, le parcours de la langue du poème – que le traducteur respecte de très près – résistent et, si je peux dire, vont vers la vérité de cette langue, vers la vérité qui se cache, comme le motif dans le tapis, dans l’essence de ce qu’est la parole poétique.

D’autre part, le livre recouvre dix années du travail du poète, de 1931 à 1942, avec une sorte de constance, de lyrisme où, ni l’effet de vers tels que : Le cœur émerveillé/ J’ai interrogé mon cœur émerveillé/ J’ai dit à mon cœur la merveille, qui sont comme une aigrette verbale, un salto, depuis quoi l’effet ne se dilapide pas, ni le mélange habile des affaires des jours et celles de la métaphysique, n’épuisent l’impression de ravissement de l’ouvrage. Il y a, si je puis dire, un peu, voire beaucoup de sens et signification accumulés et qui portent très haut le livre – qui d’ailleurs vont bien à J.-Y. Masson, me semble-t-il, à cause d’un soin identique pour sa propre poésie.

La poésie et les notes d'Antoine Émaz : au plus près (1/2)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 12 Octobre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Caisse claire, poèmes, 1990-1997, anthologie établie par François-Marie Deyrolle, postface de Jean-Patrick Courtois, Points, collection Points. Poésie, 2007, 231 pages, 7,60 €

Sauf, encres de Djamel Meskache, Tarabuste, collection Reprises, 2011, 330 p., 13 €

Cuisine, publie.net, collection Temps réel, 2012, 240 pages, 3,99 €

Cambouis, publie.net, collection Temps réel, 2010, 268 pages, 3,49 €

 

Chaque poème d’Antoine Émaz est force percussive du peu, au plus près des choses, au plus ras du réel.

Il s’agit de dire ce qui est, précisément.

Le poème est os, le plus souvent, même si parfois il est coulée de boue.

Du théâtre divisionniste

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Septembre 2012. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

 

Manifeste pour les faits et objectifs de l’écriture théâtrale divisionniste.

 

Un théâtre divisé.

Coupé, assemblé par le jeu des euphonies, quitte à décaler le sens de tout discours.

Diviser ce que nous sommes est ce que le théâtre doit montrer.

Homme moderne, pris dans le flux coupé des séquences de l’information, dans la moiteur des humeurs et de son obscurité.

Et là un texte de théâtre qui prône des situations brèves, inachevées, sans rapports, et qui les appréhende violemment comme est violente la vie.

Sans exclure les grands mythes.

Sans perdre le courant épique de la grande histoire.

Torn curtain (Le rideau déchiré), Alfred Hitchcock

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 10 Septembre 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Côté écrans

côté écrans

Le rideau de fer :

Après La Mort aux trousses (North by Northwest), en 1959, Alfred Hitchcock surenchérit avec un autre film d’espionnage, Le Rideau déchiré (Torn Curtain) en 1966. C’est la poursuite du genre, le suspense, en tant que tel, mais d’une facture peut-être plus artistique – détails sophistiqués, camaïeux de couleurs, soins apportés aux costumes, aux accessoires… C’est une œuvre sans doute moins connue, moins adoptée par le public et les cinéphiles comme référence absolue. Le titre, énigmatique aujourd’hui, est sûrement perceptible pour les spectateurs des années 60, renvoyant à la séparation Est/Ouest, à la guerre froide et à une terreur historique.

Les glissements de scénario, les changements d’attitudes, de lieux, les brusques revirements affectifs, les faux-semblants amicaux sont à la fois plus tranchés, plus radicaux et plus troubles. Par exemple, entre l’espion américain passé à l’Est, le professeur Armstrong (incarné par le beau Paul Newman, un symbole masculin américain fort), et le garde du corps passé à l’Ouest, Gromek, (joué par Wolfgang Kieling), ayant séjourné dans un lieu précis des Etats-Unis qui cite avec nostalgie des souvenirs culinaires, campe un décor, tout un lien de connivences se tisse. Ces échanges humains scandent le parcours des deux hommes, de l’étroite surveillance diplomatique jusqu’au crime le plus odieux.

Interview de Claro, à propos de Tous les diamants du ciel

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 27 Août 2012. , dans Les Dossiers, La Une CED, Entretiens, La rentrée littéraire

 

Il y a un côté très poétique dans la langue que vous employez. On a l’impression qu’il s’agit de vers mis en prose. Ça chante, ça danse. C’est très lyrique et en même temps très drôle, très imagé. Il y a aussi une certaine scansion dans la phrase. Est-ce une volonté délibérée ? Si oui, pourquoi ?

 

J’ai du mal à concevoir l’écriture comme quelque chose de désincarné. La langue est à la fois un allié et un ennemi. Un allié parce qu’elle est malléable ; un ennemi, parce qu’elle agit aussi contre nous, véhicule des lieux communs, se fige sans cesse. Je m’efforce donc d’écrire une langue qui soit consciente d’elle-même, qui puisse s’entendre dans son déploiement. La scansion est l’expression d’une nécessité physique de la langue. J’écris aussi en imaginant l’effet que peut et doit produire la langue sur le lecteur, je veux qu’il vive une expérience, pas seulement une lecture.