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Les Dossiers

Galsan Tschinag, auteur Mongol

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 07 Décembre 2011. , dans Les Dossiers, Etudes

Un auteur . Ecrivain(s): Galsan Tschinag

Ce billet a pour but d’inciter à découvrir un auteur « coup de cœur ». Il s’appelle Galsan Tschinag, il est né le 26 décembre 1944 dans une famille de chamans touvas de Mongolie. Il a passé sa jeunesse dans les steppes puis est allée étudier à l’Université de Leipzig. Il est revenu dans son pays, et a commencé de publier en 1981. Sa langue d’origine, le touva, ne possède aucune tradition écrite. Il écrit donc en Allemand. Une douzaine de titres, romans, récits et études le situent aujourd’hui parmi les tout premiers écrivains étrangers de langue allemande. Il vit aujourd’hui à Oulan Bator et s’est fait l’ardent défenseur des coutumes de son peuple face aux dangers de la modernisation.

Lire Galsan Tschinag c’est comme franchir une porte qui vous transporte non seulement au cœur des steppes, à travers un paysage physique, à la fois rude, austère  et grandiose, pas seulement dans la chaude intimité du cercle de la yourte mais aussi au plus profond du cœur de l’homme et à la frontière d’un savoir mythique entre tradition et modernité. C’est tout le devenir des cultures minoritaires dans le monde dit moderne qui est en jeu. Son écriture simple et belle trace un chemin et ouvre des voies oubliées, où résonnent des chants anciens et puissants. Et quand on commence à lire, on ne peut plus s'arrêter. Mais ce sont des livres qui n'incitent pas au bavardage, ce sont même parfois des pages de silence, alors découvrez par vous-même :

Hommage à Edward Gorey

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 24 Novembre 2011. , dans Les Dossiers, Les Ecrivains, Articles, La Une CED, Univers d'écrivains

le minuscule majuscule ou l’humanité-brindille. . Ecrivain(s): Edward Gorey

Edward Gorey est méconnu en France. Curieusement méconnu.

De façon vraiment incompréhensible. Et même : saugrenue.

Sau-gre-nue.

Le macabre et le bizarre de son travail, l’humour pince-sans-rire, tellement british (s’il était américain, sa passion pour tout ce qui était victorien explique cela), sont réjouissants à la diable.

Mais Gorey, c’est surtout le poète de la ligne, la ligne évoluant dans le froid et le vent qui berce les arbres sans feuilles. L’amoureux de la ligne. Le dessinateur qui se sert de la ligne pour se tenir dessus et faire de petits pas au-dessus du vide que peignent les mots de son histoire, de ses histoires, – toutes (plus ou moins) pénétrées du gothique (il faut voir ici une influence presque certaine de Jane Austen sur Gorey – qui confessera du reste son admiration infinie pour cette auteure –, Austen qui a repris, avec une certaine dérision mais aussi une certaine épure, les principaux thèmes gothiques dans Northanger Abbey, que Gorey à son tour ne cessera de reprendre, et toujours avec cette distanciation propre à l’humour), en sachant qu’il y aura toujours une chute à la fin, toujours une mort, toujours le tragique qui viendra.

Hommage à l'oeuvre de Jean-Baptiste Para : porter le silence

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 16 Novembre 2011. , dans Les Dossiers, Etudes, La Une CED

À l’occasion de la republication en 2011 de La faim des ombres (Obsidiane, collection Les solitudes, 118 pages, 14 euros).


André Velter, qui le connaît très bien (il a animé avec lui l’émission radiophonique « Poésie sur parole » sur France-Culture), présente ainsi Jean-Baptiste Para dans le septième numéro de la revue Caravanes parue chez Phébus : « Le titre de son premier livre publié, Arcanes de l’ermite et du monde, indique bien ce mouvement incessant, cette méditation continue qui, sans nier les vertus de la mise à l’écart, choisit pourtant de passer à l’action […] ». Nul homme autre que Para n’est peut-être davantage attentif aux voix du monde, dans toute leur diversité, leur singularité, au travers de l’entreprise sans cesse recommencée de la revue Europe (qui cherche à faire exister les voix dans leur unicité et dans leurs liaisons avec des voix amies, quel que soit leur terreau d’origine, européen ou mondial), au travers de ses traductions, nombreuses…, et nul homme autre que lui n’est peut-être, dans le même temps, davantage (avec une telle force) attentif au silence : « [t]oi qui retiens ta bouche de parler » ; « [d]es journées entières / je donne mon cœur au silence » (La faim des ombres).

Visions pour une poésie mystique

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 06 Septembre 2011. , dans Les Dossiers, Etudes, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED


I

Tu et Il.


Cette petite étude n'est pas didactique, mais tient à ma vision personnelle des choses. Interroger la mystique m'interroge d'abord moi-même, et sur ce qui me convient du rapport à l'autre, -l'Autre-, lequel est inclus, fait angle, fait le biais, la pointe, fait l'entrée de l'énigme de soi-même au sein de la chose connue (un peu à l'image de l'étrangeté freudienne). En interrogeant le tu, par exemple, quand je devrais dire il ou nous, ou encore elle et moi, je rends perceptible cette sémantique des pronoms en quoi l'affaire est compliquée. Ce que je cherche, c'est faire le remplacement de la phrase par ce qui lui manque, et donc remplir l'Autre de ma propre question.


La poésie du trait : Bernard Noël, politique du corps

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 05 Septembre 2011. , dans Les Dossiers, Etudes, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED

aux éditions Cercle d’Art (2010).

 

Chantal Colomb-Guillaume dans « Le partage du dit et de l’indicible » qui ouvrait le numéro d’Europe consacré à Bernard Noël avouait implicitement sa tristesse de ne pouvoir reproduire au moins l’un des dessins de l’auteur du Château de Cène : « Trop modeste pour publier dans ce dossier l’un de ses “labyrinthes”, Bernard Noël trouve pourtant dans le dessin une expression complémentaire de l’écriture ». D’où, signifiée à mi-mots, leur importance, comme l’avait fait déjà le directeur de la collection Signes des éditions ENS en choisissant de reproduire un « labyrinthe » de Bernard Noël en couverture de la publication des actes du colloque de Cerisy lui ayant été consacré sous la direction de Fabio Scotto (sous le titre Bernard Noël : le corps du verbe) ; leur importance, flagrante, eu égard à son œuvre dans son ensemble, qui ne s’exprime que dans sa dynamique cherchant à prendre dans le mouvement de l’intellection autant que du vers et de sa brisure qui le redouble la façon dont l’impensé cherche à tendre irrémédiablement vers le pensé, ce dernier n’étant que mouvement de résolution vers le sens (il s’agit en somme de sa pulsation dynamique qui est la vérité de son identité), sans lui laisser, in fine, cette possibilité, l’impensé devenant, avec Bernard Noël, mouvement de presque-résolution.