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Critiques

Pulvérisés, Alexandra Badea

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 16 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, L'Arche éditeur

Pulvérisés, 2012, 96 pages 12 € . Ecrivain(s): Alexandra Badea Edition: L'Arche éditeur

Cette pièce a reçu en 2013 Le grand prix de la littérature dramatique, prix créé par R. Donnadieu de Vabres en 2005

 

« Le monde mondialisé »

Nous sommes tous, aux quatre coins du monde, réduits en poudre, détruits, pulvérisés (dans l’espace) dit le titre de la pièce d’Alexandra Badéa. Nous prenons part ensemble au massacre économique, victimes ou acteurs. Le texte de Pulvérisés est d’ailleurs construit comme une carte de géopolitique : la vieille Europe dominatrice, délocalisée (Lyon) ; L’Europe qui s’ouvre sur le monde (Bucarest) ; la Chine, immense atelier globalisé (Shanghai) et l’Afrique émergente (Dakar). La première page de l’œuvre, par deux fois, rassemble le nom de grandes villes asiatiques latino-américaines, indienne, africaines, comme pour dire le vertige de la mondialisation. Et les quatre personnages de la pièce incarnent en ces lieux, dans ces quatre villes, le nouvel ordre économique. Ils ne sont d’ailleurs désignés que par leur sexe et leur fonction productive et marchande.

Edisto, Padgett Powell

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 15 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

Edisto, Belfond/Vintage novembre 2013. 247 p. 17 € . Ecrivain(s): Padgett Powell Edition: Belfond

 

Incipit : « Je suis en goguette à Bluffton. Je me suis tiré de l’école – on appelle ça faire le mur, mais il y a pas de mur, il suffit de sortir de la cour à la récré, quand les trois cents gamins sont là pliés en deux en train de lancer leurs billes. Moi, je suis pas capable d’en lancer une au lance-pierre, alors je me casse et je vais au Rexall prendre un verre – un coca, ou un de ces trucs que Madame le Docteur m’interdit formellement, sous prétexte que ça m’excite. Je vais pourtant pas boire du lait toute ma vie, ou me mettre au bourbon à mon âge. Mais c’est pas le problème. »

Entrée inhabituelle pour une critique de livre, mais dans le cas d’ « Edisto », elle s’impose presque, elle va de soi tant cet incipit évoque un livre culte des années soixante.  Vous avez deviné ?

Simon Everson Manigault est le petit-fils sûrement de Holden Caulfield, le jeune héros de « The catcher in the rye » (L’attrape-cœurs) de Salinger. Il lui ressemble comme deux gouttes d’eau, déborde comme lui d’énergie et d’insolence, parle comme lui. Ici aussi, nous avons un narrateur à la première personne du singulier, dont nous suivons les traces pendant quelque temps avec plaisir, jubilation. Car ce roman n’est pas triste, c’est le moins ! On sourit, on rit, de bout en bout, dans le langage vert et les frasques de Simon.

Une mesure de trop, Alain Claude Sulzer

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 15 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions Jacqueline Chambon

Une mesure de trop, septembre 2013, 267 pages, 22 € . Ecrivain(s): Alain Claude Sulzer Edition: Editions Jacqueline Chambon

Marek Olsberg est un pianiste de renom, consacré par les medias, estimé de son propre milieu. Il va donner à la Philharmonie de Berlin un récital de piano en solo. Exercice périlleux pour un musicien, même confirmé. Il doit jouer ce soir-là des œuvres de Scarlatti, de Barber et de Beethoven dont il prévoit d’exécuter la Sonate Hammerklavier N°29 opus 106.

Alors qu’il l’interprète devant les auditeurs attentifs de la Philharmonie parmi lesquels certains de ses amis, des artistes, des élus locaux, des personnalités du monde musical, il s’arrête en plein concert, ferme le piano et quitte l’estrade en énonçant : « C’est tout ».

L’habilité d’Alain Claude Sulzer consiste à décrire dans une première partie de ce roman les vies et interdépendances entre certains personnages qui ont pour point commun d’avoir approché Marek Olsberg, de travailler pour lui, telle Astrid Maurer, secrétaire remarquablement efficace et dévouée, témoignant pour son patron une disponibilité de tous les instants, le protégeant des importuns, de la presse, du monde extérieur. Il y a également un couple d’homosexuels, Claudius et Nico. On apprendra plus tard que Claudius a été l’amant de Marek. D’autres personnes sont impliquées dans ce panorama : Esther, qui va découvrir, en rentrant chez elle plus tôt que prévu, que son époux Thomas la trompe et se comporte comme un homme salace et lubrique.

Mystérieux Templiers, Idées reçues sur l’ordre du Temple, Jean-Vincent Bacquart

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 14 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Histoire

Mystérieux Templiers, Idées reçues sur l’ordre du Temple, Editions Le Cavalier Bleu, avril 2013, 225 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean-Vincent Bacquart

 

A de rares exceptions, l’infraction de non-conformité ou le délit d’atteinte à la vérité de l’Histoire n’expose quiconque aux poursuites et à une peine encourue en justice. En ce domaine d’ailleurs, l’utilisateur d’un terrain totalement ouvert à sa fantaisie et au libre mouvoir ne connaît généralement aucun délimité de piste ni la moindre borne péagère qui pourrait le contraindre ou le dissuader. Seule, de ce point de vue, une conscience individuelle scrupuleuse peut encourager le discernement et la sagesse.

C’est ainsi, de loin en loin et au grand dam des historiens toujours les plus sensibles aux analyses orthodoxes et aux justes interprétations, que perdure à tout sujet quantité de mensonges, que se distillent sans fin certaines fallacieuses ou plus farfelues théories estampillées du sceau de la vérité nouvelle. Sur la frontière habituellement ténue du religieux au politique notamment, les positionnements dichotomiques ouvrent alors l’affrontement parfois agressif des revendications du savoir conforme.

Le cycle des destins, Aylin et Siam, Éric Simard

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 14 Janvier 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Syros

Le cycle des destins, Aylin et Siam, octobre 2013, 298 p. 15,90 € . Ecrivain(s): Eric Simard Edition: Syros

 

 

Voici un bien beau roman futuriste. L’histoire prend place en 2132 dans un Paris d’après la Grande Catastrophe : un tremblement de terre a ravagé la France en 2123 et un tsunami a englouti Paris. N’en demeurent émergés que le haut des bâtiments les plus élevés ainsi que deux collines : Montmartre et le Mont Valérien qui sont devenus des îles. Les survivants se sont organisés depuis, en communautés séparées, sans grand contact entres elles, chacune devant se protéger des pillards qui viennent en bateaux de la périphérie. D’autres dangers rôdent aussi comme les grandes créatures ailées de la Tour Carnasse (ancienne Montparnasse), sans doute échappées de laboratoires où elles auraient été créées et les grands requins blancs qui sont venus peupler les eaux à certains endroits.