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Critiques

Amour sur le rivage, Michal Govrin

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser, Israël

Amour sur le rivage, Traduit de l'hébreu par Laurent Cohen octobre 2013, 373 pages, 24 € . Ecrivain(s): Michal Govrin Edition: Sabine Wespieser

 

 

Ce pourrait être la description d’un banal coup de foudre sur une plage en été, une péripétie tout juste susceptible d’imprimer un agréable souvenir dans une vie ordinaire. Le roman de Michal Govrin se passe en Israël au début des années soixante.

Esther Weiss, jeune apprentie en sténographie et dactylographie, vient de terminer sa scolarité dans une école religieuse ; elle va partir à l’armée. Pour fêter cet événement, elle s’achète en secret une robe à bretelles, qui la dénude, un peu, et se rend au dancing de la plage à Ashkelon, nouvelle cité du littoral méditerranéen du jeune état. On y écoute Paul Anka, Alain Barrière, Put your head on my shoulder, Elle était si jolie. Au bar de ce dancing, un jeune homme, arrivé de Paris, boit un Campari ; il s’appelle Moïse Derand. Sa présence se justifie par la cérémonie de l’enterrement de sa mère.

Fugue)s(, Walid Hajar

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 19 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Ipagination

Fugue)s(, 20 novembre 2013, 288 pages, version numérique : 6,99 € . Ecrivain(s): Walid Hajar Edition: Ipagination

 

Lisa Elatre-Levy, de père antillais, de mère polonaise ashkénaze, rêve de « réussir », de sortir de la banlieue, de gravir les échelons, refuse « le système » de la reproduction générationnelle définie par Bourdieu, et rejette la perspective de connaître la vie médiocre qu’ont vécue ses parents.

Fugue.

David, amant de Lisa, rêve de faire avec elle son alya… et le réalisera sans elle…

Fugue.

Salem Bensayah, fils d’immigrés nord-africains, bac+5, rêve d’échapper à la discrimination à l’emploi que lui vaut son nom arabe. Et quand la réussite est là, que l’avenir professionnel s’annonce financièrement brillant…

Vie électrique, Jean-Philippe Rossignol

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 18 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Vie électrique, 173 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Rossignol Edition: Gallimard

 

Premier roman intéressant d’un jeune auteur qui s’attache à faire que sa vie chemine en prenant doucement la main de la transgression ; car, comme l’écrit Michel Foucault dans Préface à la transgression (in Hommage à Georges Bataille, Critique, n°195-196, août-septembre 1963), « [r]ien n’est négatif dans la transgression. Elle affirme l’être limité, elle affirme cet illimité dans lequel elle bondit en l’ouvrant pour la première fois à l’existence ».

S’ouvrir à l’existence est en effet la vocation de tous les instants de Jean-Philippe Rossignol, rendue lisible par ce roman conçu comme témoignage.

Témoignage d’une vie, d’une pensée.

Vie et pensée mêlées.

Et il faut, étrangement, pour saisir toute l’ambition de Jean-Philippe Rossignol, faire un détour par une auteure qu’il ne cite jamais : Anaïs Nin. Et plus précisément son Journal. Encore plus précisément : les dates du 10 et 21 mai 1933, du 12 juin 1934 et du 10 janvier 1937.

Moment d’un couple, Nelly Alard

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Moment d’un couple, octobre 2013, 376 pages, 20 € . Ecrivain(s): Nelly Alard Edition: Gallimard

 

Autour de la rupture d’un couple. Autrement dit, « le » sujet du roman par excellence. Celui qui traverse les écritures de – presque – tous les écrivains. Les moments – tous – où l’arbre se fend de partout. L’orage au scalpel. Le – indépassé ? indépassable ? La femme rompue de Beauvoir, la référence. Du reste, comme le livre dans le livre, le poche – Beauvoir s’invite dans le récit de Nelly Alard ; il est relu, objet de comparaisons ; les personnages courent y lire la suite de leur propre histoire.

La nouvelle de Beauvoir finit par ces mots posés comme un voile de deuil : « J’ai – (la femme trompée) – peur. Et je ne peux appeler personne au secours. J’ai peur », quand ce livre-ci clôt sur : « Il – (un ancien amant) – l’appelle Il y a un petit manque quand même. Ils se voient demain soir »… entre les deux romans, 60 ans. Un univers, une galaxie de différences ? Voire !

Le dilemme du prisonnier, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mardi, 17 Décembre 2013. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Le dilemme du prisonnier, traduit de l’Américain par Jean-Yves Pellegrin, août 2013, 500 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Au nom du père


Pour comprendre la complexité du troisième roman de Richard Powers, il faut dès le commencement de la lecture s’intéresser au titre de l’ouvrage car il porte en lui toute l’essence de l’œuvre. En effet, « le dilemme du prisonnier » est une expression très connue et qui a fait date dans le monde du jeu et par extension dans l’univers de la politique et de la négociation. Elle a été élaborée par A.W. Tucker. « Le dilemme du prisonnier » désigne une situation de jeux où deux joueurs auraient intérêt à coopérer, mais où de fortes incitations peuvent convaincre un joueur rationnel de trahir l’autre lorsque le jeu n’est joué qu’une fois. Pourtant si les deux joueurs trahissent, tous deux sont perdants. Comprenant la difficulté pour le public de comprendre le principe du jeu, A.W. Tucker l’explique sous la forme d’une histoire : Deux suspects sont arrêtés par la police. Or les policiers n’ont pas assez de preuves pour les inculper, donc ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre.