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Critiques

Vivre à présent, Nadine Gordimer

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 07 Mars 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Grasset

Vivre à présent, traduit de l’Anglais (Af. Sud) par David Fauquemberg, octobre 2013, 478 p. 22 € . Ecrivain(s): Nadine Gordimer Edition: Grasset

 

Être sud-africain post apartheid


Steve et Jabulie forment un couple mixte dans l’Afrique du Sud post Apartheid. Anciens activistes anti-Apartheid, ils mènent à présent une vie heureuse dans une banlieue sans histoire. Grâce au Black Empowerment, Jabulie accède à des postes à responsabilités tandis que Steve revêt la toge des professeurs d’université. Tous deux jouissent d’une vie de la classe moyenne plus dans un pays en mutation.

« Jabu, dans ses relations avec les camarades ex-combattants et sa carrière professionnelle, à la fois prestigieuse et selon toutes probabilités, prospère, dans un avenir plus ou moins proche, sans cesser d’être consacrée à la justice contre le passé et à celle du présent, a été la première à incarner quelque chose comme une réalisation de la politique du Black Empowerment, la promotion économique des noirs, même si cela ne touche que la classe vivant dans la Banlieue ».

Zuhayra, Quatre poèmes à sa fille sur la vieillesse et la mort, Abû Kabîr Al-Hudhalî

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 07 Mars 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Pays arabes, Sindbad, Actes Sud

Zuhayra, Quatre poèmes à sa fille sur la vieillesse et la mort, édition bilingue arabe et française, traduction, présentation et annotations Pierre Larcher, janvier 2014, 76 pages, 15 € . Ecrivain(s): Abû Kabîr al-Hudhali Edition: Sindbad, Actes Sud

 

 

Ce court dîwân est composé, comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage, de quatre poèmes, de longueur variable, comprise entre 15 à 48 vers, tous centrés sur le thème de la vieillesse et de la mort.

Le poète arabe, sentant sa fin prochaine, adresse à sa fille chérie, Zuhayra, une longue complainte en laquelle il regrette ce qui a été et qui ne sera plus, ce qu’il a vécu et ne revivra pas, l’homme qu’il a été et qu’il ne peut plus être.

Dans la trame de cette nostalgique évocation se dessine le tableau de la vie des Bédouins d’avant l’Islam, et apparaissent des éléments essentiels de leur culture, de leurs mœurs, de leurs valeurs :

Les jeunes mariés, Nell Freudenberger

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 06 Mars 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde)

. Ecrivain(s): Nell Freudenberger Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Nell Freudenberger possède un talent rare en écriture : elle parvient à nous passionner de bout en bout en nous racontant une histoire somme toute assez banale à première vue. Jugez-en : George, ingénieur américain début de deuxième âge cherche femme sur asianeuro.com. A l’autre bout du monde, au Bengladesh, une jeune fille, Amina, rêve d’Amérique. Tout cela tombe fort bien et les deux tourtereaux virtuels deviennent réels : Amina s’installe à Rochester (NY) USA et ils se marient. Ajoutez-y les difficultés d’adaptation d’Amina, les soucis familiaux et les hésitations d’un jeune couple et vous aurez résumé le livre. Enfin presque. Et  c’est là que se glisse tout l’art de l’auteure, dans ce presque, dans cet interstice où – de la vie quotidienne – surgit néanmoins l’aventure, l’incroyable incertitude de la vie humaine, la folle épopée du pas grand-chose quand il est porté par des cœurs.

La Terre Promise américaine c’est bien. Mais pas tout à fait. Et, peu à peu, pas du tout. Les regards interrogateurs voire hostiles, le travail précaire, la vie avec George comme ci comme ça. Enfin la vie quoi. Au tamis du regard et des blessures d’Amina, tout cela devient palpitant, presqu’anxiogène. Une sorte de suspense conjugal ou/et de l’immigration.

Théorie de la vilaine petite fille, Hubert Haddad

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 04 Mars 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Zulma

Théorie de la vilaine petite fille, janvier 2014, 400 pages, 20 € . Ecrivain(s): Hubert Haddad Edition: Zulma

 

Hydesville, comté de Monroe, mars 1848.

« Le soleil du crépuscule illuminait l’escalier à travers les fenêtres de l’étage. Assise sur une marche de bois cru, Kate observait la poussière. Celle-ci voletait à l’intérieur d’une lance de cristal comme suspendue au travers de la maison. Fascinée elle retenait son souffle. Chaque grain avait l’air de suivre une trajectoire bien à lui, dans la compagnie dansante de ses infimes voisins et il y en avait des milliers, des millions, davantage que d’étoiles fixes ou filantes par les nuits sans lune ».

Kate Fox a onze ans, l’âge des rêves et des histoires que l’on se raconte le soir pour jouer à se faire peur, pour oublier pêle-mêle le décès d’un jeune frère, celui de sa vieille chienne, la maison délabrée où l’on vient d’emménager et qui a la réputation chez les fermiers alentour d’être hantée. Kate est somnambule, dialogue avec Mister Splitfoot, l’esprit « frappeur » de la maison, convainc sa sœur Maggie de son existence, ainsi que sa mère et enfin sa sœur Leah, de vingt ans plus âgée, qui va flairer rapidement tout le potentiel commercial d’un don surnaturel.

Que ton règne vienne, Xavier de Moulins

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 04 Mars 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

Que ton règne vienne, février 2014, 220 pages, 18 € . Ecrivain(s): Xavier de Moulins Edition: Jean-Claude Lattès

 

 

Saint-Exupéry disait qu’un livre est achevé quand il n’y a plus rien à retirer. Xavier de Moulins a parfaitement réussi cet exercice et nous propose un roman sobre sans être dépouillé. Ses phrases courtes donnent le rythme qui convient à l’histoire qu’il nous raconte et dans laquelle il nous entraîne. Il y a de très belles pages comme la 155. C’est l’histoire de gens ordinaires, sans pathos, sans fioritures inutiles, sans surcharge. Ce qui leur arrive pourrait nous arriver et pourtant on n’a pas envie de lâcher, on s’y attache. L’alternance des chapitres datés font passer du présent, date de la reconstruction de Paul, à son passé et aux évènements qui l’ont conduit à sa dégringolade. Jusqu’à la page 150 on attend, on espère un basculement, une tragédie, enfin un de ces rebondissements qui relance. Il viendra. On le pressent, puis on se dit que non, puis finalement, que si, c’était bien ça. La construction est donc réussie.