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Roman

Lettres à l’inconnu(e), Bernard Sarrut

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 27 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Tinbad

Lettres à l’inconnu(e), juin 2016, 201 pages, 14 € . Ecrivain(s): Bernard Sarrut Edition: Tinbad

 

Lettres à l’inconnu(e) s’inscrit à point et lettres nommés dans la lignée éditoriale de Tinbad. En effet, cette toute jeune maison d’édition qui publie ici son cinquième roman et sera à la barre des Cahiers de Tinbad, accueille et donne toute latitude à la voix d’écrivains contemporains dont les recherches formelles sondent et font œuvre inclassable dans une Littérature au croisement de la poésie et du roman moderne, à l’instar d’Ulysse de James Joyce, ou des avant-gardes du XXe siècle (Futurisme, Dadaïsme, Surréalisme, Proust). Il s’agit de repartir de ces avant-gardes de création littéraire, non pas pour en remâcher les « reliques du savoir » (Laurence Sterne, in Tristram Shandy), mais pour en raconter l’histoire. Un violent « je » autobiographique sera recommandé et même essentiel, précise l’édito de Tinbad, ainsi ces Lettres à l’inconnu(e) dont le cap insolite trouble la navigation, à bord d’un texte épistolaire dont le/la destinataire reste inconnu(e) – du moins au début du voyage (ici d’hiver). Le narrateur déroule son histoire aux côtés d’une absente, dans un temps indéfini, l’inconnu(e) étant la non-nommée à qui les lettres sont adressées – personnage réel, fictif ? – un personnage tenu dans le secret de l’écriture au creux de cette « histoire » autre qu’une fiction « classique », du moins au début de son intrigue, de son récit, ou bien, personnage en cours de création au fil d’une écriture en train de créer « sa » propre fiction ?

Se souvenir des jours de fête, Christian Signol

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 27 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

Se souvenir des jours de fête, avril 2016, 368 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Christian Signol Edition: Albin Michel

 

Avec Se souvenir des jours de fête, Christian Signol signe un vrai roman populaire, accessible et soigné, et un vrai roman historique. L’auteur de sagas et de romans plus intimistes maîtrise les histoires, et quand il s’agit de narrer celle qui a pour matière le conflit 39/45 autour de personnages simples, ordinaires, ballottés par les événements dramatiques, le romancier trouve d’emblée le ton juste.

Quand Etienne se retrouve emporté loin de sa ville de Toulouse et de sa famille, sa mère Marie, sa femme Mélina, son fils Jean, le conflit est au maximum de son intensité : les actes de résistance à l’ennemi allemand se jouent aussi bien dans l’Allemagne ou la Pologne de la déportation qu’à Toulouse, dans les rangs des résistants de tous les jours, clandestins qui tentent par tous les moyens de tromper l’ennemi, de gagner du temps et d’assurer aux leurs une sécurité, que les circonstances rendent souvent improbable.

L’oragé, Douna Loup

Ecrit par Theo Ananissoh , le Jeudi, 23 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Mercure de France

L’oragé, août 2015, 222 pages, 17 € . Ecrivain(s): Douna Loup Edition: Mercure de France

 

La quatrième de couverture le résume on ne peut mieux : « La liberté absolument ».

« “C’est toi qui dois chausser le monde.

Pas l’inverse. Et ta poésie sera en partie cette façon unique, spécifique que tu auras de le chausser.

Sans ta liberté, ton regard

il n’y a que matière magnifique et porteuse, explosive, incohérence pure. Toi seul as la responsabilité de ta cohérence”.

Rabe écoutait les lettres d’Esther et ça le dépassait.

Il ne comprenait pas pleinement, mais il avait la capacité d’écouter. Alors il écoutait et ça entrait dedans ».

Camisole, Salomon de Izarra

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 22 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fantastique, Rivages

Camisole, janvier 2016, 107 pages, 16 € . Ecrivain(s): Salomon de Izarra Edition: Rivages

 

Edgar Griffith, expert comptable, reçoit mission d’enquêter sur les comptes d’un établissement d’internement de malades mentaux.

Accueilli par le directeur Oswald Barker, qu’il trouve d’emblée « professionnellement inquiétant », Edgar découvre un univers concentrationnaire angoissant dont les cloisons vont se refermer violemment sur lui à l’occasion d’un orage terrifiant qui détruit le circuit électrique de l’asile.

Les bâtiments à l’étrange architecture mouvante se trouvant eux-mêmes isolés dans une région à la nature hostile, l’action se déroulant dans un lieu clos d’où l’acteur principal ne peut a priori s’échapper, les personnages qui y sont pensionnaires ayant des comportements incohérents, agressifs, de plus en plus violents, l’orage qui fait rage, la nuit sans autre lumière que celle des éclairs : l’auteur met rapidement en œuvre les ingrédients classiques du récit fantastique dans la lignée de Poe, lui aussi prénommé Edgar (coïncidence ?).

L’ombre s’allonge, Jean-Paul Goux

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 21 Juin 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

L’ombre s’allonge, avril 2016, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Goux Edition: Actes Sud

 

C’est un ami et c’est un frère, c’est un si proche qu’on ne veut le voir partir. Il est là, dans son lit et on attend le verdict, sans savoir qu’il n’y en aura pas de positif. Ce qu’on croit alors c’est que s’il rouvre les yeux, tout sera comme avant. Mais jamais on ne pense qu’il en sera définitivement autrement. « Ce qu’on croyait être le pire et qu’on appelle la fin, quand le pire n’est pas encore concevable ». Pudeur et silence d’une écriture fine et douce, par la voix de ce couple d’amis Vincent et Clémence qui nous ramènent les souvenirs d’une amitié partagée avec cet être dont le portrait fragile illumine les pages par sa présence d’absent désormais à ce monde.

« Nous étions tous les trois ensemble le plus souvent, ou bien en tête-à-tête, et toujours revenaient ces moments qu’avec lui nous connaissions depuis toujours où nous habitait la certitude (le sentiment de cette certitude) qu’il n’y avait personne au monde avec qui nous puissions être aussi exactement nous-mêmes, avec qui nous puissions reconnaître intégralement comme nôtre la figure qu’il formait en s’adressant à nous. »