Lettres à l’inconnu(e) s’inscrit à point et lettres nommés dans la lignée éditoriale de Tinbad. En effet, cette toute jeune maison d’édition qui publie ici son cinquième roman et sera à la barre des Cahiers de Tinbad, accueille et donne toute latitude à la voix d’écrivains contemporains dont les recherches formelles sondent et font œuvre inclassable dans une Littérature au croisement de la poésie et du roman moderne, à l’instar d’Ulysse de James Joyce, ou des avant-gardes du XXe siècle (Futurisme, Dadaïsme, Surréalisme, Proust). Il s’agit de repartir de ces avant-gardes de création littéraire, non pas pour en remâcher les « reliques du savoir » (Laurence Sterne, in Tristram Shandy), mais pour en raconter l’histoire. Un violent « je » autobiographique sera recommandé et même essentiel, précise l’édito de Tinbad, ainsi ces Lettres à l’inconnu(e) dont le cap insolite trouble la navigation, à bord d’un texte épistolaire dont le/la destinataire reste inconnu(e) – du moins au début du voyage (ici d’hiver). Le narrateur déroule son histoire aux côtés d’une absente, dans un temps indéfini, l’inconnu(e) étant la non-nommée à qui les lettres sont adressées – personnage réel, fictif ? – un personnage tenu dans le secret de l’écriture au creux de cette « histoire » autre qu’une fiction « classique », du moins au début de son intrigue, de son récit, ou bien, personnage en cours de création au fil d’une écriture en train de créer « sa » propre fiction ?