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Recensions

Le Canyon, Benjamin Percy

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 04 Février 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Albin Michel

Le Canyon (The Wilding), 352 p. 22,90 € (2012) Traduit de l’américain par Renaud Morin . Ecrivain(s): Benjamin Percy Edition: Albin Michel


Une dernière fois avant la destruction. La réserve naturelle d’Echo Canyon va bientôt être rasée et céder la place à un vaste complexe immobilier, mêlant casino, golf et pavillons. Quelques jours avant que le paysage soit défiguré à jamais, Justin va y passer un week-end camping et chasse, en compagnie de son père, Paul, et de son fils d’une dizaine d’années, Graham.

« Un moment entre hommes ne peut nous faire que du bien. »

Mais le week-end ne s’annonce pas des plus tranquilles. Les hommes sont à cran. Depuis des années, la tension règne entre Justin et son père. Son père le considère toujours comme un gamin, il ne le trouve pas assez dur, pas assez homme, il veut toujours lui commander quoi faire à l’image de l’ours qu’il l’avait obligé à abattre alors qu’il n’avait que douze ans. Et maintenant adulte, le fils n’ose pas s’imposer et s’affirmer face à ce père qui prend toute la place. Lui qui n’a jamais été ce genre à emmener son fils à Disneyland quand il était enfant, mais plutôt à charger des fusils et de matériel de camping dans son pick-up pour l’emmener camper. Ce n’est que de cette manière qu’il pouvait devenir un homme, un vrai…

L'armoire des robes oubliées, Riikka Pulkkinen

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 03 Février 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Albin Michel

RiikaL’armoire des robes oubliées. 400 p. 20,90 € (2010) Traduit du finnois par Claire Saint-Germain . Ecrivain(s): Riikka Pulkkinen Edition: Albin Michel

« Je suis en train de pourrir. […] Ne me laisse pas putréfier, je veux rentrer à la maison », dit Elsa à son mari, Martti.

Elsa est atteinte d’une tumeur. Ses derniers jours, elle veut les passer auprès de ses proches et pas dans une chambre d’hôpital. C’est difficile pour elle d’adopter le rôle de malade. La psychologue qu’elle est avait en effet plutôt l’habitude de se consacrer à autrui.

Chaque membre de la famille avait un rôle dans les soins prodigués à Elsa.

Mattri, son mari, était peintre. Il a arrêté de peindre depuis des années, mais soudain il veut s’y remettre et réaliser un portrait de sa femme.

Eleanoora, leur fille, maigrit à l’annonce de la maladie de sa mère.

Le deux petites-filles, Anna et Maria, complètent le tableau familial.

Je la voulais lointaine, Gaston-Paul Effa

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 31 Janvier 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Actes Sud

Je la voulais lointaine, 01 février 2012, 134 p. 15,80 € . Ecrivain(s): Gaston-Paul Effa Edition: Actes Sud

L’histoire d’un déraciné. D’une coupure mal soignée, qui s’infecte, quelque chose qui, de bénin devient malin. Une double appartenance et, entre les deux : une faille, un monde gisant dans une réserve d’images et de souvenirs, un magma dans le fond du cœur, de l’âme.

Le jeune Obama - ce qui en langage fang veut dire « aigle » - quitte adolescent sa tribu du fond de l’Afrique pour suivre des études littéraires à Strasbourg. Juste avant son départ préparé, accepté, voulu par les siens, Elé le féticheur qui est aussi son grand-père, lui confie son sac, le désignant ainsi comme son successeur. Le jeune garçon enterre le sac compromettant au pied d’un oranger, et le lendemain Elé (qui veut dire « arbre ») meurt.

Obama vit sa vie en France, à Strasbourg où ses brillantes études le conduisent à enseigner la philo. Il rencontre Julia « (…) une Blanche, une blonde aux yeux bleus » (p. 45) dont il partage un temps la vie. L’Afrique, il la tient à distance, repousse cette ébullition qu’il sent pourtant monter en lui « L’Afrique était derrière moi, je la voulais lointaine » (p.42). Il vit par les mots, parlant comme bien souvent les étrangers francophones, un français qu’il défend contre les intrusions incongrues

Le Messie du peuple chauve, Augustin Guilbert-Billetdoux

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 29 Janvier 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Le Messie du peuple chauve, janvier 2012, 246 p. 18 € . Ecrivain(s): Augustin Guilbert-Billetdoux Edition: Gallimard

Ça commence bien, très bien même. Le livre est à la hauteur de son titre qui promet un programme réjouissant. Le ton est drôle et décalé, l’humour fait mouche, avec une énergie débridée. On se dit qu’avec Augustin Guilbert-Billetdoux, dont Le Messie du peuple chauve est le premier roman, on tient une vraie bonne plume.

Quelle bonne idée que de mettre en scène un jeune homme de vingt six-ans, Bastien Bentejac, qui découvre qu’il est frappé « d’alopécie androgénogénétique aiguë, accompagnée d’un léger effluvium télogène ». Autrement dit, il sera bientôt chauve. Et c’est une catastrophe pour lui.

« Les jeunes chauves entrent dans un monde parallèle. Ils ont l’apparence des vivants, sourient comme des vivants. Alors on les croit vivants. Seulement, à l’intérieur, quelque chose est brisé. Ils n’ont plus envie. Le rayonnement faiblit progressivement, puis finit par s’éteindre, comme le Soleil dans quelques milliards d’années. Pour eux, c’est plus rapide ».

La calvitie peut, à la limite, convenir aux hommes costauds, mais avec son physique de gringalet, Bastien va plutôt ressembler à un déporté ou à un cancéreux. Il peut dire adieu à toute vie sentimentale, mais aussi à toute vie sociale tout court.

Sonny Liston était mon ami (Sonny Liston Was a Friend of Mine), Thom Jones (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Samedi, 28 Janvier 2012. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Nouvelles, Albin Michel

Sonny Liston était mon ami (nouvelles). Terres d’Amérique, Albin Michel. 386 p. 24 € . Ecrivain(s): Thom Jones Edition: Albin Michel


Douze. Douze nouvelles. Comme les douze rounds d’un match de boxe. Et vous ne sortirez pas du ring de la lecture de ce livre en meilleur état qu’un pugiliste ! En fait, le gong vous aura sauvé douze fois du KO absolu !

Thom Jones vient s’inscrire, à cette lecture choc, dans votre paysage littéraire, comme un nouvelliste majeur, dans la grande tradition américaine, celle des London, des Carver. Il renforce encore notre émerveillement devant cette fabuleuse richesse que les USA possèdent dans un genre pourtant si exigeant, si difficile.

Le titre du livre en fait est celui de la première nouvelle. La seule réellement boxistique. Celle où Sonny Liston – flesh and bones – fait une apparition à la fois fantomatique et merveilleuse. Celle où le lecteur est saisi par le style décapant de Jones, fait d’humour de la rue, de grossièreté des salles d’entrainement, et de tendresse vibrante envers les cabossés de la vie.