Identification

Poésie

Dans les roues, Bruno Fern (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Février 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Louise Bottu

Dans les roues, novembre 2020, 66 pages, 8 € . Ecrivain(s): Bruno Fern Edition: Editions Louise Bottu

 

Possibles et impossibles de l’écriture

Ce qu’aborde ce court recueil de Bruno Fern, tient à une question centrale de la poétique contemporaine. Elle consiste à mettre en crise la représentation du réel. Ou plutôt, cherche à déterminer comment la réalité entre dans l’expression littéraire. Ainsi, une littérature qui pourrait se pencher vers une forme hermétique, qui même si elle n’abolit pas dans son ensemble les principes de certaines écoles, questionne ce qui lui fait son support matériel, cette littérature donc, cherche une place de la chose dite dans le dit, un dit sujet au soupçon dorénavant.

Pour le cas présent, ce texte s’appuie non pas sur une réalité, fût-elle celle d’une course cycliste, mais sur une déambulation au sein du langage lui-même, ce qui pousse l’activité de la bicyclette vers une simple ossature nerveuse. Désormais, avec le bris, l’à-coup, le choc de la coupure, une espèce de caviardage, des ruptures au milieu des strophes, nous allons dans la périphérie, le terrain vague, la banlieue de la littérature savante, là où la prosodie de l’auteur se refuse à la poétisation, à l’effet de discours.

Marie-Lou-Le-Monde, Marie Testu (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 03 Février 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Tripode

Marie-Lou-Le-Monde, Marie Testu, février 2021, 120 pages, 13 € Edition: Le Tripode

Une pastourelle

Marie Testu, née en 1992, agrégée de philosophie, a rédigé un mémoire « sur le désir et la perception dans la philosophie de Maurice Merleau-Ponty ». Marie-Lou-le-monde est son premier texte littéraire. Le titre, un prénom composé assez rare, Marie-Lou, possède une double origine, issue de l’hébreu mar-yâm (aimée) se transformant en Myriam, et Lou, diminutif de Louise (hold et wig, pouvant signifier illustre et combattant). Ce livre, dont la couverture a été illustrée par Maïté Grandjouan – une forêt sombre, buissonneuse, se découpant sur un ciel fulgurant, en feu –, émeut à cause du relent sucré et doux-amer du surgissement de l’adolescence.

De suite, l’on fonce tête baissée, les sens en appétit, vers « Marie-Lou » qui « fait disjoncter » [parce] « Que c’était elle et qu’elle était tout ». Marie-Lou, c’est une naïade, c’est possiblement l’Atalante de la version béotienne, celle qui court devant ses prétendants ; ici, une athlète moderne. Et une Aphrodite complice lui emboîte la course dans la vieille cité romaine d’Aix. Comme dans les mythes, une jeune fille idéale, à la longue chevelure, est redescendue du jardin des Hespérides afin d’hypnotiser une lycéenne. Marie-Lou devient la femme-monde à l’orée du désir, de l’éros liminaire au féminin, caméléone tantôt noire, tantôt blanche, même bleue.

Mirlitontaines et chansons oubliées, Marcel Amont (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 02 Février 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Mirlitontaines et chansons oubliées, Marcel Amont, Les éditions du Mont-Ailé, janvier 2021, 80 pages, 15 €

 

La première de couverture précise que cet ouvrage de la Collection « Poésie et chanson (presque) en poche », dirigée par Matthias Vincenot, nous offre ici des « Raretés et inédits illustrés par des dessins de l’auteur ». L’objectif du communiqué de presse s’exprime avec vigueur en quelques mots clairs : « Les temps que nous traversons nous pressent à accueillir cette fantaisie qui colore le cœur ! ». Cet ouvrage – orchestré par « un amuseur, un fantaisiste » comme il se définit lui-même : Marcel Amont – familier de Boris Vian, Charles Aznavour, Georges Brassens, apprécié d’auteurs-compositeurs comme Alain Souchon, Francis Cabrel, Maxime Le Forestier – réussit à réveiller le merveilleux, parvient à laisser monter l’enchantement au cœur de l’anodin, comme ce voyage à Babylone en plein cœur d’ici :

Rêver réel, Claudine Bohi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 28 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Rêver réel, Claudine Bohi, éditions La Tête A L’envers, octobre 2020, 108 pages, 18 €

Un chercheur, Cyril Szopa, une poète et un peintre forment le trio de ce livre étonnant : quête de l’espace, de l’humain, de l’intersidéral, dans un « rêve » de mots qui puisse rendre compte en poésie de ce que tout un chacun poursuit, ce « lointain », si proche, si rêvé, si inaccessible, et pourtant, les recherches sur les distances spatiales, sur Mars, n’ont jamais été aussi loin.

On le sait, de longtemps, que le poète conquiert un certain espace, singulier, tissé de mystère et de personnalité.

On n’imaginait pas qu’on puisse rêver de Mars, et que le ciel, si souvent omis, nourrisse autant d’images et de songes :

 

lever les yeux vers le ciel

en ramener tout le bleu

sans rien toucher

que sa propre main

(p.76)

C’est une affaire d’étranglement, Sébastien de Monbrison (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 27 Janvier 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

C’est une affaire d’étranglement, Sébastien de Monbrison, Editions Minces, novembre 2020, 45 pages, 5,04 €

Dans une voiture, quelque part, un conducteur accompagné d’un passager, invoque en farsi le grand poète persan, Hafez de Shiraz, celui « qui connaît tous les secrets ». Ainsi commence le court métrage de Sébastien Monbrison, qui conduit Yashar, exilé iranien, vers l’Europe. Comme si pour le réalisateur de cinéma, la poésie était un commencement à tout.

Le petit recueil, daté de 2011, C’est une affaire d’étranglement, constitue un vagabondage en poésie, celui peut-être du poète ou de quiconque à la première personne, qui dit le monde, à sa manière. Le cinéaste et le poète, de toute façon sont frères en images. Le livre recueille (une bien belle expression qui dit l’ouverture à l’autre et le soin qu’il faut lui porter) petites photographies en noir et blanc, ombreuses, lointaines et une trentaine de poèmes ; texte qui s’ouvre sur la répétition presque dangereuse du titre, de la première de couverture au premier vers du premier poème. L’étranglement d’un meurtre ?