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Poésie

A l’ordre de l’oubli, Jean-Louis Bernard (par André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 15 Avril 2019. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

A l’ordre de l’oubli, éd. Alcyone, coll. Surya, 2016, 72 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Bernard

 

« D’où vient qu’au souvenir son souvenir s’oublie ? »

Jean de Sponde, Sonnets de la mort, I, 8

 

Le titre du recueil de Jean-Louis Bernard sonne comme un programme ou un projet, peut-être comme une profession de foi. Ouverture apparemment paradoxale pour un recueil placé sous le signe de l’oubli, le premier poème est consacré à la mémoire, qui constitue à première vue son exact opposé. Mais il s’agit d’une mémoire à double face, qui à la fois fait jaillir les étincelles du souvenir à la manière d’un silex frotté et renaît sans cesse dans ses méandres et ses floraisons, à l’image de la glycine. Si elle peut renfermer en son sein, parce qu’elle manifeste parfois un repli sur soi, de la solitude, suspendue telle une menace diffuse, est-elle capable en revanche, questionne Jean-Louis Bernard, de conserver trace de l’oubli ? Autrement dit, comme le formulent les deux derniers vers du poème, « se souviendra-t-on / d’avoir oublié » ?

Poèmes en prose, et autres poèmes inédits, Ivan Tourgueniev (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 08 Avril 2019. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Editions Maurice Nadeau

Poèmes en prose, et autres poèmes inédits, novembre 2018, trad. russe Christian Mouze, 150 pages, 22 € . Ecrivain(s): Ivan Tourgueniev Edition: Editions Maurice Nadeau

Un beau livre aux pages de belle texture d’avorio 90g sous couverture cartonnée : on ne pouvait guère faire moins pour cette traduction française originale des Poèmes en prose et autres poèmes inédits d’Ivan Tourgueniev, considéré comme « le plus français des poètes russes ».

Il s’agit de courts textes qui, pour la plupart, consistent en la saisie sur le vif d’un élément naturel, ou en l’attrapage au vol d’une pensée de passage, ou en la capture d’une scène anodine, à partir de quoi l’auteur développe un point de vue ou confie une émotion, un sentiment, un aveu, une vision, une hypothèse, une interrogation. Sauf quelques très rares exceptions de pièces versifiées, ces morceaux de ce qui s’apparente à d’ultimes propos ante mortem, pour certains quasiment testamentaires, sont donc écrits en prose.

Le dernier texte du volume, plus long, appartient spécifiquement au genre du récit. Intitulé La Caille, il met en scène un souvenir d’enfance de Tourgueniev ayant pour action une partie de chasse avec son père, au cours de laquelle se produit un événement qui lui fait perdre définitivement le goût de chasser.

Assommons les poètes !, Sophie G. Lucas (par Sylvie Zobda)

Ecrit par Sylvie Zobda , le Lundi, 08 Avril 2019. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, La Contre Allée

Assommons les poètes !, mars 2018, 156 pages, 10 € Edition: La Contre Allée

 

Sophie G. Lucas convoque dès le titre de son dernier recueil de poésie les plus grands. Comme Baudelaire et son Assommons les pauvres !, elle rappelle que vivre de l’écriture poétique relève du combat, le paysage littéraire laissant peu de place à ce genre. « Ecrire de la poésie de nos jours est une forme de résistance ». Le livre est un témoignage. Un Témoin (pour reprendre le titre de son précédent ouvrage édité lui aussi à La Contre Allée en 2016) de sa vie de poète.

Quatre temps organisent l’ensemble :

* Dans Ecrire, Faire écrire, elle évoque son quotidien, chez elle ou lors des ateliers d’écriture en milieu scolaire ou carcéral. La bataille de la reconnaissance, de la transmission bat son plein. Rien n’est jamais acquis. Pourtant, elle ne désespère pas.

« De petits cailloux ont été semés derrière moi. Je retrouverai mon chemin. Je reviens dans quelques mois. Semer encore quelques cailloux » (Je suis cet homme).

Je connais des îles lointaines, Louis Brauquier (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 08 Avril 2019. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Je connais des îles lointaines, mai 2018, 576 pages, 10,50 € . Ecrivain(s): Louis Brauquier Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Voici les « poésies complètes » d’un fou de Marseille et des voyages, explorateur né des contrées, son travail dans les Messageries Maritimes lui fait humer la mer et les lointains comme personne, à la fois en expert, en poète, en sensuel ouvert à l’autre monde (« la nuit de l’Amérique » ou « le vent d’Egypte (qui) sent le sable »). Mais il n’a pas négligé son port d’attache, sa ville phocéenne, dont il illustre l’âme, les quais, les places, avec ce pointillisme aigu des « souvenirs/ qu’une montée de crépuscule » avive ; et parfois, dans l’odeur d’un café, il fait bon s’arrêter : « asseyons-nous… pour reposer vos yeux/ Je veux que vous tourniez vers l’ombre votre tête ;/ Nous boirons des anis ruisselants et joyeux » (p.129).

Fidèle aux normes classiques, à la prosodie, ouvert à d’autres formes non rimées, comme il l’est assez facilement aux sollicitations du monde : « goût de forêt vierge », « l’insolite a crié pendant la méridienne », ou encore cet amoureux des rencontres renouvelées avec un passé enfui : « Rencontré Guastalla dans la rue Paradis/ où le temps du lycée et plus d’un demi-siècle ?/ Jeune, il avait un doux visage de marrane » (p.432).

Deux poètes au Castor Astral - Eric Poindron et CharlElie Couture (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 05 Avril 2019. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Comment vivre en poète, 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, Eric Poindron, Le Castor Astral, coll. Curiosa & Cætera, février 2019, 128 pages, 15 €

 

La Mécanique du ciel, 50 poèmes inchantables, CharlElie Couture, Le Castor Astral, coll. Curiosa & Cætera, février 2019, 272 pages, 18 €

 

« Celui qui vit en poète, c’est celui qui fait, qui dit, qui lit, qui luit. Qui pille puis éparpille » (Eric Poindron, Quelques réponses sans questions avant les questions sans réponses).

« Et ils mettent le feu / En jouant free du Jazz / Oh Jazz ! Eternel Jazz viral et revival, / Comme des flèches d’énergie virile » (CharlElie Couture, Down Town Manhattan).