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Les Livres

La légende de Loosewood Island, Alexi Zentner

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 08 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Jean-Claude Lattès, La rentrée littéraire, Canada anglophone

La légende de Loosewood Island, traduit de l’anglais par Marie-Hélène Dumas, août 2014, 320 p. 22,00 € . Ecrivain(s): Alexi Zentner Edition: Jean-Claude Lattès

 

Les livres d’Alexi Zentner, écrivain américano-canadien, se définissent, selon les propres termes de l’auteur, comme des romans s’inscrivant dans un Mythical realism par opposition au réalisme magique latino-américain dont Julio Cortázar ou Gabriel García Márquez sont les plus brillants représentants. Dans La légende de Loosewood Island, l’auteur invente donc et une île imaginaire au large des côtes du Maine revendiquée à la fois par les États-Unis et le Canada, et la légende attachée au premier occupant de cette île, un certain Brumfitt Kings, débarqué d’Irlande en 1720 dans ce coin au milieu de nulle part, peintre au talent reconnu dans le monde entier et pêcheur de homards.

La légende (et non le mythe) trouve son origine dans le journal tenu par Brumfitt, où celui-ci relate la merveilleuse apparition d’une femme offerte en cadeau par la mer, étrange créature, « habillée d’une robe faite de corail et de coquilles d’huîtres, avec un collier de perles ». Sa future épouse « apportait en dot les richesses de l’océan, mais le prix que toutes les générations de Kings auraient à payer, l’une après l’autre, était celui-ci : un fils ».

Goat Mountain, David Vann

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 08 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister, La rentrée littéraire

Goat Mountain, traduit de l’anglais (USA) par Laura Derajinski, septembre 2014, 256 pages, 23 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

« Et s’il était impossible de contenter dieu ? »

David Vann est né en 1966 sur l’île Adak, en Alaska, il est également passionné par les océans et la navigation. Il est l’auteur de Sukkwan Island (prix Médicis étranger 2010), Désolations et Impurs. Goat Mountain (éditions Gallmeister) est son quatrième roman.

« Ce roman est un retour au matériau de la première nouvelle que j’ai écrite, il y a de cela plus de 25 ans. Ce roman consume les derniers éléments qui, à l’origine, m’ont poussé à écrire : les récits sur ma famille et sa violence. Il revient également sur mes ancêtres cherokees, et leurs interrogations lorsqu’ils furent mis face à l’idée de Jésus », déclare David Vann.

Soutenu par une prose poétique de l’intériorité, l’ombre obsédante des instincts de l’avant, des temps premiers de l’Ancien Testament. La terre, la poussière, le sang, le soleil en sont les axes d’une croix qui découlent de l’éternité. Les croyances universelles se conjuguent aux résonnances de l’irréparable, à la tragédie de la survie, à la mort qui nous façonne :

Constellation, Adrien Bosc

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Stock, La rentrée littéraire

Constellation, Août 2014, 18 € . Ecrivain(s): Adrien Bosc Edition: Stock

« L’ « Avion des stars » ne fait ce soir pas injure à son surnom : à côté du « Bombardier marocain », la virtuose Ginette Neveu, elle aussi, part à la conquête de l’Amérique. Pour France-Soir, une série de photos s’improvise dans le hall. Sur le premier cliché, Jean Neveu au centre, amusé, regarde sa sœur, Marcel tient dans ses mains le Stradivarius et Ginette, tout sourire, l’observe. Puis Jo remplace Jean et de son œil d’expert compare la petite main de la violoniste à la puissante poigne du boxeur. »

 

Il y a d’abord une date, le 27 octobre 1949, un avion, le Constellation, son train démesuré lui donne l’allure singulière d’un échassier, un équipage et son commandant Jean de La Noüe, des passagers, Cerdan et Jo Longman, lunettes noires, cheveux graissés au Pento, Ginette Neveu et ses deux violons, une constellation vibrante qui s’embarque. A la tristesse du départ, à la nostalgie de la vallée laisse place le parfum de la belle aventure, et un écrivain qui lit dans les lignes du ciel. Il y a le décollage, le survol de la mer et des vies,  et la chute, cette perte de repères. Constellation disparaît, et avec lui : « Quarante-huit personnes, autant d’agents d’incertitudes englobées dans une série de raisons improbables, le destin est toujours une affaire de point de vue. »

La sage-femme, Katja Kettu

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Actes Sud

La sage-femme, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, mars 2014, 432 pages, 23,50 € (disponible en format epub et pdf numérique, 17,99 €) . Ecrivain(s): Katja Kettu Edition: Actes Sud

 

Une femme dans la guerre


Le roman de Katja Kettu évoque une période méconnue de l’Histoire de la Finlande pendant la seconde guerre mondiale. En effet, l’intrigue se déroule durant la « guerre de Laponie ». C’est une appellation donnée par les historiens pour évoquer cette période singulière et dramatique. La préface du traducteur qui ouvre le roman mérite qu’on s’y attarde car elle trace les grandes lignes de cette guerre afin de permettre au lecteur de mieux suivre le récit et d’apprécier la trame romanesque ainsi que les motivations des personnages :

« Les Allemands refusant d’évacuer la région, les Finlandais doivent se lancer dans un troisième conflit, la “guerre de Laponie”, qui les oppose au IIIe Reich entre septembre 1944 et avril 1945. La Wehrmacht se rabat d’abord sur la Finlande du Nord dans le cadre de l’Opération Birke (“bouleau”), avec pour objectif principal de protéger les mines de nickel du Petsamo ».

Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?, António Lobo Antunes

Ecrit par Frédéric Aribit , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, Christian Bourgois

Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?, traduit du portugais par Dominique Nédellec, avril 2014, 428 p. 23 € . Ecrivain(s): Antonio Lobo Antunes Edition: Christian Bourgois

Descendons dans la rue. Marchons sur Stockholm. Munissons-nous d’œufs, de tomates, de tous les projectiles qu’on voudra. Faisons signer des pétitions. Organisons des sit-in en scandant son nom. Bloquons la circulation pour lire d’une traite ses œuvres complètes à voix haute. Montrons nos seins devant l’ambassade de Suède. António Lobo Antunes mérite au moins le Nobel.

On a connu des manifs pour moins que ça. Le Ricard à 2 euros, la prolongation de la période de pêche du brochet maillé, la confrérie du Malabar fermier aux bons colorants d’autrefois, les fêtes d’Uhart-Cize en rouge et blanc… António Lobo Antunes mérite au moins le Nobel.

Il en fera ce qu’il voudra. Distribuera l’argent à ses anciens patients au service psychiatrique de l’hôpital Miguel Bombarda de Lisbonne, aux traumatisés de la guerre d’Angola où il a servi en tant que médecin. Le refusera au besoin, comme Pasternak qui craignait en 1958 les foudres des autorités soviétiques, comme Sartre en 1964, qui le trouvait trop bourgeois, trop occidental, trop institutionnel, avant d’en réclamer dit-on le montant onze ans plus tard.