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La Ferveur de Vivre (Nous, Visitandines)

Ecrit par Matthieu Gosztola 29.06.15 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

La Ferveur de Vivre : Nous, visitandines, quatre siècles de présence à Moulins et Nevers, Dir. Gérard Picaud, Coédition musée de la Visitation, Moulins Somogy éditions d’Art, 29 avril 2015, 336 pages, 320 illustrations, 42,00 €, 24,6 x 28 cm

La Ferveur de Vivre (Nous, Visitandines)

 

 

Depuis quatre cents ans, des femmes veillent sur la ville de Moulins, capitale du duché de Bourbonnais. Ces femmes, membres de l’ordre de la Visitation, sont un point de rencontre essentiel entre deux mondes : celui de la vie cachée et celui de la vie mondaine.

Cette ferveur de vivre s’exprime dans la beauté des œuvres présentées, manifestation vivante d’un patrimoine frère de la beauté et du trouble que donne au paysage le brouillard lorsqu’il est apprivoisé par la vibration de la lumière, comme en témoignent, ici, et là, les pièces dévoilées pour la première fois au public.

Ici : en ce bel ouvrage.

Et là : reste au lecteur à faire le chemin jusqu’à l’exposition Nous, Visitandines de Moulins (1), une fois ce livre ramené près du cœur, et des yeux qui font et parler, loin de la folie du bruit, et murmurer, loin de la cacophonie ambiante, le cœur, en lui permettant de retrouver la paix que la fleur (gardée près de soi, en un vase (2) donne au silence que l’on tient contre soi. Le silence : couverture en satin brodé d’or ; cet or des chemins poussiéreux qui vont jusqu’à l’horizon, lorsqu’ils sont tutoyés avec déférence depuis le trot d’un cheval.

Citons deux fruits, pour ce qui est de ce patrimoine.

L’un des fruits de l’année 1895 : en 1894, la Mère de Devise, alors supérieure de Moulins, confie à son ancienne élève Anne d’Aiglepierre qu’il manque un beau ciboire pour les grandes fêtes. L’année suivante, un calice de Poussielgue-Rusand, identifié dans l’Inventaire général du monastère en 1922 sous le nom « calice en vermeil avec pierres et émaux », porte huit médaillons peints figurant les mystères joyeux sur la coupe et les mystères douloureux sur le pied. Le nœud, quant à lui, accueille une statuette de Saint Louis en argent.

L’un des fruits de l’année 1918 : l’Orfrois d’un pluvial, peinture sur soie de Sœur Marie-Antoinette de Hédouville.

1895. 1918. Une autre date m’arrête, alors même que Venise, sans raison apparente, se fait un chemin en ma pensée, me redonnant en songerie son ciel ne se distinguant pas d’avec la mer, me redonnant son corps de ville où « la réalité la plus solide, fondée sur l’eau, semble toujours près de se défaire et de se dissoudre, tremblant d’un froid léger et vivifiant – le même tremblement qui traduit, à l’autre bout du spectre, la chaleur de midi – avant de se disperser dans un poudroiement d’argent », ainsi que le note Patrick Mauriès.

1953.

En avril 1953, la supérieure fait remplacer la cloison de planches qui terminait provisoirement, depuis 1935, la partie inachevée du monastère – où devait s’amorcer le chœur – par un mur de briques. Pouvant résister aux tempêtes. Cette construction fait don d’une nouvelle pièce à l’immensité simple de la vie commune : elle pourra servir de chapitre. Depuis plusieurs mois, sœurs Marie-Françoise Chambon et Marie-Andrée Vallot peignent les mystères du rosaire sur quinze bannières demandées par l’abbé Bonnard, curé de Beaumont-Sardolles. Ces bannières font leur apparition en juillet dans une cérémonie mariale à Beaumont-Sardolles, après avoir été exposées à Saint-Gildard.

 

Matthieu Gosztola

 

(1) Cette exposition est présentée au musée de la Visitation, à Moulins, du 2 mai au 24 décembre 2015.

(2) … pour que sa mort – on a pris soin de la cueillir juste avant – ne soit pas seule...

 

Gérard Picaud est fondateur administrateur des collections du Musée de la Visitation de Moulins et Jean Foisselon, vice-président du Musée de la Visitation de Moulins, et historien de l’Ordre des Visitandines.

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A propos du rédacteur

Matthieu Gosztola

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Rédacteur

Membre du comité de rédaction

 

Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Une vingtaine d’ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l’agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l’Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d’aphorismes, des proses, des essais. Par ailleurs, il a publié des articles et critiques dans les revues et sites Internet suivants : Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Europe, Histoires Littéraires, L’Étoile-Absinthe, La Cause littéraire, La Licorne, La Main millénaire, La Vie littéraire, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, Poezibao, Recours au poème, remue.net, Terre à Ciel, Tutti magazine.

Pianiste de formation, photographe de l’infime, universitaire, spécialiste de la fin-de-siècle, il participe à des colloques internationaux et donne des lectures de poèmes en France et à l’étranger.

Site Internet : http://www.matthieugosztola.com