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Les Livres

Effondrement, Alain Fleischer

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 12 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

Effondrement, août 2015, 304 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Alain Fleischer Edition: Le Cherche-Midi

 

« Depuis quelques années, mon père n’a cessé d’accumuler des cochonneries qu’il a toujours appelées de l’art contemporain, des œuvres et de prétendus chefs-d’œuvre de l’art contemporain, acquis à grand frais, des choses d’une laideur indescriptible, d’une gratuité, d’une futilité et d’une inutilité absolues… »

Effondrement est un roman de l’héritage, du deuil, du doute, de la colère, de la passion, de l’amour, de la fuite, de la disparition, de la chute et de la renaissance. Effondrement est le roman de Simon Pinkas, jeune et très doué pianiste, qui apprend la disparition de son père, riche collectionneur d’art contemporain, et cet héritage inattendu et inacceptable va faire flamber le roman. Héritage de cochonneries dont les prix ont été abusivement gonflés par les manœuvres des marchands internationaux, collection d’exception que Simon Pinkas va annoncer vouloir se défaire au plus vite – elle lui brûle l’âme et le cœur – lors d’une vente aux enchères au profit d’associations et d’organismes caritatifs. Décision scandaleuse pour le mundillo de l’art contemporain, qui voit se dessiner son effondrement – Les professionnels soulignent que le marché de l’art est aujourd’hui un secteur vital de l’activité économique et bancaire. Ils réclament aux pouvoirs publics une interdiction de la vente de la collection Maleterre – et fera tout pour s’y opposer.

Rouge Paris, Maureen Gibbon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 12 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Christian Bourgois

Rouge Paris, octobre 2014, traduit de l’Américain par Cécile Deniard, 280 pages, 20 € . Ecrivain(s): Maureen Gibbon Edition: Christian Bourgois

 

L’auteure affiche en exergue : Il ne suffit pas d’être exact pour être juste (Shirley Hazzard). Rien ne peut en effet mieux correspondre à son livre, donnant une ouverture – une fenêtre – d’une rare pertinence sur le milieu des artistes peintres français à la fin du XIXème siècle. Et ce roman/récit, de s’inscrire de ce fait dans l’originalité et le décrire-vrai qui séduit et marque le lecteur, bien autant qu’une page d’Histoire.

Paris – les quartiers des ateliers des peintres pas toujours riches ; ceux des chambrettes sans confort des modèles – petites ouvrières, en quête de bouclage de fin de mois. Un peintre qu’on connaît tous : Edouard Manet ; une jeune femme qu’on connaît moins : Victorine Meurent, qui fut son principal modèle et bien davantage. Sujet au demeurant intéressant, classique, informatif ; documentaire alléchant sur ces faces B des chefs d’œuvre… si cela avait été traité à « la traditionnelle ». Mais, à la Maureen Gibbon, c’est tellement autre chose !

Nomade, Aurélie Gaillot

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 12 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Numeriklivres

Nomade, 106 pages, 3,49 € . Ecrivain(s): Aurélie Gaillot Edition: Numeriklivres

 

Avec Nomade, Aurélie Gaillot, qui signe son deuxième roman publié chez Numériklivres, nous entraîne cette fois dans le road-movie de deux adolescents aux prises avec la vie, et nous offre un récit sans concession dans une écriture au plus près du réel et débarrassée de fioritures, une langue foisonnante, proche d’une oralité très maîtrisée.

Tout comme Lilou dans A la vie, à la mort (son premier roman), les personnages de Nomade sont des écorchés vifs, des jeunes à la dérive, confrontés à eux-mêmes dans un monde cruel, loin de parents, eux aussi, pris dans une misère affective et sociale et une difficulté à voir la ligne d’horizon.

L’histoire d’amitié que tisse Nomade est forte, pleine d’émotions et de poésie, dans un style qui frappe, cogne comme les poings de Mathias, le jeune narrateur, comme sa colère, comme ses mots à lui, percutants, violents, directs.

Orféo, Richard Powers

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 11 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

Orféo, août 2015, traduit de l’américain par Jean-Yves Pellegrin, 426 pages, 22 € . Ecrivain(s): Richard Powers Edition: Le Cherche-Midi

 

Le temps où nous composions...

Dans une tranquille petite ville américaine, un vieil homme, Peter Als, compositeur et passionné de musique classique profite de sa retraite pour s’adonner à sa passion préférée : la chimie et l’étude des structures de l’ADN. Cet intérêt a tout à voir avec la musique car la chimie est pour Peter une partition de musique. L’étudier c’est déchiffrer les notes secrètes et mélodieuses de l’atome. Cependant, des événements tragiques extérieurs vont faire irruption dans la vie solitaire et tranquille du septuagénaire. Soupçonné d’actes terroristes, Peter Als devient la proie du gouvernement fédéral. Il est traqué. Face au désarroi et aussi à l’incompréhension de son monde devenu ultra sécuritaire, il fuit et commence alors un voyage à travers l’Amérique…

Orfeo renoue avec les thèmes de prédilection de Richard Powers. En effet, l’auteur a toujours souligné son intérêt pour la science et la musique. Il met en exergue l’impact de ces domaines dans la vie et les agissements de ces personnages. Ainsi, nous a-t-il donné par le passé de magnifiques romans tels que La chambre aux échos et Le temps où nous chantions. Il ne cesse de suivre la trajectoire individuelle de ses protagonistes et de leurs choix pris dans les tourments de la vie.

Les partisans, Aharon Appelfeld (2ème article)

Ecrit par Anne Morin , le Vendredi, 11 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil), Israël

Les partisans, mai 2015, trad. de l’hébreu par Valérie Zenatti, 319 pages, 22 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Au début, ils sont une poignée d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, unis par un destin commun : résister. Venus de tous horizons politiques et sociaux, réchappés qui du ghetto, qui d’une rafle, qui du quai d’un train de la mort : « Pourtant, Kamil et Félix réussirent à organiser l’évasion de quelques personnes qui étaient dans des brigades de travail, et d’autres qui étaient déjà sur le quai de la gare. Moi aussi, par chance ou par miracle, je les ai rencontrés » (p.16). Rattachés à la vie par la foi en Dieu, en l’homme, en l’esprit : « Quand l’un de nous est submergé par la mélancolie, nous l’entourons avec délicatesse et essayant de parler à son cœur. Parfois un mot juste lui redonne vie, mais la plupart du temps les mots n’ont pas le pouvoir de l’arracher au piège dans lequel il est pris » (p.34). Des êtres détournés de leur vie pour incarner un autre destin, des êtres que la vie communautaire rend différents. Ils endossent alors le rôle qui leur est échu, distribué par les circonstances : Kamil, promis à une brillante carrière d’architecte prend naturellement le commandement du groupe. Non religieux mais spirituel, il prononce parfois des paroles qui le dépassent.