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Les Livres

La Guerre des Mouches, Jacques Spitz

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Roman

La Guerre des Mouches. Petite bibliothèque Ombres. 151 p. . Ecrivain(s): Jacques Spitz

 

Un jour les mouches. Jacques Spitz a écrit ce chef-d’œuvre de la Science-Fiction en 1938 et, malheureusement, après une brève notoriété dans les années 70, ce livre est retombé dans un relatif oubli. La seule édition qui existe encore, celle dont je vous parle (Petite Bibliothèque Ombres), date de 1997 et devient rare.

Et pourtant, quel roman parfait ! Pétillant d’humour et d’intelligence sur un scénario passionnant.

Tout commence au Vietnam pour Juste-Evariste Magne, jeune chercheur en entomologie, spécialiste des mouches Rue Cujas, dans le laboratoire du Pr Carnassier. Des faits troublants ont été signalés dans ce pays : une invasion de mouches, porteuses de typhus, inquiète les autorités. Du Vietnam au … monde entier, la menace va s’étendre et devenir une guerre pour la survie de l’espèce humaine. Spitz, avec un talent de narrateur remarquable, va nous mener de l’horreur au sourire et à l’horreur encore.

Scipion, Pablo Casacuberta (2ème article)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 17 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Métailié

Scipion (Escipión), janvier 2015, traduit de l’espagnol (Uruguay) par François Gaudry, 264 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pablo Casacuberta Edition: Métailié

 

Ne vous fiez pas à la couverture qui pourrait laisser supposer un roman noir. S’il y a bien de la noirceur dans ce Scipion, ce n’est pas celle propre au genre. Scipion, c’est l’histoire d’un fils qui s’est toujours senti rejeté, presque méprisé par un père encensé, lui, par les milieux intellectuels. Un père auquel il s’est opposé, auquel il a tenté d’échapper mais qui va irrésistiblement l’attirer à lui par-delà la mort. Un fils que son père historien, admiré pour son œuvre concernant la Rome antique, a prénommé Aníbal ! Aníbal, en référence directe à ce général qui mena ses éléphants à travers les Alpes. Un père prestigieux, honoré, reconnu, le Professeur Brener, qui veut faire son fils à son image. Qui attend de lui de grandes choses, mais seulement celles que lui-même attend. Avec un tel père, l’issue est prévisible : opposition, refus, rejet, rupture… Voilà plusieurs mois que le père est décédé. C’est par hasard que le fils l’a su, et il n’a accès à rien sur l’héritage, uniquement géré par sa sœur. Jusqu’au jour où… la maison paternelle où on lui concède un bref accès… trois boîtes comme seul héritage… un livre incontournable… et une note manuscrite, adressée du père au fils… et le monde d’Aníbal bascule.

Les Maîtres du printemps, Isabelle Stibbe

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 16 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Serge Safran éditeur

Les Maîtres du printemps, août 2015, 181 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Isabelle Stibbe Edition: Serge Safran éditeur

 

Les Maîtres du printemps est un roman choral, articulé à partir de trois personnages principaux, dont les vies vont s’entrechoquer, se répondre, se faire écho.

Le premier acteur, Pierre Artigas, est métallurgiste à Aublange, localité de Moselle, de la vallée de la Fentsch, région de tradition industrielle autrefois propriété du comité des forges, et par voie de conséquence de la dynastie des de Wendel. Pierre, ainsi qu’il est nommé dans le récit, est syndicaliste, descendant d’immigrés espagnols ; il croit à la solidarité ouvrière, à l’importance de la perpétuation de l’industrie, à la perpétuation de la dignité ouvrière. Il s’implique sans compter dans des actions de toutes sortes : piquets de vigilance, interview auprès des médias pour faire céder « L’Indien » le propriétaire des hauts-fourneaux d’Aublange, peu désireux de prolonger l’activité industrielle en Lorraine.

Le second acteur est Max OBerlé, sculpteur de renom, atteint d’un cancer qui lui laisse peu de chances de survie vu son grand âge – quatre-vingts ans –, a pour dernier projet une statue d’Antigone dans la nef du Grand-Palais. Il se laisse convaincre par des membres du ministère de la Culture, qu’il peut contribuer à la survie du site en sculptant à partir de l’acier produit à Aublange.

Stations (entre les lignes), Jane Sautière

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 15 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, La rentrée littéraire, Verticales

Stations (entre les lignes), août 2015, 137 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Jane Sautière Edition: Verticales

 

Transports en commun

Jane Sautière ne raconte pas, ne signe pas de romans (cela fait du bien en septembre) ; elle écrit. Elle écrit et elle dé-crit en blocs et en blancs, la fragmentation des espaces que nous traversons en train, en métro, en bus, en RER, en avion. Le mot stations du titre rend compte à la fois d’un itinéraire (aller au travail ou rentrer chez soi) mais aussi d’un arrêt, d’une pause. Le volume s’articule tout entier dans la discontinuité : des parties numérotées, des titres, des parenthèses y compris dans le titre et en cela, il tient ses promesses poétiques de la forme brève. Le texte d’ailleurs au fil des pages se défait de ses dernières attaches autobiographiques et temporelles. Ouverture sur les lieux de l’enfance et les déménagements successifs, le retour en France, après des séjours à l’étranger, au passé composé ou à l’imparfait (Franconville-La Garenne-Colombes). Jane grandit, devient adulte et entre dans la vie professionnelle, celle du monde pénitentiaire et carcéral en changeant de poste, quittant la région parisienne pour celle de Lyon et revenant à Paris. Le texte bifurque en quelque sorte vers une totale liberté formelle (p.45), « ICI » dans la délivrance des activités, du métier : « Maintenant je ne travaille plus ».

2084, Boualem Sansal (2ème article)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 14 Septembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb, Gallimard, La rentrée littéraire

2084, août 2015, 288 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

De la lecture de l’excellent essai Dans les Laboratoires du Pire (1993) d’Eric Faye, on peut déduire que la contre-utopie fut un moment littéraire aussi intense que limité dans le temps : à partir du moment où les régimes totalitaires ont failli, écrire des récits montrant que le bonheur commun obligatoire mène au malheur individuel (pour faire très bref…) n’a plus guère de sens. Certes, tant au cinéma qu’en littérature, la contre-utopie continue pourtant de vivoter, mais on sent bien que les récits les plus récents (d’Equilibrium à Hunger Games) ne sont que des variations sur 1984, Fahrenheit 451 ou Un bonheur insoutenable : paradoxalement, il manquerait à la littérature et au cinéma comme un cruel rappel à l’ordre de la réalité politique pour avoir envie d’en découdre. Enfin, ça, c’est si on est occidental, même hongrois : certes s’agitent des ombres, des fantômes, mais rien de vraiment sidérant. Rien de nouveau, en somme, que des redites en mode mineur. Idem pour la littérature issue des régimes totalitaires : certes, il y a eu La Vie Volée de Jun Do, sur la Corée du Nord mais par un auteur nord-américain ; à part ça, rien d’aussi percutant pour l’esprit que Le Pavillon des Cancéreux ; encore une fois, le réel n’est pas assez violent que pour faire bouger l’art.