Entre les notes de Bach, Jean-Pierre Grivois
Entre les notes de Bach, juin 2016, 348 pages, 22 €
Ecrivain(s): Jean-Pierre Grivois Edition: Héloïse D'Ormesson
Comment s’insinuer dans l’intimité d’un grand musicien ? En recréant son parcours, à partir de données biographiques et musicologiques, et en se mettant à la place de l’intéressé pour nous délivrer le récit, celui de sa vie. C’est ce que parvient à faire de façon fort plaisante Jean-Pierre Grivois dans son ouvrage Entre les notes de Bach. Le lecteur parvient très vite à déceler les grands traits de l’éducation de Jean-Sébastien, ses grandes orientations morales, et donc religieuses, car à l’époque, l’une ne peut difficilement être évoquée sans l’autre. Ainsi, de sa foi luthérienne : « Nous connaissions par cœur les textes des chorals de Luther et de ses disciples. Les mélodies sur lesquelles nous les chantions, répétées si souvent, m’envoûtaient ». Très vite, au cours de son parcours de musicien, le devoir de la défense et illustration de la foi va s’imposer comme une priorité permanente : « Certes, l’étude de Luther et la théologie m’intéressaient, mais surtout de leur relation à la musique, des correspondances entre la Bible, les écrits et la pensée religieuse de Luther ; les mélodies des chorals ».
Cette conviction lui permet, entre autres, d’être nommé maître de chapelle à Köthen en 1717, car le Prince énonce que la sauvegarde de la liberté de conscience lui est chère, ainsi qu’à tous ses sujets, ce qui séduit Bach…
Pourtant, au-delà de la gloire de Dieu, constante de son œuvre, il y a un autre Bach que nous fait découvrir Jean-Pierre Grivois. C’est le Bach de la joie, de l’allégresse, de l’architecture musicale, de l’harmonie. Un Bach que des oreilles profanes peuvent aimer, apprécier, au point d’en faire le père de la musique moderne : « Joie dans les arias, d’utiliser des formes musicales à la mode, en introduisant par exemple des rythmes de danse pour exprimer la mélancolie, la gaîté… Joie de donner aux récits chantés une expression musicale parfois théâtrale par le biais de descriptions instrumentales ».
Jean-Pierre Grivois fait bien sûr allusion à l’influence des maîtres : Pachelbel et Buxtehude, que Bach rencontre à Lübeck en 1705 et qui le révèle à lui-même, au point d’envisager de transformer « cette musique céleste en musique terrestre ».
Jean-Sébastien est l’homme du terrestre, tout aussi bien que du céleste et le livre de Jean-Pierre Grivois nous le rappelle avec force. Il peut ainsi contenter tous les publics et nous faire fredonner la chanson de Catherine Le Forestier : « C’était toujours la même, mais on l’aimait quand même la fugue d’autrefois qu’on jouait tous les trois ».
Stéphane Bret
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