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Les Livres

L’Usage de l’imparfait, Maxime H. Pascal (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 24 Septembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

L’Usage de l’imparfait, Maxime H. Pascal, éditions Plaine Page, coll. Calepin, juillet 2019, 170 pages, 15 €

 

Poésie de la menace

C’est grâce à une écriture acérée, voire acide parfois, que peut se rendre accessible ce livre singulier, lequel, sans doute, est conçu pour être proclamé. Et le mot acidité va bien sous ma plume, car il est question dans le sous-texte de l’ouvrage de la menace qui pèse sur notre planète, et ainsi en partie d’une déploration de « l’acidité » des sols soumis au fracas de la pollution. Bien sûr, ce n’est là qu’une façon de faire avancer ces lignes, sachant d’ores et déjà que le recueil dresse un constat, et que le fond et la forme de cet Usage de l’imparfait se déploient autour des questions du réchauffement climatique, des catastrophes industrielles, de l’accumulation dangereuse des déchets, des méfaits des produits toxiques. L’imparfait est le temps d’une vision d’aujourd’hui qui s’adresse aux temps à venir – ce qui pousse le présent vers le passé – et se comprend comme l’imperfection de nos conduites à l’égard de l’équilibre de la nature. De cette façon, cet opuscule tient ensemble à la description des effets de la pollution, et à engendrer une littérature poétique. Quant à L’Usage, là aussi nous pouvons disserter.

Quand les ténèbres viendront, Isaac Asimov (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 23 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Nouvelles, Folio (Gallimard)

Quand les ténèbres viendront, trad. anglais (USA) Simone Hilling, 700 pages, 10,20 € . Ecrivain(s): Isaac Asimov Edition: Folio (Gallimard)

 

Les amateurs de science-fiction en général et les lecteurs d’Isaac Asimov en particulier devraient fort goûter cette volumineuse anthologie des nouvelles d’un des maîtres du genre. L’ouvrage ne rassemble pas moins de vingt nouvelles publiées dans diverses revues et autres anthologies entre 1941 et 1967, choisies par l’auteur lui-même dans l’impressionnant corpus de ses œuvres, et présentées ici dans l’ordre chronologique de leur publication originale.

Outre l’intérêt que représente, pour les aficionados d’Asimov, l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des textes allant des plus connus pour les uns aux moins diffusés pour d’autres, ce florilège offre, en prologue à chaque récit, une présentation exceptionnelle, par l’auteur lui-même, de l’intrigue, de sa genèse, de l’historique et des circonstances de sa publication, des échanges circonstanciels avec les éditeurs des revues qui l’ont initialement accepté ou refusé. A ceci s’ajoute une auto-analyse de la création narrative souvent empreinte d’humour, parfois teintée d’autodérision, toujours pleine de saveur métalittéraire. Le procédé, rare quand il est appliqué de manière ainsi systématique, jette sur la pratique personnelle de l’écrivain un éclairage tout autant susceptible de plaire au lecteur lambda que de se révéler précieusement utile pour un éventuel exégète.

De la santé des gens de lettres, Samuel-Auguste Tissot (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 23 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire, Classiques Garnier

De la santé des gens de lettres, avril 2018, 212 pages, 24 € . Ecrivain(s): Samuel-Auguste Tissot Edition: Classiques Garnier

Le traité du médecin suisse Samuel-Auguste Tissot (1728-1797) constitue, dans le meilleur sens du terme, une curiosité littéraire. Il n’est pas de ces œuvres médiocres que l’on arrache à leur sommeil séculaire dans les bibliothèques où elles eussent mieux fait de rester. De la Santé des gens de lettres connut plusieurs rééditions au XVIIIe siècle, une traduction en anglais (1762), quatre réimpressions aux XIXe et XXe siècles. L’ouvrage est représentatif d’un triple mouvement. D’abord, la vulgarisation du discours médical par le recours à la langue française, prolongeant ce qu’avait accompli Ambroise Paré : si les médecins, pour conquérir leurs grades, soutenaient toujours leurs thèses en latin, ils diffusaient ensuite leurs idées dans des ouvrages français, qui rejoignaient les bibliothèques des non-spécialistes (« Pas de livres que je lise plus volontiers, que les livres de médecine, pas d’hommes dont la conversation soit plus intéressante pour moi, que celle des médecins ; mais c’est quand je me porte bien », écrivait non sans humour Diderot, cité p.42). Tissot avait dans un premier temps publié un Sermo academicus de valetudine litteratorum (1766), qu’il traduisit et amplifia. Ensuite, le livre de Tissot apparaît représentatif de l’avènement d’une nouvelle cléricature, les « gens de lettres » laïcs (qu’on n’appelait pas encore les « intellectuels ») doublant d’abord, puis remplaçant l’ancienne, les religieux lettrés.

Instapoèmes, Matthias Vincenot & Julie Biet (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 23 Septembre 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Instapoèmes, Matthias Vincenot & Julie Biet, Les Éditions du Mont-Ailé, juin 2019, 104 pages, 18 €

 

À chaque poème son Instant, chaque Poème a son Instant… Ce beau livre l’illustre, où les poèmes de Matthias Vincenot répondent aux photographies de Julie Biet, à moins que ce ne soit l’inverse… Peu importe quel regard fait écho à l’autre, tant l’osmose existe dans cette partition artistique focalisant en un même point de rencontre l’émotion d’un « Instapoème » à partager.

« Un Instapoème », ou poème de l’instant, est-il écrit en quatrième de couverture, « c’est une rencontre d’arts, où les poèmes de Matthias Vincenot et les photos de Julie Biet se font écho, les uns n’existant pas sans les autres ».

Sorte d’agenda perpétuel décliné sur une année et bien qu’il soit daté (du 22 juillet 2018 au 30 juin 2019), cet Instapoèmes a saisi dans ses textes/a capturé dans son objectif photographique, cet Instant d’éternité que peut prendre notre présent tout au long des saisons, à son rythme, à sa cadence, pourquoi pas sur l’air entonné d’une chanson, quel que soit notre espace-temps particulier.

La Vie en chantier, Pete Fromm (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Vendredi, 20 Septembre 2019. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, La rentrée littéraire

La Vie en chantier, Pete Fromm, Gallmeister, septembre 2019, trad. américain Juliane Nivelt, 381 pages, 23,60 €

 

Une comédie musicale comme savent les faire les Américains ! Voilà à quoi ce livre m’a fait penser.

Vous connaissez comme moi la recette : une histoire à l’eau de rose ; des personnages bien lissés et pétris de bons sentiments ; vous ajoutez des voix superbes ; de beaux costumes ; des décors à vous en mettre plein la vue ; une chorégraphie calée au poil ; des jeux de claquettes époustouflants ; une synchronisation parfaite. Au final, on se régale et on applaudit à tout rompre.

Eh bien, c’est un peu ça, ce livre. Il y a tout au départ pour faire un navet, et Pete Fromm, je ne sais comment (son talent doit y être pour quelque chose), nous tient d’un bout à l’autre. La Vie en chantier pourrait tenir le haut de l’affiche à Broadway.

J’entends les critiques :