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Les Livres

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 20 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, Jean-Pierre Verheggen, Editions de l’Âne qui butine, trad. Christoph Bruneel, 215 pages, 22 €

 

L’Âne qui butine ne grappille pas au hasard. Pubers, pietenpakkers, Pubères, putains, est une de ces fleurs rares que notre équidé littéraire a le don de débusquer. Dès les premières lignes on est transporté dans une jungle parallèle, un monde étrange, luxuriant et luxurieux, étrange et familier, dont les personnages sont présentés comme des pré-adolescents, où le taux d’innocence que l’on peut encore prêter à des « enfants » de douze treize ans est déglingué par le plus hallucinant déballage de toutes les horreurs, perversités et déviances que notre espèce a su imaginer et pratiquer depuis qu’elle s’est qualifiée d’humaine.

Déviances, déviations… dévoiement aussi au sens diarrhéique du terme, exprimé ici par le flux logorrhéique de l’écriture.

Anthologie du théâtre français du 20ème siècle, Écrire le théâtre de son temps (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard), Anthologie

Anthologie du théâtre français du 20ème siècle, Écrire le théâtre de son temps, anthologie et dossier réalisés par Cécile Backès, lecture d’image par Henri Scepi, 383 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)


L’anthologie qui nous est ici offerte par Cécile Backès regroupe une trentaine d’extraits présentant un panorama historique du théâtre français du 20ème siècle. D’Émile Zola à Yasmina Reza, de Roger Vitrac à Marie N’Diaye, en passant par une pléiade d’auteurs connus et reconnus – Albert Camus, Samuel Beckett, Bernard-Marie Koltès, etc. –, cet ouvrage condense en 383 pages des pièces qui ont fait événement, qui sont synonymes de ruptures esthétiques, qui ont créé la surprise ou le rejet parfois. Le décor est campé dès la première page : « On trouvera ici des premières pièces, des chefs-d’œuvre, des naissances et des apogées. Des pièces à “message”, des pièces à “thèse”, des langues qu’on dirait étrangères, des langages inouïs, des formes inconnues. Toutes sont des actes poétiques ».

L’inventeur, Miguel Bonnefoy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Rivages

L’inventeur, Miguel Bonnefoy, éditions Rivages, août 2022, 200 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages

 

Miguel Bonnefoy est un auteur qui aime nous familiariser avec des destins extraordinaires : celui de la famille de Michel René Lonsonier, contraint de quitter son Jura natal au milieu du 19ème siècle, après que l’épidémie de phylloxéra a tué la vigne, pour s’installer au Chili, dans Héritage. Dans Sucre noir, Severo Bracamonte part à recherche d’un trésor dans un village des Caraïbes. C’est l’occasion de brosser un tableau du passé de cette région, d’hommes en proie à leurs désirs, à des revers de fortune aussi.

Miguel Bonnefoy ne déroge pas à cette règle dans son nouveau roman : L’inventeur. Il y décrit le parcours d’Augustin Mouchot, fils de serrurier, professeur de mathématiques, qui découvre l’énergie solaire au beau milieu du XIXe siècle. Les étapes de la mise au point de cette invention sont abondamment relatées dans le récit. Elles sont marquées par les difficultés rencontrées par Mouchot pour faire connaître son invention, la populariser auprès des dirigeants et sommités du moment :

Poèmes vernaculaires, Les Murray (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Océanie

Poèmes vernaculaires, Les Murray, éditions De Corlevour, août 2022, trad. anglais (Australie) Thierry Gillybœuf, 112 pages, 18 €

Des choses

Le sel actif qui persiste après la lecture de cette belle traduction très récente de Thierry Gillybœuf de Les Murray, le grand poète australien, c’est la combustion des mondes dans la poésie agissante en sa réalité mondaine avec son idiotisme, combustion qui implique le combustible de la langue elle-même, laquelle fige les choses, ou observe l’inertie des choses, transforme tout en chose. De là, une vision du monde extraordinairement complexe. Celle d’un poète parataxique, fait de fragments de compréhension et d’énigme. Une force surgit en tout cas.

 

L’infâme météorite est en route pour éteindre le monde,

c’est sûr. Mais regarde bien, et sa menace remplit ta journée.

Les braves ne meurent-ils qu’une seule fois ? Je pourrais le faire cent fois par semaine,

cramponné à mon pouls avec le bord du monde à portée de main.

Sans haine mais sans oubli, Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir, Suzanne Maudet (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 16 Septembre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Histoire, Arléa

Sans haine mais sans oubli, Neuf filles jeunes qui ne voulaient pas mourir, Suzanne Maudet, mars 2022, 158 pages, 10 € Edition: Arléa

Sans haine mais sans oubli n’est pas une œuvre de fiction, mais un témoignage, comme on en écrit parfois lorsque le temps des épreuves a passé et qu’on a traversé les cercles de l’enfer. Suzanne Maudet n’est pas et n’a jamais voulu être écrivain, avec tout ce que ce terme implique. La diffusion manuscrite de son texte demeura longtemps limitée à l’intimité familiale et amicale. En 1961, une tentative de publication dans un grand magazine féminin n’aboutit pas. Suzanne Maudet est décédée en 1994 et n’a jamais vu son texte paraître « en belle forme de livre » (même si ce qu’il est convenu d’appeler la « littérature secondaire » s’est déjà emparée du récit, avec le livre de Gwen Strauss, The Nine. The True Story of a Band of Women Who Survived the Worst of Nazi Germany, 2021). Arrêtée en mars 1944 pour faits de résistance, elle fut déportée en Allemagne comme prisonnière politique, statut qui lui garantissait sur le papier une relative chance de survie. Le camp où elle était internée fut évacué en catastrophe face à l’avancée des troupes américaines (avril 1945) et les déportées, au nombre de cinq mille, obligées de former une longue file humaine serpentant à travers la campagne allemande.