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Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, Yves Delmas, Charles Gancel (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Mercredi, 05 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Arts, Le Mot et le Reste

Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, Yves Delmas, Charles Gancel, Editions Le Mot Et Le reste, Coll. Attitudes, août 2012, 456 pages, 26 € Edition: Le Mot et le Reste

 


Le livre que signent Yves Delmas et Charles Gancel aux Éditions Le Mot Et Le reste, Protest Song, La chanson contestataire dans l’Amérique des Sixties, se définit d’emblée non comme un livre d’Histoire mais d’histoires, non comme un documentaire, mais un concert. Il s’agit, au fil des morceaux de l’époque, depuis l’arrivée de Bob Dylan à New York en 1961 jusqu’au concert de Joan Baez en 1972, chantant sous les bombes américaines à Hanoï, de retracer à travers le prisme de la chanson contestataire américaine la révolution musicale et sociale des années soixante.

Vila Real, João Ubaldo Ribeiro (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 04 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Gallimard

Vila Real, João Ubaldo Ribeiro (1979), Gallimard, 1986, trad. portugais (Brésil) Alice Raillard, 169 pages, 13,15 € Edition: Gallimard

 

João Ubaldo Ribeiro nous ramène une fois encore dans la nudité du Sertão, son âpre brûlure, son étendue poussiéreuse, ses miséreux endémiques. La beauté biblique du style emporte le lecteur dans un récit qui tient de la prière, du thrène, du chœur des pauvres rejetés de terre en terre par la vorace modernité, indifférente au mal, qui ne cherche dans la terre que la matière de sa richesse et de son pouvoir. Ribeiro chante la dignité des pauvres errants, leur fierté et leur courage, car c’est d’une guerre qu’il s’agit, de la guerre des gueux contre les puissants. Une guerre inégale dont l’enjeu n’est pas l’éventuelle et douteuse victoire mais la sauvegarde d’une âme, d’une identité, d’une humanité – celle du Sertão et de ceux qui triment pour en extraire de quoi survivre.

Des gueux rendus furieux par la misère, le vol de leur vie ; des gueux qui ne craignent plus rien parce qu’ils n’ont plus rien.

La Galerie des jeux, Steven Millhauser (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 03 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Nouvelles, Rivages poche

La Galerie des jeux, Steven Millhauser, Rivages Poche, trad. anglais, Françoise Cartano, 192 pages Edition: Rivages poche

 

Avec ce recueil de nouvelles, l’on pourra volontiers affirmer que l’essentiel se loge dans les détails, à l’image de ce monde miniaturiste (mais en aucun cas minimaliste) créé par le génial August Eschenburg, héros du premier récit – presque un roman court. On ne s’étonnera pas, d’ailleurs, de réaliser que la nouvelle qui clôt l’ouvrage, Cathay, nous ouvre les portes d’un monde qui semble réduit comparativement au nôtre, un monde extraordinairement puissant de détails fantasques et d’illusions multiples, étude éblouissante et précise d’un univers de contes de fées.

C’est donc par un imaginaire ciselé que s’affirme ce livre de Steven Millhauser, mais l’auteur y déploie également un style épuré, simple de prime abord, ouvrant parfois un mouvement de vagues quand il nous donne accès aux pensées du ou de la protagoniste, enchaînant avec l’éveil d’une sensation fugace, revenant ensuite à des faits plus sommaires. La traduction de Françoise Cartano fait sans doute honneur à cette volonté du nouvelliste.

Madame Edwarda, Georges Bataille (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 30 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Madame Edwarda, Georges Bataille, éd. Jean-Jacques Pauvert, 1956, 71 pages, 10 €

 

Ce curieux petit récit érotique de Georges Bataille initialement publié en éditions clandestines en 1941 sous le pseudonyme de Pierre Angélique n’est sorti en librairie qu’en 1956 chez Pauvert, Bataille n’ayant alors accepté d’y faire figurer son vrai nom qu’au bas de la préface.

Dans cette préface, l’auteur présente ainsi la thématique du texte :

« Un ensemble de conditions nous conduit à nous faire de l’homme (de l’humanité), une image également éloignée du plaisir extrême et de l’extrême douleur : les interdits les plus communs frappent les uns la vie sexuelle et les autres la mort, si bien que l’une et l’autre ont formé un domaine sacré, qui relève de la religion. Le plus pénible commença lorsque les interdits touchant les circonstances de la disparition de l’être reçurent seuls un aspect grave et que ceux qui touchaient les circonstances de l’apparition – toute l’activité génétique – ont été pris à la légère ».

Contes de la rue Broca, Pierre Gripari (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 29 Septembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Grasset, Jeunesse

Contes de la rue Broca, Pierre Gripari, ill. Claude Lapointe, 25 € . Ecrivain(s): Pierre Gripari Edition: Grasset


Les Contes de la rue Broca, qu'ont réédité pour notre plus grand bonheur les Éditions Grasset-Jeunesse et qui sont superbement illustrés par Claude Lapointe, est sans conteste l’œuvre la plus célèbre du truculent Pierre Gripari. Traduite dans le monde entier, elle paraît pour la première fois en 1967 aux Éditions de la Table Ronde et passe étrangement inaperçue à cette époque. En 1982, quatre de ces contes sont adaptés pour la télévision par Patrick Le Gall et Alain Nahum.

Il s’agit d’une anthologie de treize histoires (La sorcière de la rue Mouffetard, La Fée du robinet, La patate est une star, L’idiot deviendra une star…) guidée par l’humour facétieux, la fantaisie, le sens du rythme, la magie des mots. Chaque récit a pour toile de fond la rue Broca qui est située dans le cinquième arrondissement de Paris, près des Gobelins, mais qui, note l’auteur dans la préface, n’est pas une rue comme les autres : « Tel l’univers d’Einstein, Paris, en cet endroit, présente une courbure, et passe, pour ainsi dire, au-dessus de lui-même […] la rue Broca, comme la rue Pascal, est une dépression, une rainure, une plongée dans le sub-espace à trois dimensions ».