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À mains nues, Ida Jaroschek (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Mercredi, 26 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

À mains nues, Ida Jaroschek, éditions Alcyone, Coll. Surya, mai 2022, 90 pages, 20 €

 

Ce que l’on entreprend à mains nues n’est pas en général chose facile. C’est plutôt un combat à mener, une attaque qu’on lance ou que l’on repousse. Dans tous les cas, il s’agit d’un affrontement direct, sans détour, un face à face où l’on ne peut compter que sur ses propres forces. C’est dire si le nouveau recueil d’Ida Jaroschek, que publient les éditions Alcyone, en s’intitulant précisément « À mains nues », s’annonce, au travers des soixante-treize poèmes qui le composent, comme le récit d’une lutte. La lutte pour ne pas succomber au désespoir, pour résister et défier même les forces négatives devant ce qui abat et bouleverse : la disparition de l’être cher.

Récit éminemment poétique dans lequel la poète continue à s’adresser à cet être de chair et de papier en cherchant « à inventer les peaux invisibles, l’amorce du poème / (…) pour livrer / à la fin des phrases leur vérité brûlante ». Elle veut « gréer le vent à la voix de l’absent / (…) entrer dans l’épais, le possédé / greffer à la langue essors, soubresauts ».

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 26 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut, Éd. Les Petites Moustaches, juin 2022, Ill. Madame Dessine, 132 pages, 18,50 €

La collection « Les Petites Histoires de la mode », initiée par les Éditions Les Petites Moustaches, revient sur l’enfance d’un grand créateur ou d’une grande créatrice de mode. Si chaque ouvrage s’appuie évidemment sur une documentation assez large, l’écrivain sollicité utilise assez librement son imagination pour dépeindre, à travers des scènes clé, le caractère, la colère, la tristesse, ayant prévalu au personnage qui deviendra beaucoup plus tard un incontournable du milieu de la mode.

Ainsi en est-il du livre consacré à Elsa Schiaparelli, dont l’exubérance n’a pas manqué d’attirer l’œil de grands artistes. L’auteure Ève-Marie Lobriaut a choisi de se fixer en grande partie sur le printemps 1900, alors qu’Elsa Schiaparelli a dix ans et qu’elle vit à Rome, au Palais Corsini. La petite fille est un véritable feu follet qui multiplie les bêtises, regorge d’idées farfelues qu’elle met à exécution, s’entête à dominer les garçons et y parvient, élabore des mensonges sans vergogne où, à force de réinventer sa vie, elle finit par croire elle-même à ses histoires… Mais l’enfant souffre, notamment du fait de sa laideur dont elle est persuadée. Sa grande sœur Beatrice semble être son exact opposé, en attitude comme en attraits physiques.

Mon oncle le jaguar & autres histoires, João Guimarães Rosa (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 25 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Nouvelles

Mon oncle le jaguar & autres histoires, João Guimarães Rosa, éditions Chandeigne, 2016, trad. Portugais (Brésil) Mathieu Dosse, 432 p. 22€

 

Ce recueil de nouvelles (Histoires ? Contes ?) constitue un univers à part, tant dans l’œuvre du grand Guimarães Rosa que dans la littérature. Les situations, les scènes, les personnages, les histoires (il y en a neuf) nous mènent au cœur d’un dépaysement absolu, d’un monde stupéfiant, d’une langue propre à l’auteur où les mots sont recomposés souvent, créés de toutes pièces parfois, toujours lumineux cependant dans leur justesse sémantique. Ces neuf contes construisent un univers où les hommes sont au plus près de la Création, en osmose parfaite avec la nature et les animaux, comme dans une sorte de genèse biblique où le vivant forme un tout, indissociable et solidaire.

Bon nombre de ces histoires ont pour héros véritables des animaux. Féroces, domestiques, ennemis, amis, créatures monstrueuses ou fidèles compagnons, tous s’inscrivent dans un lien serré avec les hommes.

Il faut peu de mots, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mardi, 25 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions du Cygne

Il faut peu de mots, Martine Rouhart, Éditions Du Cygne, août 2022, 52 pages, 10 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart Edition: Editions du Cygne

 

Dans ce très beau recueil, Martine Rouhart partage son amour des mots, ces mots qui l’accompagnent dès les premières lueurs du jour, ce « peu de mots » qu’elle réveille pour « combler l’heure vide d’avant l’aube ». Dans un style sobre et épuré, au fil des mots, elle trace un chemin de « solitude heureuse jusqu’à la mer », comme si la mer était le lieu ultime de l’épanouissement de l’être après avoir traversé, grâce à la poésie, ces « mondes endormis », enfouis au fond de l’inconscient. Les mots sont en quelque sorte des clés qui ouvrent les portes du mystère.

Et c’est « de toute son âme » que l’auteure « chante » sa façon si belle et si particulière « d’être au monde », son rapport esthétique à l’éphémère : « en marchant / j’écris des mots /sur les nuages / tant mieux / si leur trace s’efface / avec le vent ». Cette conception de l’existence n’est pas sans rappeler l’âme de la poésie asiatique de Wang Wei, pour le goût de la concision, pour le rapport à la nature et au temps. Martine Rouhart livre avec générosité et humilité des « fragments » d’elle-même, de cette poète qu’elle est devenue, de cette part d’elle qui lui « échappe » aussi.

Confrontations, François Amanecer (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 24 Octobre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Confrontations, François Amanecer, éditions de Corlevour, Revue NUNC, mai 2022, 192 pages, 19 €

 

Profession de foi

Dans le dernier livre de François Amanecer, Confrontations – dédié à Jean-Pierre Jossua, écrivain et théologien dominicain français (1930-2021) –, déclare que, concernant Le Poète, « sa très haute fonction est d’aboucher l’homme au cosmos », étant « passeur entre les mondes ». L’ouvrage soulève la question de la création – un phénomène, un « en-soi » ou un dédoublement, ou bien une schize, une coupure. François Amanecer analyse la partie sombre ou lumineuse de la psyché de différents auteur.e.s et le fait de « se confronter à la déité ». Il articule sa réflexion entre deux axes : « athéisme et foi », et spécifiquement sur « la plausibilité d’une intervention divine » et ce, à travers les professions de foi littéraires, visuelles et spirituelles de seize figures – dont seulement trois femmes, mais non des moindres…