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La Une CED

poèmes de Charles Orlac

Ecrit par Charles Orlac , le Mardi, 19 Juin 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

mémoires

1

falaise crépitements de blanches mouettes

Sur le tableau noir la craie se rappelle

Le vent, les courses, les surplombs d’azur

Elle qui n’est plus sous les doigts

Que poussière d’enfance à présent

Tombeau de Christopher Falzone, Jean-Louis Rambour, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 18 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Côté Arts

Tombeau de Christopher Falzone, Jean-Louis Rambour, peintures de Renaud Allirand, éditions L’Herbe qui tremble, 2018, 55 pages, 13 €

Le Cahier d’arts et de littératures Chiendents sous-titre son numéro consacré au poète Jean-Louis Rambour : Le guetteur de réel. Et il est vrai que le parcours de l’auteur du Mémo d’Amiens ou de Faire-part – pour ne citer que les deux publications les plus récentes complétant plus d’une trentaine de titres – capture le réel dans ses lignes d’écriture avec une attentive connexion au monde alentour parfois mal connu parce qu’anonyme, non considéré alors que l’humain s’y révèle dans sa puissance authentique (j’allais écrire : tragique) et âpre, reformulé par le poète dans ses arêtes vives. La volubilité n’est pas le fait de J.-L. Rambour. La densité de son langage travaille le réel sur l’établi d’un artisan de la langue observateur de La vie crue, loin des artifices d’esthète.

Dans Clore le monde, Jean-Louis Rambour se penchait sur la vie des humbles, des humiliés – ceux du Santerre ; des hommes « faits » consommateurs ; dans son Mémo d’Amiens il consignait par le poème la vie d’hommes et de femmes de peu cohabitant dans l’Amiens industrialisé de l’après-guerre ; dans Tombeau de Christopher Falzone, J.-L. Rambour se penche sur la vie d’un artiste qui « probablement marchait depuis longtemps à côté de la vie », le pianiste Christopher Falzone, mort à l’âge de 29 ans.

Tropique de la violence, Nathacha Appanah, par Sandrine Ferron-Veillard

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 15 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Tropique de la violence, Nathacha Appanah, Folio, mai 2018, 192 pages, 6,60 €

 

« Ils prennent leur élan sur la jetée de béton, leurs jambes noires et maigres comme des bâtons filant à vive allure. Arrivés au bout, ils se jettent dans l’océan en remontant leurs genoux, ouvrant leurs bras, criant leur joie ».

La légèreté du désespoir. L’attraction du vide lorsque l’espoir ne retient plus.

À propos de ce livre magistral, qu’ajouter sinon saluer ici la note de lecture de Pierre Perrin, rédacteur à La Cause Littéraire.

Et pourtant !

Ici les odeurs ont un corps. Les sons. L’invisible est omniprésent.

Il faut écouter Mayotte pour qu’elle ne sombre pas. Le rapport à l’Autre qui ne fonctionne plus, l’accueil qui n’opère plus, le chômage et la pauvreté qui sont inacceptables, les politiques et la parole impeccable. Impraticable. Sentir ses couleurs, la couleur de ses peaux, la peau de ses enfants que même la terre n’accroche plus. Les enfants seuls, les enfants abandonnés. Ils errent, ils se terrent. Ils grandissent comme des fruits sur un arbre. Ils pourrissent.

Des fleurs dans le vent : Le cas Ristić, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Jeudi, 14 Juin 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Des fleurs dans le vent, Sonia Ristic, Intervalles éditions avril 2018

 

Si Rimbaud s’est mis du vent sous la semelle, comme il est dit, nul doute que ce dernier, je veux dire le vent, s’est de Sonia Ristić fabriqué deux paires à la mesure de ses élans. Car à celui qui voudrait la suivre, il faut savoir garder patience ou de ses mots se contenter. Or il arrive à la trombe humaine de s’alunir et livre en main de se prêter au jeu de l’entretien. Parfois. D’où ce jeudi 12 avril 2017 à Paris. Jour de sortie. Soir de partage. Dédicaces à tout rompre. Bizarre, enfin, de l’aborder par le bruit et l’odeur, Sonia. Les moins jeunes le savent bien. Les autres au diapason se mettront.

Des fleurs dans le vent. De prime(ur) abord, ça pue la bluette kitsch à trois centimes rouillés ou la dystopie bio pour masturbateurs de chevrotins lyophilisés. Pas possible… Rembobinons.

Non mai dis donc… 68, par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Mercredi, 13 Juin 2018. , dans La Une CED, Ecriture

J’eusse aimé raconter les réunions passionnées, le bazar jubilant, une belle histoire d’amour libre nouée sur les pavés lancés par ma révolte. Dzim et boum.

Joker.

Née en 1956, je m’employais à clore en ce chaud printemps une sixième paisible dite « classique » parce que le latin y figurait en place d’honneur, enseigné par une dame minuscule que ses colères tsunamiques rendaient immense. Elle nous formait, nous façonnait, traduisant la beauté, remontant le français à la source, faisant de l’étymologie une épopée, discutant parfois une heure entière avec nous qui devions lui dire quels livres on aimait, et pourquoi. Quand le mot « dialogue » s’imposa lors de cette période où tout valsait en l’air, il fut accueilli par elle d’un haussement d’épaule suivi d’un cassant : « Je le pratique déjà ».

À mon aimable honte, l’agitation ambiante m’offrit des cadeaux sans prix, bien éloignés d’une prise de conscience politique ; plus encore d’un sentiment d’urgence contre le vieil ordre des choses. Mes douze ans-qui-en-paraissaient-quinze (détail crucial en ce mai-là…) y trouvèrent le goût exquis de l’imprévu, la cassure dans le temps, un été précoce à la petite cuiller.