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Italie

Tous nos hiers, Natalia Ginzburg (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 04 Décembre 2020. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Liana Levi

Tous nos hiers, Natalia Ginzburg, trad. italien, Nathalie Bauer, 344 pages, 12 € Edition: Editions Liana Levi

 

Publié initialement en 1952, ce roman d’essence néo-réaliste trace le parcours de deux familles proches – elles habitent l’une en face de l’autre – dans les années mussoliniennes d’avant-guerre et de guerre. Anna, Giustino, Concettina et Ippolito, depuis la mort de leur mère, sont sous la garde de Madame Maria, tandis que le père, réticent au régime, tient un journal de résistance, demandant à son fils Ippolito de le dactylographier. Le père fantasque, vrai antifasciste finit par décéder.

L’autre famille, plus riche, passe parfois son temps dans une résidence secondaire aux Griottes ; Giuma, Emmanuele, Maman chérie, Amalia, occupent une villa dans le nord de l’Italie. Le fascisme fait rage. Anna, enceinte de Giuma, décide de suivre son époux, plus vieux qu’elle, ami de famille, Cenzo Rena, dans son village méridional de San Costanzo. Le début de la guerre voit s’effriter le groupe familial. Certains partent au combat.

La folle de la porte à côté, Alda Merini (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 02 Décembre 2020. , dans Italie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Arfuyen

La folle de la porte à côté, Alda Merini, Arfuyen, Coll. Les Vies imaginaires, octobre 2020, trad. italien, Monique Baccelli, 216 pages, 17 €

 

Un texte est sacré pour qui le croit inspiré par ce qui le fonde, un texte est génial quand il semble inspirer lui-même ce qui le fonde. Et, malgré sa crasseuse mythomanie, sa délirante mauvaise foi, sa sénile (64 ans) vulgarité, ce prodigieux Journal de vie paraît bien sacré et génial, comme on voit tout de suite :

« La douleur est une terre ferme. L’homme peut compter en toute sécurité sur la douleur, car c’est la seule chose qui soit à lui, depuis toujours. La joie est vagabonde.

J’ai depuis longtemps une drôle de fièvre, une fièvre qui brûle. Je suis devenue adipeuse, grasse comme toutes les femmes anxieuses et je ne sais plus faire de miracles parce que je ne sais plus souffrir. C’est la douleur qui nous fait grandir, et c’est la douleur qui nous fait mourir. Si nous enlevons la douleur, nous enlevons la table sur laquelle nous mangeons tous les jours. Sans douleur nous finirions par être obligés de manger par terre.

Les saisons de Giacomo, Mario Rigoni Stern (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 01 Décembre 2020. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Pavillons (Poche)

Les saisons de Giacomo, Mario Rigoni Stern, traduit de l’italien par Claude Ambroise et Sabina Zanon Dal Bo, 227 p. 8,50 € Edition: Pavillons (Poche)

 

Mario Rigoni Stern est l’un des plus grands écrivains italiens du XXème siècle. Attaché à ses montagnes du Haut-Adige situées tout au nord de l’Italie près de la frontière autrichienne, Stern a bâti une œuvre dont l’enracinement local et la puissance universelle évoquent – pour le lecteur français – irrésistiblement Giono. Le souffle de ce roman est un sublime exemple de cette élévation de la pierre et de la terre rugueuses d’un village de paysans jusqu’au bruit terrible de la folie des hommes dans leur obstination à faire du monde un enfer.

De l’immobilité silencieuse de la vie d’un village montagnard dans les années 30, ses rythmes paisibles, la scansion sonore de la nature – vent, oiseaux, appels des bergers et paysans, cris d’enfants qui jouent, cloches clarines des églises – au chaos qui gît sous les pieds des villageois, traces de l’histoire terrible de la région, déchirée par la guerre impitoyable de 14-18, Stern creuse dans ce roman le précipice qui sépare la pastorale – certes dure et pauvre – de l’apocalypse.

Baiser féroce, Roberto Saviano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Novembre 2020. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Baiser féroce, trad. italien, Vincent Raynaud, 400 pages, 22 € . Ecrivain(s): Roberto Saviano

 

En sept livres, cinq essais journalistiques et deux romans, Saviano s’est imposé comme l’écrivain napolitain capable de dénoncer toutes les roueries et horreurs de la camorra. Le jeune auteur de quarante-et-un ans, aujourd’hui sous garde policière, éclaire le parcours d’adolescents et de jeunes adultes qui ont entrepris de remplacer sur le terrain les vieux briscards, avec une détermination qui fait de ces antihéros des personnages de haute lutte, lancés tête baissée, armes au poing, dans le lacis des rues de Naples pour accomplir le pire.

On sait l’auteur au fait de toutes les manœuvres de l’entreprise criminelle. On sait moins que des « enfants » ont pris hélas le relais. Le nouveau roman de Saviano se trouve au cœur de la tourmente.

Maharaja (Nicolas) et sa troupe écument Naples, se jettent à cent à l’heure au travers de la ville pour donner la juste mesure de leur talent de pilleurs et de criminels. Les bandes rivales ambitionnent d’occuper tous les terrains, et le baby-gang doit sans cesse faire ou défaire des alliances pour ne pas perdre le monopole de la coke au centre de la ville. Les aventures trépidantes de la « paranza » prête à tout pour se maintenir au pouvoir trouvent leurs lieux d’action à Naples même, entre le port d’attache du groupe, resté secret, et toutes les poursuites affolantes dans les rues sombres de Naples .

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 22 Octobre 2020. , dans Italie, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Rivages/noir

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi, Maurizio De Giovanni, octobre 2020, trad. italien, Odile Rousseau, 395 pages, 22 € Edition: Rivages/noir

Maurizio De Giovanni est né en 1958 à Naples où il vit toujours et où se déroulent les enquêtes du Commissaire Ricciardi durant les années trente, marquées par le fascisme. C’est à la suite d’un concours de nouvelles, ouvert aux amateurs, que M. De Giovanni introduit son célèbre personnage et entame ainsi une série de 14 romans policiers qui lui sont consacrés, dont le dernier est paru en Italie en 2019. Il donne vie également à un autre policier : le Commissaire Lojacono.

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi (titre français amputé de son début italien, Anime di vetro) est sorti en Italie en 2015 et vient de paraître dans sa version française. Il est en fait le dixième roman d’une série de quatorze jusqu’à présent, dont le personnage central est le tourmenté commissaire aux yeux verts, Ricciardi, vivant dans l’Italie de Mussolini. L’ensemble s’ouvre sur la « tétralogie des quatre saisons », de l’hiver à l’automne, suivi du cycle des Fêtes.