Identification

Italie

La Maligredi, Gioacchino Criaco (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 17 Août 2022. , dans Italie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Métailié

La Maligredi, Gioacchino Criaco, Ed. Métailié, juin 2022, trad. italien, Serge Quaddrupani, 383 pages, 22,50 € Edition: Métailié


« Vous savez quelle malédiction est pire que le démon ? La Maligredi, dit-il, sans attendre de réponse. C’est le hurlement du loup qui a franchi une clôture et qui, au lieu de manger juste la brebis qu’il lui faut pour se rassasier, les égorge toutes ».

Nous sommes en Calabre, dans un village où sévit la pauvreté qui se pare des atours d’un monde dans lequel les relations sociales sont présentes, chacun est connu de tous, mais un monde que les maris ont souvent déserté pour gagner de quoi subvenir aux besoins de la famille, dans lequel les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes, dont la scolarité est chaotique, un monde rural qui nourrit peu, voire pas son monde.

Reconnaître le faux, Umberto Eco (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Juin 2022. , dans Italie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Grasset

Reconnaître le faux, mars 2022, trad. italien Myriem Bouzaher, 64 pages, 6 € . Ecrivain(s): Umberto Eco Edition: Grasset

 

Dans l’œuvre du sémioticien qu’était Umberto Eco, la question du faux est centrale, ceci depuis au moins son Traité de sémiotique générale (1975) – d’ailleurs, l’auteur le mentionne lui-même dès les premiers mots de la présente conférence : il y disait que « nous devrions considérer comme signe tout ce qui peut être utilisé pour mentir ». Mais il précise aussitôt, nuançant, et cela est d’importance à toute époque : dire le faux n’est pas mentir, ni falsifier, et mentir n’est pas falsifier. Néanmoins, le faux est bel et bien au centre de ses préoccupations, comme le sait quiconque a lu Le Nom de la Rose (1980) ou les essais réunis en français sous le titre La Guerre du faux (1985) – le faux, parce que peut-être la falsification présente un rapport bien plus biaisé à la vérité que le mensonge.

L’argument de vente du présent opuscule est bien sûr lié à l’actualité : à l’époque des « fake news », relire Eco est indispensable. À ceci près que celui-ci inciterait plutôt à relire Machiavel, Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Bacon, Benedetto Croce ou Baltasar Gracián – mais pas Kant, du moins dans le présent contexte, dû à « la capacité que ce grand homme avait de dire de temps en temps des âneries ».

Je t’écris de Bordeaux, Giuseppe Conte (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 16 Juin 2022. , dans Italie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Arfuyen

Je t’écris de Bordeaux, Guiseppe Conte, éd. Arfuyen, Coll. Neige, avril 2022, édition bilingue, trad. italien, Christian Travaux, 240 pages, 18,50 €

 

Le seuil

Écrivain italien, Guiseppe Conte s’arc-boute à la poésie comme s’il s’agissait d’une porte, d’un seuil, et devant ce caravansérail le poète jette son regard, ses mots, son corps dans la maison même du poème. Il guette à la lisière de la pensée, l’image, les rythmes, le chant. C’est une poésie de la frontière entre la beauté et l’inquiétude. Que cela soit le corps, la frontière du corps physique, ou une passe vers l’énigme du langage, l’auteur interroge tout aussi bien le souvenir que le caractère organique qui le lie à lui-même. Qu’il s’agisse de suivre avec lui la floraison d’un amandier ou encore de parcourir les effets physiques de l’âge sur sa personne, le poète révèle son secret et sa capacité à se tenir droit devant le point initial de son imagination.

Le semeur de peste, Gesualdo Bufalino (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 31 Mai 2022. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Cambourakis

Le semeur de peste, Gesualdo Bufalino (Diceria Dell’Untore, 1992), trad. italien Ludmilla Thévenaz, 205 pages, 10 € Edition: Cambourakis

Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures,

Et d’un grand crucifix décoré seulement,

Où la prière en pleurs s’exhale des ordures,

Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement ;

 

(Baudelaire. Les phares)

 

Clairement, ce roman plonge ses sources dans un moment essentiel de la vie de son auteur. En 1943, Bufalino fut capturé par les Allemands, réussit à s’évader, et contracta quelque temps plus tard, en 1946, une grave tuberculose qui le conduisit dans un sanatorium près de Palerme. C’est cet épisode terrible, l’enfermement médical qui constitue le cadre de roman, sa source, son inspiration.

Poème des abeilles et cycle des insectes (Poemetto delle api e ciclo degli insetti), Claudia Azzola, traduction Jean-Charles Vegliante (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Jeudi, 12 Mai 2022. , dans Italie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Poème des abeilles et cycle des insectes (Poemetto delle api e ciclo degli insetti), Claudia Azzola, éditions Traduzionetradizione, 2021, trad. Jean-Charles Vegliante

 

On pourrait qualifier l’ouvrage de « plaquette », un document que l’on distribue, par exemple, gratuitement, lors d’une exposition temporaire ; mais, à mon avis, il s’agit de bien plus que cela : cet ouvrage est le témoignage d’une vraie amitié intellectuelle entre Claudia Azzola et Jean-Charles Vegliante qui écrivent et traduisent, tout en étant sensibles à la forme typographique des textes et au choix des mots (1).

Observons d’abord l’objet car il est très joli à voir. Sous la direction artistique de Renzo Disperati, la couverture est d’une grande qualité d’impression pour y accueillir les dessins de Chloé Menous et, en 4 de couverture, un extrait de La Commedia de Dante Alighieri, tiré du « Paradis » XXXI, vv.7-9, est traduit par Jean-Charles Vegliante (2). Et cet objet est aussi (voire surtout) d’une très grande qualité de mise en page typographique : la longueur des vers et leurs décrochements sont fidèlement reproduits dans la version originale et surtout dans la traduction en français.