Identification

Italie

A Rome avec Nanni Moretti, Paolo Di Paolo & Giorgio Biferali

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 05 Avril 2017. , dans Italie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Quai Voltaire (La Table Ronde)

A Rome avec Nanni Moretti, mars 2017, trad. italien Karine Degliame-O’Keeffe, 176 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Paolo Di Paolo & Giorgio Biferali Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Deux jeunes essayistes romains (l’un né en 1983, l’autre en 1988) tentent, par cet essai à la fois intime et très documenté, de montrer la relation particulière qu’un cinéaste noue avec la Ville éternelle.

Onze films, de Je suis un autarcique (1976) à Mia madre (2015), se déroulent à Rome, prennent Rome, non seulement comme toile de fond à des intrigues, mais encore comme parties essentielles de la vie d’un cinéaste qui ne peut décemment se passer de sa ville comme on ne peut le faire de sa propre mère. Du Monte Mario à Ostiense, en passant par Nomentana, le quartier Prati, Monteverde (où vécurent Pasolini et le cinéaste lui-même), Garbatella, tout Rome défile, jusqu’à montrer des coins tout à fait périphériques, des vues des bourgs plus éloignés encore. En ce sens, Moretti ne fait là que poursuivre une longue tradition de cinéastes romains puisant à la capitale des pans entiers de leurs films (De Sica, Monicelli, Scola, Emmer, Di Gregorio, Pasolini, Fellini…).

Les années à rebours, Nadia Terranova

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 03 Janvier 2017. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde)

Les années à rebours (Gli anni al contrario), octobre 2016, trad. italien Romane Lafore, 176 pages, 18 € . Ecrivain(s): Nadia Terranova Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

 

Ce roman – un premier roman – brosse avec talent et acuité deux décennies de l’histoire italienne : les fameuses années 70 et les désillusions des années 80.

Fin des années soixante-dix, Aurora et Giovanni se rencontrent à l’université. Tous deux Siciliens mais de familles au destin politique opposé, vont éprouver leur nouvelle liberté. Ouvertement de gauche et rebelle, Giovanni s’engage politiquement, bien vite déçu par lui-même. Le couple a une petite fille, Mara. Les mois et les années s’écoulent. Pour tromper son désenchantement politique, Giovanni se drogue, et Aurora se débrouille seule.

L’épilogue, amer, est bien dans le droit fil d’une intrigue qui voit évoluer les personnages, au fil des années et des changements de société.

Une lame de lumière, Andréa Camilleri

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 15 Décembre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une lame de lumière, traduit de l'italien par Serge Quadruppani éd. Fleuve Noir, septembre 2016, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Andréa Camilleri

Andrea Camilleri est un auteur italien d’origine sicilienne. Son œuvre littéraire traduite par Serge Quadruppani est écrite dans une langue métissée de sicilien qui a fait son succès et dont la saveur a quelque chose d’exotique. Si vous n’êtes pas habitués à la prose camillerienne ni aux traductions au plus juste qu’en donne Serge Quadruppani, de cette langue particulière mêlée de dialecte sicilien et d’italien sicilianisé, si vous n’êtes pas sensible à l’humour dans les romans policiers et à celui que l’auteur déploie et que le traducteur rend, alors ne lisez pas cette chronique ni ce livre, sauf à être vraiment décidé à passer tout à la fois un bon moment de divertissement et de découverte que procure toute approche différente et élargie du langage.

Faut-il connaître tout à fait cet univers, comme moi qui suis née d’une mère sicilienne, me suis-je alors demandé, pour en apprécier toutes les subtilités ? Sans doute non car Camilleri qui connaît un grand succès dans son pays est un de ces conteurs facétieux qui mêle tous les registres, se moquant des hommes et de leur violence dans ses récits policiers. Son célèbre commissaire Montalbano fait souvent d’étranges rêves. Rendez-vous compte ici, son agent, peut-être le plus naïf ou le plus simplet de sa brigade intervient dans un de ses rêves en parlant latin à la perfection. Ainsi commence donc ce récit-là.

Le manteau de Proust, Lorenza Foschini

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Le manteau de Proust, La Petite Vermillon, traduit de l’italien par Danièle Valin, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lorenza Foschini Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’essai de Lorenza Foschini illustre, sans jeu de mots, un pan entier de la vie de Proust et de son cher manteau mondain. Comme il révèle l’engouement de Jacques Guérin, amateur proustien des premières heures et collectionneur de tout ce qui touche à cet univers aussi mystérieux qu’intrigant.

Ce livre, donc, n’est pas seulement une enquête minutieuse quasi ethnographique sur le destin de cette pelisse proustienne, retrouvée au Musée Carnavalet, et de tout ce qui entoure cette découverte.

A l’origine, bien sûr, il est cette relation particulière qu’un proustien, Guérin, a réussi à nouer avec la belle-sœur et légataire de Marcel Proust, Madame Robert Proust, qui, d’abord réticente, permit à Jacques Guérin de retrouver certains manuscrits et autres objets des dernières heures de l’illustre écrivain.

Cette relation découvre aussi le mépris dans lequel Marthe, la belle-sœur, tenait l’œuvre de Marcel. Elle consentit cependant à laisser filer quelques traces ; elle en perdit beaucoup, puisqu’elle brûla nombre de papiers et d’écrits.

Lisario, ou le plaisir infini des femmes, Antonella Cilento

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 15 Octobre 2016. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Lisario, ou le plaisir infini des femmes, avril 2016, trad. italien Marguerite Pozzoli, 375 pages, 23 € . Ecrivain(s): Antonella Cilento Edition: Actes Sud

 

Naples, en l’an de grâce 1644, Belisaria Morales, dite Lisario, devenue muette des suites d’une opération chirurgicale ratée pratiquée sur sa gorge dans son enfance, s’endort, à l’âge de quinze ans, pour échapper à un mariage arrangé qui lui fait horreur, et ne se réveille plus. Plongée de façon permanente dans une sorte de coma, elle est alimentée de force, dans le palais de Baia, propriété du roi Philippe IV d’Espagne, Naples, Sicile et Portugal, où résident ses parents, qui font venir à son chevet les médecins les plus illustres, sans résultat, jusqu’au jour où leur est envoyé Avicente Iguelmano, un obscur « médicaillon » catalan dont s’est débarrassé à cette occasion le maître chirurgien de la Haye chez qui ce médiocre disciple faisait des études peu glorieuses.

Lisario et Avicente sont les héros de ce roman baroque, dont l’intrigue (ou, mieux, les intrigues, tant multiples sont les destinées qui se croisent et s’intriquent) a pour toile de fond principale la Naples espagnole dans un contexte historique de luttes de pouvoir, de complots, et de la révolte populaire contre la monarchie espagnole, conduite par Masaniello et Genoino, qui aboutit à la création d’une éphémère République Napolitaine (1647-1648), dans le cadre général de la Guerre de Trente Ans.