« En réimprimant un recueil d’articles, c’est assez l’usage d’indiquer au lecteur le lien qu’on croit apercevoir entre ces pages détachées. Les parents trouvent toujours à leurs enfants un air de famille, quelques traits communs ; le plus souvent, ils sont seuls à voir ainsi », écrivait l’auteur du Roman russe, Eugène-Melchior de Vogüé (Souvenirs et visions, Plon, 1887). Tout volume recueillant et donnant à relire des articles antérieurement parus court le risque de paraître une « marqueterie mal jointe ». Le livre de Raphaël Draï (1942-2015) n’échappe pas a priori à ce reproche, s’il s’agit d’un reproche, mais la cohérence de la pensée se révèle plus forte que les tendances centrifuges des différents chapitres.
Il est singulier de rapprocher deux personnages aussi dissemblables que Freud et Moïse, l’explorateur de l’inconscient et le grand législateur de tout un peuple. Le sous-titre du volume évoque les similitudes, qu’elles soient fondées, humoristiques ou douteuses, relevées de longue date, entre le judaïsme et la psychanalyse. Ces points de contact, qui eussent peut-être horrifié les anciens rabbis, étaient apparus à Freud lui-même, comme le montre une de ses lettres :