Identification

Critiques

Une petite randonnée, Sonia Chiambretto

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 25 Octobre 2012. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, Actes Sud/Papiers

Une petite randonnée (P.R.), Actes Sud-Papiers, 2012, 66 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Sonia Chiambretto Edition: Actes Sud/Papiers

 

 

Le texte de Sonia Chiambretto s’ouvre sur une carte, un itinéraire géographique et un plan du texte en quelque sorte. Les toponymies renverront aux divers « tableaux » de la pièce. Nous pouvons suivre la fable : une troupe de théâtre part en tournée suite à des difficultés concernant le projet culturel européen, à travers les Alpes de Haute Provence. Elle s’installe dans des lieux improbables dignes des expérimentations théâtrales des années 70, depuis un abattoir, jusqu’à une bergerie en passant par un centre de secours. La fable d’ailleurs tient aussi du romanesque. Le chef de la troupe se nomme Don Quichotte, chevalier de la cause théâtrale secondé par Sancho, perchman de son état. Les scènes portent des titres de romans du dix-septième siècle : où l’on raconte l’entretien que Sancho eut avec son maître…

Tombé hors du temps, David Grossman

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 22 Octobre 2012. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Poésie, Seuil, Moyen Orient

Tombé hors du temps, traduit de l’hébreu par Emmanuel Moses, 199 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): David Grossman Edition: Seuil

« Il y a

Une respiration il y a

Une respiration dans

La douleur il y a

Une respiration » (p. 196)

 

dit la voix de l’enfant du centaure, en lui.

Une respiration, peut-être quelque chose qui prend à l’extérieur, et qui rejette de l’intérieur, quelque chose qui traverse, un passage. Une respiration, en musique, c’est aussi une pause, avec tout ce qui y passe (« elle peut – la respiration – alors être indiquée par un signe en forme de virgule ou d’apostrophe placée entre deux notes » (Larousse). Pause dans la douleur ? La douleur respirant, vivant d’elle-même ? Se reconstituant autour de son cœur même ? Accommodement de tous les êtres, dans la ville de ce livre-là qui ont pour point commun, point de fuite, d’avoir perdu un enfant.

Fée d'hiver, André Bucher

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 22 Octobre 2012. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Mot et le Reste

Fée d’hiver, décembre 2011, 160 pages, 16 € . Ecrivain(s): André Bucher Edition: Le Mot et le Reste

 

 

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le talent d’André Bucher, voici une bien belle façon de le découvrir. Dans Fée d’hiver, on sent le souffle d’un Jim Harrison, dont André Bucher est grand lecteur, mais l’écriture de cet écrivain poète paysan est unique. Et justement, elle sent le vécu, le territoire arpenté, la solitude affrontée. Fée d’hiver est un roman à la fois âpre et magnifique, austère et puissamment physique, comme les lieux dans lesquels il prend place dans ce sud de la Drôme, à la limite des Hautes-Alpes. Des lieux sauvages, entourés de montagnes, désertés par les hommes partis rejoindre les villes, où la vie, croit-on, offre plus de facilités.

Le roman démarre sur un prologue, un article paru dans le journal le Dauphiné Libéré, daté du 31 août 1948. Un fait divers « Drame de jalousie dans le sud de la Drôme », qui fait écho au titre du livre, Fée d’hiver. Cette fée d’hiver qui vient comme pour rompre une malédiction, une sorte de réparation d’accrocs dans les mailles du destin.

Némésis, Philip Roth

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Octobre 2012. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Némésis (Nemesis) trad. USA Marie-Claire Pasquier septembre 2012. 226 p. 19,90 € . Ecrivain(s): Philip Roth Edition: Gallimard

 

"Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne." Colette

 

On ne pourrait mieux épingler l’art éblouissant de Philip Roth que par cette citation. Et en particulier pour donner à ceux qui n’ont pas encore lu Némésis une idée du miracle que produit ce livre : dérouler un récit captivant avec un naturel, une élégance, une authenticité qui sont la marque des seuls grands maîtres.

Tout y est parfait : l’économie et la richesse lexicales, l’organisation serrée et impeccable de la narration, les portraits inoubliables des personnages, le souffle de rage enfin qui emporte tout sur son passage. Presque tranquillement, Philip Roth construit le point d’orgue de son œuvre comme un véritable défi universel.

Les en dehors, La liberté pour horizon, Stéphane Beau (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Vendredi, 31 Août 2012. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Les en dehors, La liberté pour horizon, Stéphane Beau, Éditions du Petit Pavé, 2011, 186 pages, 18 €

 

Avec Les en dehors, Stéphane Beau publie son troisième roman qui s’inscrit explicitement dans la veine de quelques-uns de ses auteurs favoris – Henry David Thoreau dans Walden, Ernst Jünger dans Eumeswil, Cormac McCarthy dans La Route et, en filigrane, Albert Camus dans La Peste. Le livre n’est pas non plus sans rappeler le film de Sean Penn, Into the Wild.

L’auteur opte du début à la fin pour une écriture on ne peut plus limpide qui rend la trame narrative facile à saisir. Une épidémie de peste birmane sème la mort et la désolation derrière elle. Aucun antibiotique ne réussit à enrayer son inexorable progression dans toute l’Europe : « Les frontières se fermaient les unes après les autres et chaque gouvernement faisait de son mieux pour limiter la casse et éviter la panique ».

Léopold Fort, un ancien libraire qui a tout plaqué pour se retirer, seul, avec son amour des livres et sa misanthropie, dans une bicoque en ruine sise au milieu de nulle part, se prend d’affection, à son insu, pour Colas, un orphelin de sept ans qu’il croise par hasard et dont il sauve la vie in extremis.