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Critiques

L’ours est un écrivain comme les autres, William Kotzwinkle (2ème article)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 24 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Cambourakis

L’ours est un écrivain comme les autres (The Bear Went Over the Mountain), octobre 2014, traduit de l’anglais (USA) par Nathalie Bru, 304 pages, 22 € . Ecrivain(s): William Kotzwinkle Edition: Cambourakis

 

L’ours est un écrivain, et réciproquement…

Avec ce roman, William Kotzwinkle nous offre un de ces gueuletons littéraires dont la littérature américaine a peut-être le secret, même si elle n’en a pas l’exclusivité. Un roman foisonnant, drôle et « déjanté » – comme l’on dit aujourd’hui – qui tient à la fois de la farce, de la tragédie, de la critique sociale, de l’absurde élevé au rang de logique implacable et – sans doute avant tout cela – du bonheur de l’écriture qui éveille irrésistiblement le bonheur de la lecture.

Arthur Bramhall est un universitaire pas trop brillant qui se rêve écrivain et, à l’image de son créateur, il s’est isolé dans un coin reculé du Maine pour « se réaliser » dans l’écriture. Pas vraiment inspiré il commence par plagier un best-seller, mais – peut-être heureusement pour sa réputation – le manuscrit partira en fumée dans l’incendie de sa cabane du Maine. Le coup est dur et la seule solution est de s’y remettre, de ré-écrire un nouveau roman…

A distance suivi d’Annonciation, et Moments. Traversées du temps, Henri Michaux

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 23 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Gallimard

A distance suivi d’Annonciation, et Moments. Traversées du temps, Poésie/ Gallimard, 2014 . Ecrivain(s): Henri Michaux Edition: Gallimard

 

« Un moment qui traverse la route. Un moment qui n’insiste pas.

Un moment plutôt errant.

Un moment lendemain de grands moments »

(Lieux, moments, traversées du temps)

« Le chemin enchanté des regards

refait le corps admirable, et l’être semblable.

Mais l’automne, mon ami, est mon souci

l’automne, si tu comprends

Douce est l’origine de ailes… »

(Annonciation)

L’héritage du clan Morgan, Justine Jotham

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 23 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse

L’héritage du clan Morgan, Editions Oskar, août 2014, 160 pages, 13,95 € . Ecrivain(s): Justine Jotham

 

Une fois n’est pas coutume.

Au milieu de cette richesse inégalée de chroniques de publications en tous genres qu’offre La Cause Littéraire, risquons cette courte analyse d’un roman pour les jeunes (de sept à soixante-dix-sept ans, s’entend).

Justine Jotham les connaît bien, les jeunes, et en particulier les adolescents, puisqu’elle leur enseigne notre belle langue et leur fait connaître nos belles-lettres.

Les personnages de ce roman policier à la fraîcheur juvénile sont, littérature jeunesse oblige, des adolescentes, des lycéennes, Béa et Tess, dont le caractère, fait à la fois de naïveté et de ténacité, séduit d’entrée de texte.

Peau de femme, Philippe Comar

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Peau de femme, janvier 2015, 240 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Philippe Comar Edition: Gallimard

 

Une jeune femme dissèque minutieusement tout son corps, sous tous ses angles, plis, recoins et orifices, à travers ses humeurs et ses hormones, ses hivers et ses printemps. Anatomie du corps perçu jusqu’aux tréfonds du corps vécu, le livre nous offre une décomposition de l’intérieur par l’extérieur, conduisant jusqu’au bout l’ambivalence délicate d’avoir un corps tout en étant son corps. Comme un animal en pleine mue, une femme se vit selon sa chair, se raconte selon ses histoires de peau, et expulse ses amours par tous les pores. Il lui faut par là se retrouver et se perdre selon ses plus vives sensations qui sont autant de points nébuleux de ses souvenirs charnels.

S’ouvrant par ce qu’il serait convenu d’appeler une phénoménologie du corps, le livre séduit donc d’abord par une écriture venue d’ailleurs que de l’esprit. Affirmant la pluralité des corps selon une division ultime entre l’extérieur et l’intérieur, la multiplicité des corps se déploie selon le rythme et les impressions d’une femme encore assez jeune pour se découvrir et assez mûre pour se connaître un peu. Le corps-objet ou le corps-machine, le corps malade, le corps des orifices, le corps amoureux, le corps des souvenirs, le corps du quotidien, le corps imaginé, le corps d’une cantatrice, le corps-professeur, bref

Trois langues dans ma bouche, Frédéric Aribit

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 21 Janvier 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Belfond

Trois langues dans ma bouche, janvier 2015, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Frédéric Aribit Edition: Belfond

 

Le titre annonce trois langues. L’affaire de Frédéric Aribit est dès lors claire : la langue – on peut même l’écrire à la façon de Jacques Lacan lalangue (en un mot), pour signifier haut et fort que chez Aribit c’est une histoire d’être ou de ne pas être – de vie ou de mort. Dès l’épigraphe, on devine où il va chercher ses sources, Michon n’est pas si souvent cité or il l’est ici en ouverture de l’œuvre*. Et pas seulement de cette œuvre particulière mais, ce roman étant le tout premier de son auteur, d’une œuvre qu’on peut souhaiter dense et vaste, tant le talent de ce premier opus est éblouissant.

La langue donc. Celle d’Aribit est soyeuse, élégante, d’une stupéfiante beauté tant le registre noble – parfois rompu par des éclats triviaux – est totalement assumé, maîtrisé. Mieux encore, dominé. En quelques pages, on est totalement séduit, totalement certain d’être en train de lire un grand roman et un écrivain. Un vrai. Un de ceux qui ne racontent pas d’histoires. Prenez l’expression dans sa polysémie : il prend son travail d’écrivain très au sérieux ET son objet n’est pas de raconter une (ou des) histoire(s).