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Critiques

Je ferai pousser des oliviers bleus, Jean-Pierre Artin

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 14 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Roman, Edilivre

Je ferai pousser des oliviers bleus, mars 2014, 330 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Jean-Pierre Artin Edition: Edilivre

 

L’édition de cette biographie romancée est l’aboutissement d’un rêve qu’a nourri l’auteur durant des années.

La vie de Jean-Pierre Artin, qui inspire celle de son personnage, est, on l’imagine en lisant son livre, avant même de servir de prétexte à ce livre, à elle seule tout un roman.

C’est le roman de la recherche de reconnaissance. Le narrateur, Alain Bobard, retrace, à la première personne, son enfance chaotique d’individu abandonné à la naissance par sa mère, recueilli par Marraine, l’infirmière ayant assisté à l’accouchement, puis, deuxième abandon, placé à l’âge de cinq ans par sa tutrice, qui trouve qu’il devient « encombrant », dans un internat, puis dans un autre… univers clos, secs, froids, ingrats, d’où les seules échappées sont des séjours aléatoires, plus ou moins réussis, sur l’île d’Oléron chez la mère et le beau-père de Marraine, laquelle, pour sa part, se désintéresse du garçon.

L’homme au complet gris, Sloan Wilson

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 13 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

L’homme au complet gris, janvier 2015, traduction (USA) Jean Rosenthal, 456 p. 17 € . Ecrivain(s): Sloan Wilson Edition: Belfond

 

« Le dessin particulier de cette craquelure attirait le regard des gens et, un jour que Tom et Betsy donnaient un cocktail, un des invités qui avait un peu trop bu demanda : “Dites-donc, c’est drôle. Vous n’avez jamais remarqué ce grand point d’interrogation sur votre mur ?

– Ce n’est qu’une lézarde, répondit Tom.

– Mais pourquoi en forme d’interrogation ?

– C’est une coïncidence.

– C’est quand même drôle”, conclut l’invité ».

L’homme au complet gris est l’histoire de cette craquelure, de cette fêlure dans la vie de Tom Rath, fêlure de la mort tragique de son père dont il ne sait finalement que peu de choses, fêlure de la guerre, – cette plongée armes à la main dans les ténèbres de l’Axe –, mais aussi de la trace de son amour italien trop vite oublié, comme si le rêve américain condensait et révélait toutes les fêlures de ses héros.

Danse sur le territoire, Amorce de la parole, Gwen Garnier-Duguy

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 13 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Recours au poème Editeur

Danse sur le territoire, Amorce de la parole, préface de Michel Host, décembre 2014, 52 pages, 6 € . Ecrivain(s): Gwen Garnier-Duguy Edition: Recours au poème Editeur

 

Ce recueil a fait l’objet d’une première édition aux éditions de l’Atlantique en 2011, dépôt légal décembre 2014, Couverture Sophie Cure, Illustrations et développement du ebook : studio Ultragramme

 

Choisir dans ce monde qui hésite sans cesse entre tremblements et désastre cette « parole qui allume des constellations dans la nuit ». C’est à cela qu’appelle le poète ici.

Hymne à la vie, chant d’amour et de foi en l’avenir de l’homme, qui va à l’encontre de bien des discours pessimistes ambiants de notre époque, la poésie de Gwen Garnier-Duguy révèle que par nos mots et par ceux du poète, la parole peut se faire puissante et souffler sur nos âmes cette joie que l’homme détient au plus profond de lui et qui se fécondera inévitablement.

La légende de Sleepy Hollow/The Legend of Sleepy Hollow, Washington Irving, bilingue

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Fantastique, Folio (Gallimard), Contes

La légende de Sleepy Hollow (The Legend of Sleepy Hollow) suivie de Rip van Winkle + Le Lilas de Rip van Winkle d’Herman Melville, Traduction de l’américain Philippe Jaworski, 240 p. 7 € . Ecrivain(s): Washington Irving Edition: Folio (Gallimard)

Formidable collection bilingue de folio qui nous offre ici trois des plus beaux textes de la littérature américaine du XIXème siècle. Ce bijou littéraire entre les mains, vous pouvez vous caler dans un fauteuil et partir dans l’univers merveilleux de Washington Irving. Merveilleux, pas fantastique, et c’est là le premier trait des récits de ce recueil. La nuance est d’importance. Nous sommes loin de Poe, de Hawthorne ou de Maupassant, dont l’art sublime est de glisser le surnaturel dans les failles du réel ordinaire, comme une irruption. Rien de tel avec Irving. Ses contes – et les deux contes majeurs de ce volume – prennent place dans des univers en soi merveilleux, propices au rêve, au surnaturel, à l’irrationnel.

La célèbre « légende de Sleepy Hollow » (La Légende du Val Dormant), de même que le deuxième conte de ce volume, le célèbre « Rip van Winkle », se situent ainsi en un pays de la vallée de l’Hudson baigné d’une atmosphère étrange, brumeuse, et aux couleurs du rêve. Là, point n’est besoin de s’évader du réel pour être dans le merveilleux. Un monde inquiétant parfois, irrationnel souvent, mais jamais terrorisant. Nous sommes loin, avec Irving, de l’adaptation cinématographique issue de ce conte qui cause de vraies frayeurs.

L’œil de Paris, Jean-Philippe Charbonnier

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 11 Février 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, Séguier

L’œil de Paris, novembre 2014, préface Emmanuelle de L’Écotais, 86 pages, 80 photographies, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Charbonnier Edition: Séguier

L’œuvre de Jean-Philippe Charbonnier (1921-2004) est injustement méconnue du grand public. L’exposition Jean-Philippe Charbonnier – L’œil de Paris tenue au Musée d’Art moderne de la ville de Paris (novembre 2014/février 2015) et dont le présent ouvrage constitue le catalogue, est un bel hommage rendu à l’un des plus grands photographes français de la société d’après-guerre.

Emmanuelle de L’Écotais qui a dirigé le livre et qui en signe l’éclairante préface, « Jean-Philippe Charbonnier ou l’art du grotesque en photographie », analyse les raisons de cette injustice qu’elle qualifie d’« erreur historique ».

Alors qu’il est publié depuis 1945 et qu’il travaille à plein temps pour la revue Réalités à partir de 1950, Charbonnier ne fait pas partie des 500 photographes réunis au MoMA lors de l’exposition d’Edward Steichen intitulée The Family of Man (1955). Désignée à l’époque comme la « plus grande exposition photographique de tous les temps », elle parcourt ensuite pendant une dizaine d’années le monde entier (Allemagne, Japon, Australie, Afrique du Sud…) et elle est vue par près de 9 millions de personnes. Si Charbonnier n’en est pas, ses compatriotes Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau ou Edouard Boubat sont du voyage…