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Critiques

Un merveilleux souvenir, Marc Pautrel (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 13 Juin 2023. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un merveilleux souvenir, Marc Pautrel, Gallimard, L’Infini, février 2023, 88 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Gallimard

 

Un écrivain discret aux livres de petits formats et de grand poids : Marc Pautrel. On verra comment il apparaît et comment cet auteur singulier est publié jusqu’ici par Philippe Sollers, mort vendredi 5 mai 2023. La mort d’un pape après celle de Godard !

 

Pautrel ou la deuxième peau

Sacrifions à la légendaire intro ! L’écrivain Marc Pautrel, nous ne l’eussions pas découvert sans le buzz, la bouse et la bise Christine Angot. On aime l’écrivaine Angot qui nous enseigne à rentrer entre épiderme et terreur, quand le père devient fou et la petite fille objet objectif et sujet subjectif de toutes les séductions jusqu’à la plus prédatrice. On déteste la même Angot lorsqu’elle s’impose aux écrans que pour le buzz, la bouse et les bises.

Les Répétitions et autres nouvelles inédites, Silvina Ocampo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 09 Juin 2023. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Les Répétitions et autres nouvelles inédites, Silvina Ocampo, éditions Des femmes-Antoinette Fouque, avril 2023, trad. espagnol (Argentine), Anne Picard, 288 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La maison de l’enfance

Silvina Ocampo (née en 1903 à Buenos Aires, id. décédée en 1993) est une poétesse et une novelliste issue d’une famille aisée de l’élite aristocratique argentine. Elle va avoir l’opportunité d’étudier le dessin et la peinture à Paris sous la direction de Giorgio De Chirico et de Fernand Léger. En fréquentant le milieu artistique, elle composera ses premiers essais littéraires. Elle épousera Adolfo Bioy Casares, autre écrivain argentin, en 1940. Les Répétitions est un recueil inédit, un volume qui rassemble, dans un ordre chronologique de 1936 à 1989, 24 nouvelles et deux romans courts.

Curieuse, presque effrayante est la maison du passé, la maison de l’enfance décrite par l’auteure, dans laquelle « les rosiers sont couverts de toiles d’araignées » et où se trouvent « dans la même serre (…) des plantes prisonnières au milieu de verre brisé » – « la haute maison orangée qui, les jours d’orage, brille au milieu des arbres en virant au rouge ». L’univers de Silvina Ocampo baigne dans l’onirisme, le fantastique et le déterminisme psychique, l’exploration de l’inconscient. Les croyances païennes, la religion catholique et le surréel catapultent les souvenirs familiaux, prosaïques ou merveilleux :

Silas Marner, Le tisserand de Raveloe, George Eliot (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 08 Juin 2023. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Folio (Gallimard)

Silas Marner, Le tisserand de Raveloe, George Eliot, Folio, janvier 2023, trad. anglais, Pierre Leyris, Alain Jumeau, 368 pages, 9,20 € Edition: Folio (Gallimard)

Au dix-neuvième siècle, deux George se partagent la renommée littéraire : Sand, la Française, et Eliot, l’Anglaise, et la seconde admirait l’œuvre de la première. D’ailleurs, à certains égards, cette admiration transparaît dans Silas Marner (1861) : il y a de La Mare au diable et de La Petite Fadette, ces beaux récits ruraux publiés quatorze et douze ans auparavant, dans cette évocation d’une rude campagne anglaise où la solitude et l’habitude semblent la règle, et que survienne une belle exception à cette règle !

Reprenons. Silas Marner est le troisième roman de George Eliot, qui vient de rencontrer le succès critique et public avec Le Moulin sur la Floss juste un an auparavant : à cette vaste fresque d’un amour tragique succède un récit plus bref, resserré, dont les quelque deux cents premières pages manuscrites effrayeront l’éditeur lorsque l’autrice les lui enverra – trop sombres, trop tragiques. Ses craintes s’avéreront vaines : le troisième tiers de Silas Marner est lumineuse, comme cela advient régulièrement dans le roman anglais du dix-neuvième siècle ; aux Français les fins désespérantes, aux Anglais la rédemption finale.

Peindre l’hiver, Notes sur La Pie de Claude Monet, Gérard Titus-Carmel (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Jeudi, 08 Juin 2023. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Peindre l’hiver, Notes sur La Pie de Claude Monet, Gérard Titus-Carmel, L’Atelier Contemporain, Collection Phalènes, avril 2023, 32 pages, 7 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

La fausse candeur du blanc

Que peindre, comment peindre et pourquoi ? Tant d’interrogations présentes à l’esprit de celui qui cherche à fixer un sujet sur la toile. A la première question, l’artiste qui s’engage dans une œuvre a sans doute la réponse. Quoique ? On sait que dans n’importe quel domaine artistique, l’idée initiale qui motive la création peut être oubliée, dépassée, surmontée en cours de route. Il suffit de penser au documentaire de Henri-Georges Clouzot, Le Mystère Picasso, où l’on voit le peintre tâtonner dans sa démarche, aller d’une forme première à une autre, sans que la dernière ne puisse pleinement, semble-t-il, le satisfaire. Pour reprendre des mots de Maurice Blanchot, c’est « une œuvre qui s’accomplit en se supprimant, qui se prouve en se confrontant avec elle-même et se suspend tout en s’affirmant ».

La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), Thomas Mann (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 07 Juin 2023. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Le Livre de Poche, En Vitrine, Cette semaine

La Mort à Venise (Der Tod in Venedig, 1912), Thomas Mann, Le Livre de Poche, trad. allemand, Félix Bertaux, Charles Sigwalt, Axel Nesme, 138 pages . Ecrivain(s): Thomas Mann Edition: Le Livre de Poche

 

Roman d’un déclin inéluctable inscrit dans une Venise glauque, écrasée de soleil et de puanteurs, assaillie par une épidémie de choléra, La Mort à Venise est un thrène dédié à la vieillesse et à la déchéance d’un homme. Loin, très loin des clichés de la Venise des fêtes et des touristes de la Place Saint-Marc, cette novella nous invite à entendre les derniers élans, la dernière passion, les derniers doutes, le dernier désespoir, le dernier souffle de Gustav Aschenbach, un écrivain quinquagénaire, venu à Venise pour nourrir son amour des arts et échapper un temps à sa ville d’origine, Munich, qui le déprime.

C’est un Ange qui va l’accompagner dans ce dernier chemin. Un Ange droit sorti d’un tableau de Léonard, aux traits fins, presque féminins, aux cheveux longs et ondulés. Tadzio. Dans les lignes qui suivent, surgit le Saint Jean-Baptiste de maître Leonardo, et Mann place l’image réelle au-dessus de celle de l’artiste.