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Price, Steve Tesich

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 09 Avril 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Monsieur Toussaint Louverture

Price, août 2014, trad. de l’Américain par Jeanine Hérisson, 537 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Steve Tesich Edition: Monsieur Toussaint Louverture

 

« Et soudain, l’été »

Daniel Price vient d’avoir dix-huit ans. Il va terminer ses études secondaires et avoir son diplôme. Cependant, il a perdu son combat de lutte. De ce fait, il n’aura pas la bourse universitaire qui lui aurait permis de quitter East Chicago. L’été est là et Daniel ainsi que ses deux amis de lycée déambulent dans les rues de cette ville ouvrière sans savoir encore ce que l’avenir leur réserve. Mais ceci n’est que de courte durée : l’agonie puis la mort de son père, sa rencontre avec la mystérieuse et indécise Rachel vont définitivement faire basculer Daniel dans la vie adulte…

Price est un roman fait de bruits et de fureurs. C’est la fureur de vivre et d’aimer avant que le destin ne s’en mêle pour tout détruire. C’est le temps des serments inutiles, des amitiés fragiles. Le lecteur suit les déconfitures de Daniel et voit dans sa souffrance l’amorce d’une destinée hors du commun : le roman s’achève sur une note d’espoir, un changement d’identité permettant peut-être au jeune homme dépouillé de ses rêves de devenir écrivain. Mais pas avant l’événement cathartique.

Mémoires d'un bon à rien, Gary Shteyngart

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Avril 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Mémoires d’un bon à rien (Little Failure). Traduit de l’américain par Stéphane Roques Mars 2015. 396 p. 23,50 € . Ecrivain(s): Gary Shteyngart Edition: L'Olivier (Seuil)

Commençons par l’essentiel : Gary Shteyngart est un grand écrivain. On le savait déjà depuis son premier roman jusqu’à « Une super triste histoire d’amour » mais là, avec ces « mémoires » (qui sont de vraies mémoires), notre new yorkais signe une œuvre majeure, de l’étoffe de celles qui vont compter dans la littérature américaine.

Le temps donc. L’auteur va nous emmener dans son enfance, son adolescence, sa maturation d’homme et d’écrivain. Et la matière ne manque pas pour faire souffler des accents d’épopée. Nous allons le suivre non seulement dans ses étapes de vie mais surtout dans de véritables métamorphoses : culturelles, identitaires, psychiques, linguistiques, et même physiques.

La Russie d’abord (alors URSS, au temps de la naissance de l’auteur), terre matricielle, terre des ancêtres, terre aimée et crainte, attachante et meurtrière. La famille Shteyngart a subi, comme toutes les familles juives de Russie, les souffrances du peuple juif soumis à l’antisémitisme, à la pauvreté. Elle a subi en plus, les souffrances du peuple russe, ses guerres et ses révolutions. Le trio central de la famille Shteyngart, le père, la mère et le petit Igor (oui Igor, Gary ne viendra que plus tard, on vous l’a dit « métamorphoses ») est le produit parfait de cette histoire : vivant en diable, pansant tant bien que mal ses douleurs, et surtout étonnant d’énergie. Seul le petit Igor est souffreteux, asthmatique, craintif, timide.

Silo, Hugh Howey

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 26 Mars 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Silo, novembre 2014, traduit de l’anglais (USA) par Yoann Gentric et Laure Manceau, 622 pages, 9,90 € Edition: Babel (Actes Sud)

Silo est un roman d’anticipation (le premier tome d’une trilogie déjà publiée par Actes Sud dans la collection Exofictions en 2013-2014 et qui passe donc là en version poche). C’est aussi au départ une autoédition via amazon qui a fait donc blockbuster comme on dit en jargon outre-Atlantique, mais il n’est pas difficile d’admettre que quand on est entré dans Silo, on ne peut plus en sortir. Les plus de 600 pages nous tiennent en haleine, si bien qu’on ne focalise pas sur quelques défauts qui pourraient venir se glisser dans la trame. A vrai dire, on peut chipoter, trouver quelques facilités, incongruités, mais l’ensemble est juste vraiment prenant et le principal moteur ici pour poursuivre la lecture et le plaisir quasi enfantin, au sens noble sens du terme, qu’on y prend.

Le silo semble être le dernier lieu habité de la Terre, dont l’atmosphère suite à on ne sait quelle apocalypse est devenue totalement irrespirable. Dans ce silo immense, des générations se sont succédé, en totale autonomie énergétique et très organisées. Chacun y a sa fonction mais ça ne semble pas contraignant au premier abord. La procréation y est sous contrôle, tout est sous contrôle, sous la supervision d’un maire, un shérif et son adjoint. 130 étages, un seul escalier central en acier et des mines encore plus bas, le tout enterré.

Paradis éphémères. À travers l’Orient, Donald Richie

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 25 Mars 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Flammarion

Paradis éphémères. À travers l’Orient, janvier 2015, traduit de l’anglais (USA) par Anne-Sylvie Homassel, 195 pages, 21 € . Ecrivain(s): Donald Richie Edition: Flammarion

 

Donald Richie nous avait déjà bien intéressé, il y a quelques années, dans Les honorables visiteurs (Éd. du Rocher, 2001), récit dans lequel il évoquait les relations entre Japon et Occident à travers les portraits de ses honorables visiteurs comme Pierre Loti, Charlie Chaplin, Jean Cocteau ou William Faulkner. Cette fois c’est lui-même qu’il met en scène et à lui-même qu’il se confronte à l’occasion de quelques pérégrinations au cours des années 2000 dans un Orient que le voyageur d’aujourd’hui et de demain pourrait bien ne plus rencontrer.

Les paradis fragiles ou éphémères que décrit Donal Richie sont peut-être en voie de disparition. Si Donald Richie aime voyager c’est parce qu’il préfère la différence. C’est aussi parce qu’en voyage nous abandonnons une personnalité que la familiarité nous rendait rance – nous-même. Et parce que le voyage est une incessante surprise et qu’il procure une excitation qui vous met dans l’état de comprendre à tout moment quelque chose dont nous ne sommes, chez nous, capables de faire l’expérience qu’une fois par mois. Mais ça n’est pas gagné pour autant, souvent le visiteur voit ce qu’il s’attend à voir. Donald Richie, en voyageur averti, est parti voir, écouter, sentir, ressentir.

Le langage des cactus, O. Henry (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Mars 2015. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Rivages

Le langage des cactus, traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias, 153 p. 7,65 € . Ecrivain(s): O. Henry Edition: Rivages

 

Attention, ce petit recueil peut vous faire mourir. De rire. Huit petites nouvelles, écrites à l’aube du XXème siècle, d’une modernité saisissante et d’une drôlerie de chaque instant vous attendent dans ce recueil. Encore une fois, Rivages est allé dénicher une pépite en la plume de O. Henry, journaliste et écrivain dont le talent de nouvelliste était tel qu’en 1919, neuf ans après sa mort, le plus prestigieux prix de la nouvelle américain a pris son nom, le « O. Henry Award ».

Les univers de O. Henry sont très souvent ancrés dans New-York, son dynamisme, son expansion foudroyante, sa modernité unique au monde en ce temps. Les personnages de ces nouvelles sont journalistes, malfrats, hommes d’affaires (c’est souvent la même chose ici), écrivains (encore la même chose ?). Tous rêvent de réussite, de gloire, d’argent. L’American Dream en est à ses palpitants débuts post-industriels. Mais chez O. Henry, ce rêve n’est jamais pris au sérieux et ses personnages s’y empêtrent, s’y débattent comme ils peuvent, à leur grand dam et à notre grande joie de lecteurs.  Le dérisoire le dispute au pathétique et tout y passe : la réussite, la richesse, même les étranges nouveaux statuts sociaux :