Ce recueil de Philippe Leuckx s’inscrit sous le signe du retour (« Chaque jour je reviens vigile / border l’enfant perdu » (…) « Neige revenue poudrer / le ciel de marbre »). « Un air de printemps » imprègne ses pages même s’il charrie de récentes et durables blessures.
En coulant les anciennes fatigues dans le renouveau printanier, sans évacuer la mélancolie qui garde trace des affects, dans cette confiance accordée à la nature et aux éléments, le poète fait le pari de la vie sans cesse recommencée.
Poésie ultrasensible que celle de Leuckx qui ne verse jamais dans l’impudeur des sentiments et des douleurs. Pas de détails expressément narratifs, d’exposition de soi sans le filtre du verbe : le poète y met les formes, il s’agit d’habiller les affects pour les déposer sur la page, dans ce souci de partage avec le lecteur qu’est pour lui l’écriture. Le domaine de l’intime est précieux, il réclame des trésors de soin.