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Poésie

Éphémères, Annie Perec Moser (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Coudrier

Éphémères, novembre 2019, 74 pages, 18 € . Ecrivain(s): Annie Perec Moser Edition: Le Coudrier

 

Le titre Éphémères fait immédiatement référence dans notre esprit à des instantanés, à des photographies saisies par le regard de la poète. La photographie de la couverture, signée Damien Gatinel, laisse cependant présager que, par-delà le regard, se situe l’imaginaire. Et c’est bien ce qui nous attend dans ce recueil, où Annie Perec Moser affirme l’acuité de sa vision.

À la lecture de ses poèmes, dont la forme nous paraît dès l’abord traditionnelle, quelque chose nous interpelle pourtant, comme si la rime attendue ne venait pas, comme si nous avions été bernés par cette apparente tradition formelle. C’est cela, en vérité : la poète nous surprend l’air de rien, mais elle nous ouvre en même temps à une grande fluidité au sein de sa poésie. Il n’est parfois qu’à se laisser conduire par le courant ; mais c’est pour mieux être saisi à la fin : l’ingénuité de la jeunesse rencontre fréquemment la cruauté la plus perverse, comme le montre excellemment L’enfer, commençant par le vers : « J’aimerais coudre les nuages ».

Le Val sans Retour, Éric Costan (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 18 Novembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions Douro

Le Val sans Retour, Éric Costan, Éditions Douro, mars 2021, 139 pages, 16 €

 

 

La poésie d’Éric Costan, dans ce recueil merveilleusement accompagné de dessins d’Armelle Le Golvan, nous immerge dans un univers mystérieux composé de tout ce qui ne tombe pas sous le sens. Les métaphores sont percutantes et inattendues, très visuelles ; elles plantent, dans l’esprit du lecteur, une scène, un décor déconcertants, installant petit à petit une atmosphère brumeuse et végétale, un monde de silence, de fantômes et de feux-follets.

Les mots sont forts, oppressants quelquefois : « Imagine un matin / le cœur enserré dans un poing / la rivière nous a quittés / Avec les enfants trop grands / l’amour s’est envolé / définitivement ».

Les éléments naturels et une réalité presque douloureuse s’impriment au cœur-même des organes :

Volvere, Alban Kacher (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 17 Novembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Volvere, Alban Kacher, éditions de La Crypte, juin 2021, 80 pages, 12 €

 

« La joie océane » des voyages

Alban Kacher, jeune poète de la Crypte, né en 1998, propose son premier livre, Volvere, sorti en ce juin 2021.

Le grand air des voyages nous vaut des versets au lyrisme âpre : « Je n’ai pas faim vraiment

ni soif juste

le torse qui se creuse

rêve de tempête dans la gorge »

Près du corps et de ce qui peut s’y échouer (langue), le poète décrit « des muscles qui saillent », la sueur de « ma vie de nomade ».

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama (par Fulvio Caccia)

, le Lundi, 15 Novembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama, Éditions Baudelaire, avril 2021, 152 pages, 12 €

 

Les chants d’Éros : le retour du lyrisme épique

D’entrée de jeu, la page-titre annonce la couleur : c’est un poème dont il s’agit mais pas n’importe lequel, un « roman poème ». Qu’est-ce à dire ? Laissons Claude-Raphaël Samama, auteur pluridisciplinaire dont c’est la 13e œuvre littéraire s’expliquer sur ses intentions : « On trouvera dans Les chants d’Éros ces ingrédients (personnages, progression, narration…) sauf qu’au roman supposé se mêle le parti pris d’une autre écriture, un autre rythme, une “poétisation” – un enchantement – qui voudrait introduire la dimension d’une autre langue. Celle des fous, des mages et des dieux, où, de plus, en majesté, l’antique Éros, universel et sibyllin, revisiterait les jours ». Cette préface résonne comme un manifeste. Et un sacré défi. Car si on lit bien entre les lignes, l’auteur sonne l’heure de la revanche pour la poésie sur le roman dans l’espace littéraire.

Dans le refuge de la lumière, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 10 Novembre 2021. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Dans le refuge de la lumière, éditions Bleu d’Encre, décembre 2020, 54 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

Dans le refuge de la lumière est un voyage poétique qui se savoure au fil des mots aériens de Martine Rouhart et des illustrations délicates de Claude Donnay.

La poète nous transporte, nous emmène avec elle, « d’un coup d’ailes imaginaires », dans un monde où elle se rend souvent et dans lequel elle puise « ce qu’il faut de clarté » pour affronter ses « champs de bataille ». Ses mots volent eux aussi et se détachent du ciel comme une « calligraphie des oiseaux dans le bleu ». C’est une musique délicieuse qui invite à la méditation : « chaque matin a son mystère, sa profondeur de lumière », et qui rend hommage à la source d’inspiration universelle que représente l’horizon. Ainsi, la poète rêve-t-elle à cet « instant étiré (…) dans l’infiniment loin ».

Cet état d’éveil où l’on se tient attentif « au surgissement de tout » est source de bien-être et vecteur d’une joie inexplicable, qui tinte comme un « grelot », « qu’on ne comprend pas ». Et c’est ainsi que tous les petits riens deviennent merveilles pour celui ou celle qui sait les observer : « L’oiseau dans le vent / petit bateau / aux voiles grises / qui dérive / sur l’océan ».