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Poésie

O, l’œuf, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 15 Février 2023. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

O, l’œuf, Yves Namur, éditions La Lettre volée, Coll. Poiesis, janvier 2023, 143 pages, 20 €

 

Le zéro, l’eau, le murmure

Quelle difficulté pour un écrivain de resserrer son écriture sur un ou deux éléments forts ! Ici l’on se trouve dans la danse et dans la musique du poème en un pas répété sur une musique minimale. L’on pourrait tout d’abord rapprocher ce texte du Plat de poissons frits de Ponge, pour donner à ressentir le jeu et la complexité de l’épure. Mais je retiendrai surtout le côté volatil du corps dansé.

Quels sont ces éléments ? L’œuf et sa déconstruction, des fragments graphiques que Francis Édeline qualifie de Zone Image, et aussi les 3 ou 4 lettres dont l’une est double (un E dans l’O) de ce fameux œuf, plus dégustation que forme intrigante et parfaite. Puis l’impression maritime, aqueuse, le murmure de la mer, ostinato très léger et parfois confinant à l’humour. Enfin, une langue très simple voire elliptique et pauvre.

Jeu, sets et malt, Christophe Roque & Jules Vipaldo (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 14 Février 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Jeu, sets et malt, Christophe Roque & Jules Vipaldo, éditions Contre-Pied, Coll. Le Parasol Pleureur, janvier 2023, 56 pages, 10 €

 

Jeu, sets et malt est une création d’AUTRES ET PAREILS qui a donné lieu à une exposition et une performance le 17 janvier 2023 à la Maison des Jeunes et de la Culture de Martigues. Co-édité par les Éditions Contre-Pied et la Librairie l’Alinéa, avec le comédien Christophe Roque aux photographies et l’auteur Jules Vipaldo aux textes, cette création de toute élégance esthétique avec son papier glacé figure une publication idéale pour ce qu’elle célèbre : « la terrasse de café » où nous entrevoyons avec évidence qu’elle y trouvera parfaitement sa place nomade comme dans un hall de gare, une salle d’attente, … tout lieu de passage où la lecture deviendra un plaisir de dégustation, chaque lecteur en buvant les images et les mots suivant son envie et comme en toute dilettante. Le concept est réussi : qui ne serait pas tenté de feuilleter cette création, attractive en tant qu’objet et gustative par l’arôme des mots qui s’en échappe comme la saveur d’un café sur le bord d’être mise en bouche ?

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 09 Février 2023. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau, Editions Conspiration, novembre 2022, 80 pages, 9 €

 

La note bleue

La nuit, l’insomnie, les cigarillos, la présence déchirante d’un Chet Baker puis quand revient le silence, du fin fond de l’obscurité, la brusque irruption des imprécations des fantômes familiers qui ne cessent de hanter le poète. La poésie peut célébrer la nature, chanter l’amour, comme elle peut explorer les ténèbres, celles que l’on porte en soi. Grégory Rateau a fait ce second choix. Mais est-ce un choix ou une nécessité vitale ? L’intensité des mots, des images, des souvenirs ébauchés, malaxés dans un maelstrom de sensations paradoxales, parfois antinomiques foudroie par l’authenticité qui s’en dégage.

Enfant de la nuit il veille

traverse la ville ivre de songes

un éclaireur pour ses frères

un maudit pour sa famille

Baisers soufflés, Patrick Devaux (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 02 Février 2023. , dans Poésie, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Baisers soufflés, Patrick Devaux, Pierre Turcotte éditeur, Coll. Magma Poésie, novembre 2022, 54 pages, 13,70 €

 

Dès les premières pages de ce recueil publié dans la Collection Magma Poésie, le lecteur se laisse bercer par la poésie aérienne de Patrick Devaux. Le poète ouvre sa « main de doutes » et souffle des mots qui, portés par le vent, s’envolent vers l’horizon comme autant de baisers-oiseaux. « Veilleur d’étoiles », il se tient à l’écoute des cris émis par les souvenirs, il les « devine » sur la plage du temps, comme un promeneur attentif aux coquillages, qui avance en prenant garde de ne pas les écraser. Il sait « l’écho » dont les phrases peuvent être gardiennes. Il sait qu’on ne pourra jamais tout dire « du vent qui traverserait la mouvante chevelure du temps ». Mais il dédie des mots ailés à la « passagère de l’oubli », celle que le train de la vie a emportée.

Ces « baisers soufflés » sont émis par des lèvres qui tremblent, et ces instants fragiles ressemblent à une « pause éternelle ». Au fil des métaphores, on savoure l’essence vibrante de la mémoire ressuscitée, douce mais teintée de gravité, car, comme le dit le poète, « la poésie vit parfois de terribles moments ». Mais la « beauté » n’est jamais loin, et celle d’une gare « dépend /des /souvenirs/ oubliés/ sur/ le quai / et/ d’un baiser/ soufflé/ dans / une main ».

Bumboat, Pierre Vinclair (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 17 Janvier 2023. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Le Castor Astral

Bumboat, Pierre Vinclair, Le Castor Astral, septembre 2022, 88 pages, 12 €

 

Il y a peu d’années, l’auteur, qui habitait alors Shanghai avec sa  femme Clémence, annonçait à son ami Ivan – le fameux poète Ivar Ch’Vavar – son probable départ pour Singapour (où le présent livre fut écrit et se tient) en un sonnet drôle et parfait – figurant dans le recueil « Sans adresse » (Lurlure, 2018) :

 

« Ivan, ne prends pas tout de suite un billet pour

Shanghai : il se pourrait que nous quittions la Chine

au début de l’été. Une grosse semaine –

quinze jours : nous saurons dans un délai très court.

Je dis, je tais, j’avance en faisant un détour,

révélant quand… mais la destination ? Devine !