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Les Livres

La cavalcade africaine, Mandy Retzlaff

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, Jean-Claude Lattès

La cavalcade africaine, traduit de l’anglais par Perrine Chambon, septembre 2014, 280 pages, 22,00 € . Ecrivain(s): Mandy Retzlaff Edition: Jean-Claude Lattès

 

Patrick Retzlaff, arrière-petit-fils du baron Moritz Hermann von Münchausen propriétaire d’une remarquable écurie, est installé depuis 1965 en Rhodésie, un pays qu’il aime à la folie et où, comme son propre père avant lui, son objectif est d’exploiter une grande ferme dans ce que l’on a surnommé « le grenier à blé de l’Afrique ». Mais sa véritable passion, comme un fil tendu entre les générations, est l’élevage et le dressage de chevaux. Sa future femme ne pourra être qu’une personne partageant ses goûts et c’est naturellement que quelques années plus tard, lui, Mandy son épouse, ainsi que leurs trois enfants, emménageront en 1992 à Crofton, dans la ferme de River Ranch avec leurs quatre chevaux, le tout au milieu du bush d’un pays rebaptisé le Zimbabwe. Un domaine paradisiaque (le terme revient souvent sous la plume de Mandy Retzlaff) qu’ils souhaitent un jour transmettre à leurs enfants.

« Défricher le bush pour y bâtir une ferme, c’est un peu comme monter un cheval : vous ne pouvez pas le forcer à vous obéir, vous ne pouvez que lui demander. Comme le cheval, la terre a son caractère bien à elle. Elle peut être obstinée. Elle peut être rebelle. Mais elle peut également vous apporter de grandes joies et vous dévoiler ses secrets si vous apprenez à collaborer avec elle » (p.41).

Les fausses dents de Berlusconi, Jacques Drillon

, le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Grasset

Les fausses dents de Berlusconi, octobre 2014, 320 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jacques Drillon Edition: Grasset

 

 

Certains auteurs vous frappent par la galerie de portraits qui se dessine à la lecture de leurs livres (Balzac, Proust, Dostoïevski), certains parviennent en un paragraphe liminaire à recréer l’ambiance d’un lieu ou à vous plonger dans une atmosphère particulière (Simenon, Modiano). D’autres vous étonnent par le tranchant de leur manière de raconter (Berhard, Guibert) ou vous font valser avec la narration pour vous mener à l’autre bout de la piste sans même que vous l’ayez remarqué (Echenoz). D’autres, enfin, et Jacques Drillon est de ceux-là, constituent une œuvre foisonnante dans des genres variés (essai, musique, grammaire, traduction, biographie, récit) – on pense également à Charles Dantzig – et vous séduisent par leur français limpide, leur phrase parfaitement construite.

Le passager d’Istanbul, Joseph Kanon

, le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, USA, Roman, Seuil

Le passager d’Istanbul, septembre 2014, traduction (USA) de Lazare Bitoun, 484 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Joseph Kanon Edition: Seuil

 

Voici un polar bien atypique. Si d’habitude, nous suivons dans ce genre littéraire la quête d’un meurtrier, dans ce roman, c’est avant tout à la conservation d’un assassin que nous veillons. D’autre part, s’agissant de l’enquête du meurtre perpétré ab-initio, il s’avère que c’est au meurtrier lui-même que l’on donne cette tâche.

Joseph Kanon situe son action en Turquie juste après le Seconde Guerre Mondiale. Ce pays neutre avait dû faire face à la préservation d’un équilibre précaire entre les alliés occidentaux et la Russie communiste. Bien que la guerre soit terminée, Istanbul et Ankara se trouvent néanmoins toujours dans cette situation inconfortable de balancier.

Ainsi, quand les Forces Secrètes Américaines font venir à Istanbul un ancien nazi roumain à des fins d’obtention d’informations secrètes russes, et que le responsable de l’opération est tué, le « coursier » en charge du transfert se retrouve bien en peine. Il doit en effet trouver une solution pour évacuer ce monstre recherché par les russes et haï par tellement de gens qu’il risque la mort à chaque instant.

Moisson, Jim Crace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Octobre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire, Rivages

Moisson (Harvest) Traduction de l’anglais Laetitia Devaux Août 2014. 266 p. 20 € . Ecrivain(s): Jim Crace Edition: Rivages

 

La lecture de Moisson est une expérience littéraire qui se fait rare : lire un roman du début du XIXème siècle américain écrit en 2014, vous l’avouerez, ce n’est pas commun. Et lire un chef-d’œuvre du XIXème siècle écrit aujourd’hui est encore plus stupéfiant. Bien au contraire. Cette lecture est un bonheur de chaque instant, une sorte de voyage – dans l’espace certes puisque nous sommes en … - mais surtout dans le temps. Parce que l’histoire se situe en … mais aussi parce que Jim Crace écrit comme le faisait un Washington Irving ou les sœurs Brontë, dans une langue classique et dans un élan propre au romantisme littéraire.

Les points de suspension qui précèdent ne sont pas un oubli ou une erreur. On ne sait réellement pas où se situe l’action, ni quand. Jim Crace s’inscrit délibérément dans une sorte de nulle part hors temps qui accentue encore le sentiment d’universalité et d’éternité que sécrète ce roman. A la manière vraiment des contes anciens « il était une fois, dans un pays imaginaire … ». Pays – village - coupé du monde. Le narrateur est un « immigré » mais il a fini par s’intégrer totalement à ce monde isolé, consanguin, ce « royaume de parentèle »

La petite lumière, Antonio Moresco

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 23 Octobre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Italie, Verdier

La petite lumière (La lucina) traduit de l’italien par Laurent Lombard, septembre 2014, 128 p. 14 € . Ecrivain(s): Antonio Moresco Edition: Verdier

 

 

Vraie découverte que ce premier récit traduit en français de l’italien Antonio Moresco. Une précieuse « petite lune », pour reprendre les mots mêmes de l’auteur, qui s’est détachée de son grand œuvre, pas encore publié, Increati (Les incréés) qui viendra clore un livre unique (à tous les sens du terme semble-t-il) de près de trois mille pages dont les premières étapes ont été Gli esordi (Les débuts) et Canti del caos (Chants du chaos), que les lecteurs français ne connaissent pas encore. Un grand œuvre que l’auteur a commencé il y aujourd’hui trente ans et dont cette lune détachée, écrite en 14 jours, s’est imposée à lui dans une urgence d’écriture venue de loin et à laquelle il tient beaucoup. L’intimité de cette œuvre et sa profondeur s’imposent aujourd’hui à nous, pour notre plus grand bonheur.