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Les Livres

Le Guide et la Danseuse, R. K. Narayan

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 19 Novembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman, Zulma

Le Guide et la Danseuse, septembre 2015, trad. de l’anglais (Inde) par Anne-Cécile Padoux, 268 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): R. K. Narayan Edition: Zulma

 

C’est une belle initiative des Editions Zulma que la réédition de ce roman de 1958 de l’auteur de l’ouvrage Dans la chambre obscure, présenté en août 2014 dans les chroniques de La Cause Littéraire.

Le Guide et la Danseuse est construit sur l’alternance de deux voix, celle du personnage principal, Raju, qui raconte à la première personne certaines périodes de sa vie, et celle d’un narrateur extradiégétique omniscient, qui « voit » évoluer Raju dans d’autres tranches de son existence.

Car Raju vivra plusieurs vies entre sa naissance et sa mort.

Sous ces deux points de vue alternés, se reconstitue pour le lecteur, en un récit non linéaire où les temps de l’histoire s’entremêlent de manière anachronique, le destin singulier de Raju, fils d’un pauvre commerçant rural dont les affaires se mettent soudain à prospérer lorsque la modernité débarque au village (l’action se passe, comme dans la plupart des romans de Narayan, dans le petit bourg imaginaire de Malgudi) avec l’arrivée d’une voie ferrée et la construction d’une gare.

Illska, Eiríkur Örn Norddahl

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 19 Novembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Métailié

Illska, août 2015, trad. Eric Boury, 600 pages, 24 € . Ecrivain(s): Eiríkur Örn Norddahl Edition: Métailié

 

Illska est une pièce monumentale, en taille pour commencer, presque 600 pages bien denses. Illska est comme une immense tapisserie murale au tissage parfois très resserré, où les motifs sont formés d’un mélange de temps qui finissent presque par se confondre : passé et présent historiques, passé et présent des individus, des protagonistes de cette histoire, avec une toile de fond amplement maculée du sang de l’Holocauste et notamment d’évènements qui se sont déroulés en Lituanie. Comme fil conducteur de la trame : l’idéologie populiste de droite (lire « fasciste ») en Europe aujourd’hui et tout particulièrement en Islande, et surtout comment l’Histoire et la politique viennent interférer en permanence, parfois même de façon obsessionnelle et souvent pour le pire, dans la vie intime des personnages du roman.

Personnages dont les trois principaux sont Agnès, Omar et Arnor, tous trois Islandais, mais seul Arnor est réellement de souche comme on dit.

Le dernier voyage, Le Docteur Korczak et ses enfants, Irène Cohen-Janca

Ecrit par Laetitia Steinbach , le Jeudi, 19 Novembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Le dernier voyage, Le Docteur Korczak et ses enfants, éd. Les éléphants, septembre 2015, illustrations Maurizio A.C. Quarello, 60 pages, 18 € . Ecrivain(s): Irène Cohen-Janca

 

Une belle découverte que nous propose la jeune maison d’édition Les éléphants : un album, aux couleurs sépia le plus souvent, qui évoque avec délicatesse, simplicité et tact la figure paternelle et charismatique du docteur Korczak ; un album qui parle avec justesse de ces enfants du ghetto de Varsovie disparus dans la tourmente nazie.

Le livre s’ouvre sur une double-page au fusain qui résume le récit : un vieil homme à l’allure décidée, qui, les bras ouverts, protège de jeunes enfants au regard noyé. L’homme est nu-tête, désarmé, et semble n’avoir à offrir que sa bonté et sa fermeté. Cet homme, c’est le docteur Korczak, Pan Doktor, un homme célèbre, un pédagogue dont les méthodes éducatives ont inspiré la rédaction de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

« C’est un grand médecin, un savant, un écrivain. Il a soigné les gens les plus riches et les plus puissants, il a donné des conférences dans le monde entier, il a écrit beaucoup de livres pour les grands et les petits, et même autrefois il parlait à la radio ».

Atlas de la France mystérieuse, Fabrice Colin

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 18 Novembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Autrement

Atlas de la France mystérieuse, mai 2015, 143 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Fabrice Colin Edition: Autrement

 

Voici le livre idéal pour préparer l’hiver en frissonnant délicatement autour d’histoires mystérieuses qui hantent l’inconscient collectif français. Fabrice Colin, auteur de SF, y décortique 40 énigmes qui ont fait vibrer l’hexagone à toutes les époques, avec élégance et pertinence.

« Nous aimons douter. Nous aimons penser que le monde est plus vaste que ce qu’il paraît. Parfois même, nous en voulons à la science de nous priver de nos rêves ».

Essayer de comprendre nos mystères, c’est une autre façon de se découvrir et de se connaître. C’est aussi s’aventurer dans un voyage à travers le temps, où les superstitions évoluent selon les époques. Les lieux hantés sont une manière détournée de nous rappeler qu’ils ont une mémoire et que d’autres personnes y ont vécu avant nous. Le livre commence par l’histoire célèbre de la dame blanche de Palavas-les-Flots qui fait éviter un accident de voiture à des étudiants et qui disparaît subitement alors que les portes du véhicule sont fermées.

Ann, Fabrice Guénier

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 17 Novembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Ann, mars 2015, 296 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Fabrice Guénier Edition: Gallimard

 

Ann. Titre désarmant de simplicité qui sonne comme une invitation impérieuse à connaître une anonyme d’un autre monde. Très vite en effet, nous tombons dans cet univers souvent mal connu : celui de la Thaïlande, des jeunes filles et des jeunes garçons prostitués.

Une écriture qui fait parfois penser à celle de Duras ; des phrases courtes, étouffées, des mots perdus, des pages avec du vide, un auteur qui parle à perte de vue. Des résidus de mémoire parfois sans importance, parfois essentiels. Mais, à vrai dire, comment en juger puisque celui qui nous parle n’est pas un faiseur d’histoires mais un amoureux, et que l’amour fait de tout geste hasardeux le signe d’un destin ?

Des phrases simples qui en disent peu, mais dans l’intervalle desquelles le lecteur devine bien plus, car « le vrai, la réalité de ça, ne pouvait pas se dire » (p.255). De la discontinuité des fragments amoureux naît la fidélité, de l’addition des mots qui ne peuvent pas tout dire paraît le tout d’un amour qui ne peut pas s’expliquer par ses parties. L’auteur nous fait comprendre que l’amour, où qu’il se vive, dessine un temps et un espace propre, un écrin de douleurs et de joies qui peuvent être désagrégées par l’oubli ou préservées dans un hommage.