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Les Livres

Albert Camus et la guerre d’Algérie, Histoire d’un malentendu, Alain Vircondelet (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 11 Février 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED, Les éditions du Rocher

Albert Camus et la guerre d’Algérie, Histoire d’un malentendu, Alain Vircondelet, Editions du Rocher, février 2022, 297 pages, 19,90 €

 

Les lecteurs français, du moins ceux qui s’intéressent à l’histoire de la guerre d’Algérie, à ses causes lointaines, seront bien inspirés de lire l’ouvrage d’Alain Vircondelet, Albert Camus et la guerre d’Algérie, Histoire d’un malentendu. Cette dernière indication complémentaire est capitale car le rapport qu’a vécu Camus avec le conflit algérien est empreint de ce malentendu. Pourtant, la publication de nombreux articles dans Alger Républicain entre novembre 1938 et novembre 1939, sous la direction de Pascal Pia, range Camus dans le camp des dénonciateurs du colonialisme, et ils ne sont pas légion à cette époque à aborder le thème de la misère de la Kabylie, titre de l’une de ses chroniques, ou le thème de la clochardisation des populations arabes, constat qui sera fait plus tard par des appelés français en Algérie, en plein bled, dans « l’intérieur », selon l’expression employée pour désigner l’au-delà du littoral algérien.

Météores, Stéphane Barsacq (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 10 Février 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Météores, Editions de Corlevour, Revue Nunc, 2020, 196 pages, 15 € . Ecrivain(s): Stéphane Barsacq

 

« Ce n’est encore rien d’être né ; ce qu’il faut, c’est renaître ; renaître à soi et au monde ; renaître à la divinité qui nous importe et qui nous inspire » (Défi).

« Proust baroque, d’une intégrité sans faille, n’a-t-il pas publié lui-même de nombreuses versions des mêmes œuvres, pour se corriger toujours et continuer plus avant (c’est-à-dire en aval) sa recherche, que l’on pourrait qualifier d’optimiste, du temps perdu ? » (Leonhardt).

Souvent ici même les grands classiques et les grands modernes, les livres fondateurs, nécessaires et essentiels sont revisités, preuve s’il en était, que l’actualité des romans, des recueils et des essais, s’appuie sur leur force, leur originalité, leur style, leur savoir et leur saveur et non uniquement sur l’actualité de leur parution. Certains livres sont éternels, ils se transmettent, s’offrent, se classent, et attendent avec patience et sérénité qu’une main s’en saisisse et qu’un regard nouveau s’y glisse, pour ne plus s’en détacher.

Gorki et ses fils, Correspondances (1901-1934) 2ème partie (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 10 Février 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Gorki et ses fils, Correspondances (1901-1934), éditions des Syrtes, février 2022, trad. russe, Jean-Baptiste Godon, 480 pages, 23 €

 

La chaîne des sodalités

2. Lettres à Zinovi

La deuxième partie de cette correspondance s’établit entre Gorki et Zinovi Pechkov, grand voyageur. Zinovi séjourna tout d’abord à Stockholm, à Détroit, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, étant « déserteur au regard de la loi russe ». Il dépeint l’Amérique du début du XXème siècle et son organisation capitalistique : « Tous s’efforcent d’engranger autant de dollars que possible, les ouvriers comme les rupins (…) Et tout est follement cher (…) ». La course au profit, les exactions, les injustices, la manière décomplexée de gagner de l’argent donnent lieu à la description éloquente d’une « maison de passe », dont le morceau narratif pourrait illustrer une scène cinématographique.

Le Cavalier de la nuit, Robert Penn Warren (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 09 Février 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Séguier

Le Cavalier de la nuit, Robert Penn Warren, février 2022, trad. anglais (USA) Michel Mohrt, 608 pages, 22 € . Ecrivain(s): Robert Penn Warren Edition: Séguier

 

L’origine du roman

Robert Penn Warren avait 34 ans lorsque son premier roman Night Rider (traduit et publié en France en 1951 sous le titre Le Cavalier de la nuit) fut publié en 1939 aux États-Unis. Né dans la ville de Guthrie au Kentucky, un Etat du Sud au surnom évocateur de Bluegrass state, pour ses vallées agricoles prospères, ses riches pâturages et ses plantations de tabac, il rejoint au début des années 1930 d’anciens condisciples écrivains de l’Université Vanderbilt pour fonder un groupe littéraire aux références agrariennes : les Southern Agrarians.

Des précisions biographiques qui éclairent le choix par Robert Penn Warren d’un épisode particulièrement douloureux de la vie des planteurs de tabac du Kentucky au tout début du XXème siècle, qui va servir de trame historique à son roman. C’est en effet dans les années 1904-1909 que les Etats du Kentucky et du Tennessee, premiers fournisseurs mondiaux de tabac noir, connurent une période de troubles civils et de violences, plus connue sous le nom de Black Patch Tobacco Wars.

La Maison loin de la mer, France Burghelle Rey (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 09 Février 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Editions Douro

La Maison loin de la mer, éditions Douro, juin 2021, 72 pages, 15 € . Ecrivain(s): France Burghelle Rey

 

Dans une collection qui vise à honorer l’atelier de « fabrique » de l’écrivain et à offrir au lecteur le noyau même de l’écriture, France Burghelle Rey tisse tout à la fois le récit de l’écriture présente et les méandres d’une mémoire qui ceint le tilleul, l’odeur du village natal et les personnages précieux du passé, parfois difficiles à cerner tel cet homme, telle cette Rose, grand-mère pourvoyeuse.

Le talent de l’auteure est de montrer l’anamnèse difficile des moments clés d’une vie enfouie, de les éclairer avec les œuvres en train d’être lues ou rappelées.

Ainsi défilent les poèmes de soi ou d’autres, les extraits d’Ancet, de Singer ou de l’amie Geneviève Hutin, hélas disparue.

France Burghelle Rey tâtonne, revient à la cause, s’acharne pour dépecer ce mystère de la « maison » d’écriture (comme le nomme Dorion).

Pourquoi écrire ? Pourquoi passer tant de temps à orner sa vie des mots qu’il faut requérir, avec joie, avec peine ?