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La Une Livres

Le gang de la clé à molette, Edward Abbey

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 28 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Roman, Gallmeister

Le gang de la clef à molette, illustré par Robert Crumb, traduit de l’américain par Jacques Mailhos 2013, 550 pages, 25 € . Ecrivain(s): Edward Abbey Edition: Gallmeister

 

Voici un gang plein de verve, charismatique, drôle, qui vit des aventures enlevées ! Un gang formé de quatre personnages hauts en couleurs, des espèces de pieds nickelés qui se révoltent contre les grandes firmes industrielles qui saccagent les somptueux paysages de l’Ouest américain, à coups de ponts, de routes, de voies ferrées…

Armés de clefs à mollette (mais aussi de quelques bâtons de dynamite bien plus efficace), les membres du gang entreprennent de détruire systématiquement toutes ces choses qui défigurent des paysages qu’ils aiment tant.

Le gang est formé de quatre personnes.

Il y A.K Servis, alias Doc, chirurgien réputé, mécène du gang, avec toujours un cigare au coin de la bouche.

Sa compagne, Ms Bonnie Abbzug, qui fait se retourner tous les hommes (et les femmes aussi) sur elle.

Nouvelles du New Yorker, Ann Beattie

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 28 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Nouvelles, Christian Bourgois

Nouvelles du New Yorker, trad. (USA) par Anne Rabinovitch avril 2013, 379 p. 20 € . Ecrivain(s): Ann Beattie Edition: Christian Bourgois

 

 

Pour certains d’entre nous, Ann Beattie a accompagné nos années d’adolescence post soixantehuitarde. Elle est de ces plumes qui ont su capter une époque, un style, un mode de vie, des silhouettes, des mots : ceux de la « libération » des langues et des esprits. Du moins de la pseudo libération car elle cachait bien sûr d’autres enfermements, d’autres illusions, d’autres croyances imbéciles. Et ça aussi, Ann Beattie l’a saisi.

Vous l’avez compris, les nouvelles réunies ici, pour une large part d’entre elles, datent des années 70 et ont été publiées, dès leur naissance, par le célèbre New Yorker, magazine littéraire et culturel de Big Apple. Et on y retrouve tout cet univers d’alors : babas cool, chipoteurs psychologisants, fumeurs de joints, révolutionnaires de salon, nanas « libérées », gratouilleurs de guitares et de rimes approximatives, théoriciens nuls de l’avenir du monde, artistes dans un devenir qui ne viendra jamais.

Jerusalem, Justine Augier

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 25 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Actes Sud, Histoire

Jerusalem, Mai 2013, 164 p. 18 € . Ecrivain(s): Justine Augier Edition: Actes Sud

 

Il est toujours périlleux de confronter des points de vue portant sur des sujets d’une actualité brûlante. C’est le cas du conflit israélo-palestinien, et de la ville de Jérusalem, de son statut territorial et politique qui cristallise si aisément les passions. Justine Augier, qui a vécu cinq ans dans cette ville, échappe à cet écueil dans son dernier ouvrage intitulé justement : « Jérusalem ».  Elle évoque, à travers les récits de quatre personnages nommés chacun par une initiale, E. ; S., N. ; O. ; des aspects de la vie dans la ville, des périodes de l’histoire de cette région, la Palestine et l’état d’Israël, qui, toutes, prêtent à controverse, ou sont largement emblématiques de l’état du conflit proche-oriental.

Pour accentuer l’effet de distanciation, de regard critique, ou peut-être de mise en perspective, Justine Augier ajoute des citations d’écrivains, certains issus de la région, comme Amos Oz, Aaron Appelfeld, ou encore Mahmoud Darwich, Elias Sanbar. Tout  y est traité : l’évolution de l’état hébreu, la situation de la ville de Jérusalem, avant et après  la guerre des Six Jours, la persistance de la guerre dans l’histoire israélienne, un certain conformisme conduisant à l’uniformité des conduites en Israël.

L'averse, Fabienne Jacob

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 25 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Gallimard

L’averse, juin 2012, 136 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Fabienne Jacob Edition: Gallimard

 

Ce roman est un exercice de style.

Pour Fabienne Jacob, il s’agit, d’un bout à l’autre de L’averse, la trame romanesque servant de prétexte à ce déploiement, de dire le désir, dans son mouvement, dans son élan irrépressible (bien que constamment empêché par les contraintes face auxquelles le réel et le social continument nous placent, – vrai mur).

Dans son élan, c’est-à-dire dans sa vérité intrinsèque, qui est d’être ontologiquement non socialisé, de communier avec le feu, l’eau, les parfums de mousse en automne dans les sous-bois, les coulées de lave qui rejoignent le crépitement – ineffable – et la vapeur de l’eau de mer.

Mais encore ne s’agit-il pas pour Jacob de dire tout à la fois le désir masculin et le désir féminin (car il est bien, pour elle, deux formes très distinctes de désir). Sa visée dans L’averse est de dire uniquement le désir masculin.

L'épître des ombres et des trombes, Ibn Shuhayd

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 24 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Bassin méditerranéen, Poésie, Récits, Sindbad, Actes Sud

L’Epître des ombres et des trombes, texte établi, annoté et traduit de l’arabe par Philippe Vigreux, mai 2013, 116 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ibn Shuhayd Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Le chant audacieux de Ibn Shuhayd

 

L’ouvrage est composé de trois parties accompagnées d’un prologue. Dans cette ouverture, ivre de poésie, Ibn Shuhayd compose. Cependant, il se rend compte assez vite de son manque d’inspiration. Cet état l’aurait plongé dans le désespoir s’il n’avait pas rencontré un allié bien particulier : « A ce point je restai court et le souffle tari. Je vis alors à la porte du lieu où j’étais assis un cavalier monté sur un cheval noir autant que l’était sa barbe (…) ». Il s’agit de son génie inspirateur qui désormais l’accompagne et l’aide dans sa tâche : « Depuis lors Abû Bakr dès que mon souffle se tarit, que je perds le fil de mon idée ou qu’un tour me fait défaut je n’ai qu’à chanter ces vers et mon ami m’apparaît ». Avec cette aide venue d’un autre monde, le poète ne peut que réussir dans son entreprise. D’autant plus qu’il fera sur le dos du cheval de son Génie bienfaiteur un merveilleux voyage. Il traversera des mondes inconnus, il foulera des terres lointaines et fabuleuses où il discutera avec les Génies et Djinn pour les obliger à louer son œuvre.