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La Une CED

Les Larmes, Pascal Quignard (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 29 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

« J’aime la solitude, les chevaux sans frein, sans bride, sans rênes, sans selle, sans fers. J’aime leur corps magnifique. J’aime l’eau qui passe et où on plonge et d’où l’on sort nu et neuf comme au premier jour où l’on se prend à découvrir qu’on est toujours en train de naître ».

P. Quignard

 

Fontaines d’antan

Ce livre est d’autrefois, disons d’hier, car publié en 2016, année tombée dans la nuit des mémoires, mais il nous parle de temps plus lointains, temps carolingiens, d’entre histoire et légende, ceux des forêts sombres et des claires rivières, ceux d’une terre naissante à elle-même, sacrée, terre franque, bientôt française, il ne s’en faudra que de quatre ou cinq siècles. Ce livre merveilleux rejoint ces âges où les sombres forêts étaient peuplées de fées qu’on appellera sorcières, devineresses et auparavant chamanes. Elles contemplaient la digitale, l’herbe à Robert, lavaient les racines guérisseuses et comprenaient la giration des étoiles.

Poèmes, par Charles Bruno Orlac

Ecrit par Charles Orlac , le Mardi, 29 Janvier 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Partout du feu

 

C’est partout du feu

Folie

Un jeu

Qui a pour nom

Barbarie

 

Il pleut

Sur l’enfant mort

Il pleut

Des pluies

Corbeaux

Sans adresse, Pierre Vinclair (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 28 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Sans adresse, Pierre Vinclair, éd. Lurlure, janvier 2019, 136 pages, 16 €

Réel

J’ai abordé le livre de Pierre Vinclair comme un recueil de textes dont j’ai aimé la forme claire de sonnet, lequel imprime sa scansion, sa cadence, et produit des poèmes parfois versifiés, mais pour la plupart en vers libres. Ainsi, hormis le prétexte contingent d’une installation de l’auteur et de sa femme à Singapour puis à Shanghai, le travail d’écriture reste égal, tourné vers le récit tout autant que vers la langue. C’est la réalité qui fait le fond du poème, avec sa nature à la fois matérielle – le découpage en quatorze vers – et désincarnée, narrative ou arrêtée, mouvante comme le suppose la lutte pour le poète à décrire des déambulations, comparables à celles de Debord, Joyce ou Homère.

C’est donc la vie en creux que l’on aperçoit au travail dans le texte, comme si elle venait affleurer à l’instar d’une écume au milieu de la page, dans le rectangle blanc du poète qui s’achève dans la page imprimée pour le lecteur – lequel s’identifie, comme au cinéma, à cette aventure spatiale, en rupture avec l’ordre ordinaire de nos vies, et qui laisse supposer aussi une rupture dans la continuité de la vie du poète, qui évoque en peu de traits sa fonction de professeur, de lettres ?, de philosophie ? Oui, cela fait coupure, rompt le cercle habituel de la littérature, même par éclats, par petits fragments qui sont autant de petites scènes de l’existence qui prennent dès lors une dimension littéraire.

Trois autres poèmes d’Encres de songerie (Editions Unicité, 2018) (par Clément G. Second)

Ecrit par Clément G. Second , le Lundi, 28 Janvier 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Un chat, qu’attendre à vue ténue rapproche,

se coule ici et là, fondu dans sa demi-présence

 

Aux doigts du matin qui s’étire, il allume

sa fourrure grisée de lueurs d’avant-jour

 

La main en l’atteignant le perd, quand elle croit

trouver le vide se surprend

à longer, effleurer son charme qui s’esquive

Œuvres complètes, I et II. Nouvelles et récits, Romans, Franz Kafka en la Pléiade (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 25 Janvier 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Œuvres complètesI et II. Nouvelles et récits, RomansFranz Kafka, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, novembre 2018, trad. allemand (Autriche) Isabelle Kalinowski, Jean-Pierre Lefebvre, Bernard Lortholary, Stéphane Pesnel, édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre avec la collaboration d’Isabelle Kalinowski, Bernard Lortholary et Stéphane Pesnel, 1408 et 1088 pages, 60 € et 55 € (prix de lancement jusqu’au 31 mars 2019)

 

« Le Voyageur du tramway » (traduction précédemment parue dans la Pléiade) :« Je suis debout sur la plate-forme du tramway et je suis dans une complète incertitude en ce qui concerne ma position dans ce monde, dans cette ville, envers ma famille. Je serais incapable de dire, même de la façon la plus vague, quels droits je pourrais revendiquer à quelque propos ce soir. Je ne suis aucunement justifié de me trouver ici sur cette plate-forme, la main passée dans cette poignée, entraîné par ce tramway, ou que d’autres gens descendent de voiture et s’attardent devant des étalages. Personne, il est vrai, n’exige rien de tel de moi, mais peu importe ».