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La Une CED

Vous êtes ici, Renaud Ego (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Vous êtes ici, Renaud Ego, Le Castor Astral, juillet 2021, 175 pages, 14 €

 

Poèmes spatiaux

Il m’a été difficile d’orienter une lecture de ce recueil de poèmes de Renaud Ego, pour en saisir une idée centrale susceptible de faire un accès aux textes. Difficile mais intéressant. Ce n’est cependant pas une poésie hermétique mais complexe, demandant une concentration importante pour suivre un chemin dans ce dédale intérieur – comme une rivière suivant son cours depuis sa source. La rédaction de ces poèmes a pris 6 années de la vie de l’auteur et on imagine facilement que les sujets de ces poésies ont suivi et accompagné l’existence du poète. C’est pour cela que l’on y voit : la femme en son érotisme, la folie et son énigme, le communisme et ses questions, des énumérations de chiffres, tout un univers qui n’est pas sans rappeler, sous certains angles, l’expérience littéraire de Pound.

Dictionnaire philosophique, André Comte-Sponville (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 30 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Essais

Dictionnaire philosophique, André Comte-Sponville, PUF Quadrige, août 2021 (3ème édition mise à jour), 1421 pages, 33 €

 

Un seul exemple de ton, contenu et style : au mot sinécure, p.1209.

« Je demande à un adolescent ce qu’il veut faire plus tard : “Je voudrais un métier bien payé, où y a pas à se prendre la tête”, me répond-il. C’était rêver d’une sinécure, peut-être sans connaître le mot, et aller au-devant de cruelles déceptions.

Qu’est-ce qu’une sinécure ? Une situation qui ne demande aucun soin (cura), n’impose aucun souci, voire aucune fatigue. Se dit surtout d’un emploi bien payé et n’exigeant que peu d’efforts. La chose est légitimement rare. On a le droit d’en rêver. Il serait injuste d’y prétendre ».

La lecture que nous propose ce Dictionnaire philosophique n’a peut-être qu’un but, précis et crucial : permettre à chacun, quand il pense (et pour qu’il ose penser !), de mieux faire saisir ce dont il parle pour mieux faire juger ce qu’il en dit. Ce que le mot fait alors comprendre guide au mieux ce que penser en fera. La bonne définition rend heureux le silence de penser, comme la leur l’indique :

Sous le non-lieu du ciel, Annie Wallois (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 29 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Sous le non-lieu du ciel, Annie Wallois, Éditions Henry, Coll. La Main aux Poètes, octobre 2020, 48 pages, 8 €

Le titre de cet opus de la poétesse Annie Wallois ouvre d’entrée la fenêtre sur le champ poétique, avec son prisme d’interprétations possibles, avec l’interpellation qu’il suscite, à la fois imagé et mystérieux. La poétesse évoque un « non-lieu du ciel », mais encore ? Ne serait-ce pas cet espace dépeuplé tel qu’il peut se refléter sur la margelle du « puits intérieur », à la disparition, la perte, l’absence d’êtres aimés ? Un non-lieu pour les autres, le focus au contraire (ici amorcé par les mots d’une poétesse) sur un lieu-dit douloureux pour qui est tristement touché. Tout devient d’une hypersensible résonance au surgissement dans nos vies d’un événement majeur personnel subi comme une effraction, toujours traumatisant (deuil, accident, dépression, etc.) et l’indifférence alentour paraît alors aussi violente qu’une indécence, une provocation (« Pendant qu’au ciel tournoient les vautours / Étrangers aux maux du monde »). Les nettoyeurs (fossoyeurs) ne sont pas les payeurs (proies, victimes) et ainsi va souvent le monde mais, nous souffle Annie Wallois, ne soyons pas pour autant fatalistes, pire, résignés :

Entretien avec Miguel Bonnefoy (par Laurent Bettoni)

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mardi, 28 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Enfant d’un monde sans frontières

 

Déjà auteur de deux romans très remarqués ayant reçu de nombreux prix et traduits dans plusieurs langues, Le Voyage d’Octavio et Sucre noir, Miguel Bonnefoy nous revient avec une saga familiale très largement inspirée de ce que ses ancêtres ont vécu, Héritage (Rivages). Un exil, deux guerres, une dictature, la traversée de l’Atlantique dans les deux sens, voilà entre autres ce qu’auront connu les personnages de cette fresque picaresque au cours d’un siècle entier. Cent ans qui, par la grâce du conteur, filent à la vitesse de l’éclair.

 

Laurent Bettoni : Votre roman s’intitule « Héritage », mais il n’est pas question d’argent ni de biens matériels. De quelle sorte d’héritage parlez-vous ?

Ajours, Un rêve autobiographique, Gérard Titus-Carmel (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Ajours, Un rêve autobiographique, Gérard Titus-Carmel, L’Atelier Contemporain, septembre 2021, 750 pages, 25 €

 

 

Continuité/Discontinuité

Ce n’est que vers la fin de ma lecture de cet ouvrage volumineux – puisqu’il résume les années d’enfance de Gérard Titus-Carmel, jusqu’à la rencontre avec Joan, en 1970 – que j’ai trouvé un point d’appui solide dans le cadre de ce fameux dessin dans le tapis d’Henry James, c’est-à-dire l’arrière-fond, l’essence d’un texte. De plus, j’ai partagé mon temps à lire les 750 pages de cet opus, traversant cette autobiographie où logiquement les faits s’accumulent. Et comme le dit bien le titre, ce rêve autobiographique nous conduit d’ombres en lumières, là où se jettent les étincellements de la mémoire comme dans un rêve, le rêve de l’auteur en son rêve, un mirage.