Identification

La rentrée littéraire

Belém, Edyr Augusto

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 09 Octobre 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Asphalte éditions

Belém, traduit du portugais par Diniz Galhos, 10 octobre 2013, 256 pages, 21 € . Ecrivain(s): Edyr Augusto Edition: Asphalte éditions

 

 

Belém ou la ville du crime


Le roman commence par une phrase minimaliste : « Johnny est mort ». Par cette simple constatation quasi journalistique, le lecteur prend connaissance du récit in media res. En effet, Johnny était un très grand coiffeur qui gravitait autour des célébrités de Belém, une ville qui se trouve au Nord du Brésil. S’agit-il d’un meurtre ou tout simplement d’une overdose d’héroïne ? C’est une question qui taraude l’inspecteur Gilberto Castro dit « Gil ». L’enquête progresse lentement et Gil va faire la connaissance de la bande d’amis du défunt. Sans le savoir il va tomber dans un piège dangereux dont l’issue pourrait lui être fatale.

Requiem, Marie-Josée Desvignes

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 09 Octobre 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Cardère éditions

Requiem, avec 12 encres de l’auteur et des photos d’Hélène Desvignes, septembre 2013, 108 pages, 14 € . Ecrivain(s): Marie-Josée Desvignes Edition: Cardère éditions

 

Requiem comme son nom l’indique est une pièce maîtresse et bouleversante. Il s’agit bien comme son titre l’indique d’un hommage à un défunt, une cérémonie du souvenir, mais aussi une pièce d’un puzzle jusque-là resté inachevé, qui vient donc combler un manque, refermer autant que possible une plaie béante, car le défunt, ici, n’a jamais eu d’existence, il n’a jamais été reconnu parmi les vivants et donc impossible de le compter parmi les morts.

Pas de pleurs, sauf les miens, en silence, toujours – loin des autres, quelque chose de honteux – faut cacher.

Il faut cacher et il faut oublier, lui a-t-on dit, et le silence est tombé comme une chape sur la mère. Cette mère qui ne l’a pas vu elle, seul le père l’a vu, l’enfant. Cet enfant non viable, lourdement handicapé, mort peu de temps après avoir été tiré du ventre, deux mois avant terme. Cet enfant qu’il fallait oublier, ne pas nommer, juste un blanc dans la lignée familiale.

Le quatrième mur, Sorj Chalandon (2ème critique)

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 05 Octobre 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Le quatrième mur, août 2013, 327 pages, 19 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

 

Peut-on arracher à la guerre, même très brièvement l’espace de quelques heures, des belligérants ? L’objectif apparaît chimérique, surtout lorsque le moyen employé est le théâtre.

Samuel Akounis, Juif grec né à Salonique, ayant miraculeusement échappé à la Shoah, né en 1940, n’est pourtant pas revenu de tout : il croit, avec une certaine lucidité, avec le poids de l’expérience tragique de l’histoire, aux vertus de générosité, à la force des idées. Cette fidélité, il tente de la transmettre à ses amis, à Georges, étudiant en histoire, théâtreux à ses heures, militant au Quartier Latin dans les années 70. Il incite son ami à introduire de l’intelligence dans la défense de ses convictions, à ne pas utiliser les comparaisons et slogans trop outrés et simplistes. Ainsi le morigène-t-il lorsque Georges se met à crier « CRS-SS » lors d’une manifestation : « Aloïs Brunner n’était pas là, Georges. Ni aucun autre SS. Ni leurs chiens, ni leurs fouets. Alors, ne balance plus jamais ce genre de conneries, d’accord ? ».

Danse noire, Nancy Huston

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Octobre 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Danse noire, 21 août 2013, 347 p. 21 € . Ecrivain(s): Nancy Huston Edition: Actes Sud

Milo est à ses derniers jours, à l’hôpital. Autour du dialogue d’écriture qu’il entreprend avec le réalisateur Paul Schwartz, Nancy Huston va dérouler la trame d’une vie, et de trois générations.

Saga du temps et de l’espace que ce roman, tissé de destins croisés ou plus exactement de destins croisés et légués. Car la dette, celle de l’héritage des ancêtres, pèse ici de tout son poids. Milo est fils de Declan, lui-même fils de Neil, l’Irlandais qui a grandi naguère au milieu des déchirements de son pays natal. La guerre civile des années 10. Elle le hante encore cinquante ans plus tard. De même que le hantent les souvenirs de ses proches d’autrefois parmi lesquels, au-delà de sa famille, des amis comme James Joyce ou William Butler Yeats. Neil aussi aurait voulu être un écrivain célèbre mais la vie … Alors les souvenirs du grand Joyce occupent le terrain laissé en friche :

 

« D’après la rumeur, il venait de signer un contrat d’édition pour un recueil de nouvelles sur Dublin, et avec Thom on se demandait si on pourrait y lire des récits de ce tonneau-là, des histoires évoquant le dessous du dessus, le sombre du clair, l’enfer du paradis. Jimmy oserait-il s’exprimer en public comme il le faisait en privé, pérorant dans un mélange ahurissant d’anglais, de gaélique et de latin sur ses prouesses priapiques avec les messalines de Monto ? »

Pour en finir avec l'espèce humaine, et les Français en particulier, Pierre Drachline

Ecrit par Sophie Galabru , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Le Cherche-Midi

Pour en finir avec l'espèce humaine, et les Français en particulier, septembre 2013. 177 p. 15 € . Ecrivain(s): Pierre Drachline Edition: Le Cherche-Midi

 

Dans ce livre de Pierre Drachline nous découvrons comme un nouveau Discours de la servitude volontaire, mais depuis le monstre froid de l'Etat a bien grandi et c'est un mal tentaculaire et omnipotent qui nous enserre dans le renoncement de nous-mêmes. Comme La Boétie, Pierre Drachline constate ahuri la force d'inertie des hommes, l'auto-conformation à l'ordre, ce vice de la servilité. Mais point de généalogie de la lâcheté, de simples coups de pinceaux pour tirer le portrait de la médiocrité humaine. La voix tonitruante, l'auteur se déchaîne contre ces abonnés absents du monde, incapables de passions et de désordre, ces nouveaux morts-vivants entre lesquels il passe avec aversion et refus. Il fait partie de ces rares qui conservent le souvenir de leurs droits naturels et sont indomptables. Il y a alors étalé le plus crument possible le dégoût des autres, sauf de quelques rares amis. Mais le misanthrope est son premier poison, tant il est plus aisé de se fondre dans la masse que de la fuir, "il faudrait pouvoir se perdre de vue. Un rêve d'aveugle." Pourtant, nulle envie de plaire, plutôt celle de déplaire comme il le prétend dans ce livre.