Identification

La rentrée littéraire

Depuis que la samba est samba, Paulo Lins

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 09 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, Asphalte éditions

Depuis que la samba est samba, Trad. du portugais (Brésil) par Paula Sainot, septembre 2014, 287 pages, 22 € . Ecrivain(s): Paulo Lins Edition: Asphalte éditions

 

 

Le roman de Paulo lins se déroule dans le Rio des années 20, et plus précisément dans le quartier de l’Estácio, où se croisent des malfrats, des proxénètes, des prostituées, des homosexuels, des immigrés. On y trouve également des artistes, des musiciens susceptibles d’incarner la bohème locale. Ismael Silva est compositeur, il aspire à changer la musique, à l’adapter à la culture de tous les Brésiliens, autrement dit, d’incorporer dans la musique les traditions issues des origines indienne et africaine du Brésil. Son ami, Brancura, ambitionne d’écrire des sambas ; il apparaît très vite beaucoup plus doué pour le proxénétisme, qu’il développe dans son quartier, en proie aux bagarres dans les bars, au trafic de drogue, aux descentes fréquentes de la police. Brancura a un rival, Sodré, fils d’immigrés portugais ayant passablement bien réussi. Ils aiment la même femme, Valdirène, l’une des plus belles filles de l’Estácio, prostituée de son état. Sodré est blanc, Brancura est noir, descendant d’esclaves.

La légende de Loosewood Island, Alexi Zentner

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 08 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Jean-Claude Lattès, Canada anglophone

La légende de Loosewood Island, traduit de l’anglais par Marie-Hélène Dumas, août 2014, 320 p. 22,00 € . Ecrivain(s): Alexi Zentner Edition: Jean-Claude Lattès

 

Les livres d’Alexi Zentner, écrivain américano-canadien, se définissent, selon les propres termes de l’auteur, comme des romans s’inscrivant dans un Mythical realism par opposition au réalisme magique latino-américain dont Julio Cortázar ou Gabriel García Márquez sont les plus brillants représentants. Dans La légende de Loosewood Island, l’auteur invente donc et une île imaginaire au large des côtes du Maine revendiquée à la fois par les États-Unis et le Canada, et la légende attachée au premier occupant de cette île, un certain Brumfitt Kings, débarqué d’Irlande en 1720 dans ce coin au milieu de nulle part, peintre au talent reconnu dans le monde entier et pêcheur de homards.

La légende (et non le mythe) trouve son origine dans le journal tenu par Brumfitt, où celui-ci relate la merveilleuse apparition d’une femme offerte en cadeau par la mer, étrange créature, « habillée d’une robe faite de corail et de coquilles d’huîtres, avec un collier de perles ». Sa future épouse « apportait en dot les richesses de l’océan, mais le prix que toutes les générations de Kings auraient à payer, l’une après l’autre, était celui-ci : un fils ».

Goat Mountain, David Vann

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 08 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

Goat Mountain, traduit de l’anglais (USA) par Laura Derajinski, septembre 2014, 256 pages, 23 € . Ecrivain(s): David Vann Edition: Gallmeister

 

« Et s’il était impossible de contenter dieu ? »

David Vann est né en 1966 sur l’île Adak, en Alaska, il est également passionné par les océans et la navigation. Il est l’auteur de Sukkwan Island (prix Médicis étranger 2010), Désolations et Impurs. Goat Mountain (éditions Gallmeister) est son quatrième roman.

« Ce roman est un retour au matériau de la première nouvelle que j’ai écrite, il y a de cela plus de 25 ans. Ce roman consume les derniers éléments qui, à l’origine, m’ont poussé à écrire : les récits sur ma famille et sa violence. Il revient également sur mes ancêtres cherokees, et leurs interrogations lorsqu’ils furent mis face à l’idée de Jésus », déclare David Vann.

Soutenu par une prose poétique de l’intériorité, l’ombre obsédante des instincts de l’avant, des temps premiers de l’Ancien Testament. La terre, la poussière, le sang, le soleil en sont les axes d’une croix qui découlent de l’éternité. Les croyances universelles se conjuguent aux résonnances de l’irréparable, à la tragédie de la survie, à la mort qui nous façonne :

Constellation, Adrien Bosc

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Stock

Constellation, Août 2014, 18 € . Ecrivain(s): Adrien Bosc Edition: Stock

« L’ « Avion des stars » ne fait ce soir pas injure à son surnom : à côté du « Bombardier marocain », la virtuose Ginette Neveu, elle aussi, part à la conquête de l’Amérique. Pour France-Soir, une série de photos s’improvise dans le hall. Sur le premier cliché, Jean Neveu au centre, amusé, regarde sa sœur, Marcel tient dans ses mains le Stradivarius et Ginette, tout sourire, l’observe. Puis Jo remplace Jean et de son œil d’expert compare la petite main de la violoniste à la puissante poigne du boxeur. »

 

Il y a d’abord une date, le 27 octobre 1949, un avion, le Constellation, son train démesuré lui donne l’allure singulière d’un échassier, un équipage et son commandant Jean de La Noüe, des passagers, Cerdan et Jo Longman, lunettes noires, cheveux graissés au Pento, Ginette Neveu et ses deux violons, une constellation vibrante qui s’embarque. A la tristesse du départ, à la nostalgie de la vallée laisse place le parfum de la belle aventure, et un écrivain qui lit dans les lignes du ciel. Il y a le décollage, le survol de la mer et des vies,  et la chute, cette perte de repères. Constellation disparaît, et avec lui : « Quarante-huit personnes, autant d’agents d’incertitudes englobées dans une série de raisons improbables, le destin est toujours une affaire de point de vue. »

Sauf quand on les aime, Frédérique Martin

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 05 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Sauf quand on les aime, août 2014, 224 pages, 18 € . Ecrivain(s): Frédérique Martin Edition: Belfond

 

Le roman Sauf quand on les aime de Frédérique Martin paru en août 2014 aux éditions Belfond, démarre à vive allure. On est dans le wagon d’un train qui file vers Toulouse. Une jeune femme noire se fait violemment agresser verbalement par un inconnu d’une trentaine d’années parce qu’elle refuse de lui donner son numéro de portable. Les insultes fusent de sa bouche, l’attitude de l’homme devient clairement menaçante. Personne n’intervient. Tout le monde fait semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, le nez baissé vers le sol. L’indifférence ordinaire. Une situation banale en somme, de celle que l’on voit parfois à la télévision ou que l’on lit dans la rubrique des faits divers seulement quand cela tourne mal. Une femme blonde, calme, va proposer à la jeune femme de s’asseoir à ses côtés et commence à entamer la conversation avec l’homme manifestement fortement alcoolisé et drogué. Il n’est plus un invisible, il devient un sujet qui a un prénom qu’il s’est attribué : Daoud et un vrai : Fabio qu’il a occulté. Il déroule sa vie sans retenue à cette oreille attentive, qui accepte de l’écouter sans en être effrayée et sans le juger. Mais ce moment suspendu suffira-t-il  pour déplacer le regard qu’il porte sur lui ?