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Critiques

Petits oiseaux, Yôko Ogawa

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 17 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Japon

Petits oiseaux, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, septembre 2014, 272 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Yoko Ogawa Edition: Actes Sud

 

Il est des livres qui nous émeuvent, d’autres qui nous agacent, nous passionnent, nous émerveillent ou nous font rire. Certains nous font frémir, d’autres nous épatent quand certains nous révoltent. Il en est peu, bien peu, qui nous apaisent. Petits oiseaux est de ceux-ci.

Petits oiseaux raconte l’histoire de deux frères, l’aîné et le cadet, que rassemble l’étrange « maladie » de l’aîné. Celui-ci, en effet, ne parle qu’une langue connue de lui seul, à l’exception de son cadet qui la comprend naturellement. Cette langue, le pawpaw, ne ressemble à rien, sauf, peut-être, au chant des petits oiseaux qui ont la volière d’un proche jardin d’enfants pour abri. Leur mère a disparu et l’on ne saura rien de leur père. Elle, elle est toujours là, sur une photo vieillie, accompagnée de broches que son aîné a patiemment collées et découpées à partir de papiers de bonbons avec des images d’oiseaux, toujours les mêmes mais parés de couleurs différentes.

Bad girl, Nancy Huston

Ecrit par Frédéric Aribit , le Lundi, 17 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Bad girl, octobre 2014, 272 pages, 20 € . Ecrivain(s): Nancy Huston Edition: Actes Sud

 

Roman des origines, origine des romans… Bad girl s’avère un livre-clef dans la littérature prolifique et exigeante de Nancy Huston. On y pénètre dans les coulisses de son imaginaire, qu’on savait depuis toujours travaillé par les questions d’identité, de filiation, et de maternité. Entre création et procréation, quoi de plus audacieux que cette « autobiographie intra-utérine » qui donne la parole à Dorrit, le fœtus qu’elle fut et qui faillit ne pas naître, n’eût-été son obstination à s’accrocher et à faire avorter l’avortement qu’on avait planifié pour lui ?

Je est une autre : cette autre à laquelle l’auteur s’adresse à la deuxième personne du singulier. Je, donc, est tu, et c’est elle qu’on voit renaître d’entre les siens, dans la tragédie pas ordinaire d’une famille de l’ouest canadien tiraillée entre morale protestante, déchirements amoureux, et ambitions empêchées. La culpabilité, viscérale chez elle, vient de loin et a de qui tenir.

Jean Giraudoux : Théâtre complet en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 15 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Théâtre, La Pléiade Gallimard

Jean Giraudoux : Théâtre complet, nouvelle édition, collection de la Pléiade 1993 . Ecrivain(s): Jean Giraudoux Edition: La Pléiade Gallimard

BIEN DAVANTAGE : Jean Giraudoux

 

Au Salon de 1739, Bouchardon exposa un modèle en terre cuite de « L’Amour qui, avec les armes de Mars, se fait un arc de la massue d’Hercule. Fier de sa puissance, et s’applaudissant d’avoir désarmé deux divinitez si redoutables, le fils de Vénus témoigne, par un ris malin, la satisfaction qu’il ressent de tout le mal qu’il va causer ». L’œuvre lui fut commandée par le directeur des Bâtiments du roi, Philibert Orry, en compensation de l’abandon de l’exécution en marbre d’une statue de Louis XIV, dont le modèle en plâtre fut détruit. Bouchardon présenta au Salon de 1746 un nouveau modèle, en plâtre, expliquant dans le livret que celui de 1739 « n’était qu’un premier travail, qui ne donnait que la pensée. Le modèle qu’on expose aujourd’hui est plus épuré, tout y est arrêté et fait d’après nature, et c’est sur ce modèle que la statue, de grandeur naturelle, s’exécute en marbre pour le Roy ». Libéré après l’achèvement de la fontaine de la rue de Grenelle en 1745, le sculpteur put en effet reprendre son projet. La perte de cette terre cuite de 1739 – que l’on ne peut absolument pas identifier avec les médiocres petites réductions non autographes des musées de Bayonne et de Lille – ne nous permet malheureusement pas de nous représenter l’aspect de ce « premier travail ».

Les inoubliables, Jean-Marc Parisis

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 14 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Flammarion

Les inoubliables, septembre 2014, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Marc Parisis Edition: Flammarion

 

Le livre de la mémoire

La Bachellerie, c’est le petit village de Dordogne où Jean-Marc Parisis passa ses vacances, dans la maison de ses grands-parents, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Il en garde un souvenir précis, heureux, lié aux éléments du paysage, à « une érotique […] purement géographique ». Une véritable image d’Epinal que vient ternir une photo trouvée un peu par hasard par l’auteur, alors qu’il cherchait des clichés pris dans « l’enceinte du Vel d’Hiv lors de la rafle de juillet 1942 ». Cette photo, c’est celle réunissant Isaac, Cécile, Jacques, Maurice et Alfred Schenkel, arrêtés avec leur mère Esther à la Bachellerie et déportés vers Auschwitz le 13 avril 1944 après l’exécution de leur père Nathan. Ils avaient fui Strasbourg comme beaucoup de familles juives pour se réfugier en Dordogne…

C’est donc à la Bachellerie que les destins de Jean-Marc Parisis et de ces enfants se croisent. Ils ont vu le même village, la même boulangerie, la même église, les mêmes collines… Ils ont eu le même âge au même endroit, même si les enfants ont été assassinés dix-huit ans avant la naissance de l’écrivain.

La Saga Maeght, Yoyo Maeght

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 14 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Robert Laffont

La Saga Maeght, avec la collaboration de Pauline Guéna, juillet 2014, 336 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Yoyo Maeght Edition: Robert Laffont

 

« Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous », Victor Hugo

 

Par le prisme d’un regard d’enfant, Yoyo Maeght, la petite-fille d’Aimé et de Marguerite, galeristes et fondateurs de la Fondation éponyme à Saint-Paul-de-Vence, retrace dans un livre paru aux éditions Robert Laffont l’histoire du projet qui animait son grand-père, marchand d’art qui vécut dans l’intimité des grands artistes de l’histoire de l’art moderne. L’auteur, la confidente, nous propose un dialogue avec un siècle de création, mais aussi l’épopée d’une dynastie amoureuse des arts sur trois générations, et la vision déchirée d’une famille qui s’autodétruit sous ses yeux.

« Je grandis parmi des hommes rares et j’apprends à voir le monde comme Miró me le montre, comme Prévert me le chante, comme Calder, Malraux, Chagall, Papy me le suggèrent, dans sa beauté, ses excès, ses secrets, ses drames aussi. J’ai l’œil attentif, posé sur la vie et sur la nature. Ces grands hommes de XXe siècle forgent mon regard » in. La Saga Maeght