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Contes

Kalila et Dimna, Abd Allah ibn al-Muqaffa (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 27 Novembre 2025. , dans Contes, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Kalila et Dimna, Abd Allah ibn al-Muqaffa, Trad. Geneviève Rossignol et Yasser Omar, Editeur : Albouraq – juin 2011, 368 pages, 17 €

 

La lecture de ce texte indien transcrit en arabe au VIIIe siècle est un bonheur, une découverte, une aventure intellectuelle, philosophique et poétique préfigurant, dit-on, les œuvres d’Al Farâbi et d’Avicenne (Ibn Sînâ).

Le livre commence par une quinzaine de pages racontant (ce qui constitue déjà, en soi, un véritable roman) la vie et l’œuvre de celui qui l’a traduit de l’hindi en arabe, le philosophe persan mazdéen Rawzabat ben Dazawaybe, connu dans le monde islamo-arabe sous le nom d’Abd Allah ibn al Muqaffa pour l’ensemble de son œuvre.

 

« Nous pouvons dire qu’Ibn al-Muqaffa est le premier réformateur social ».

Le Mendiant aveugle et autres récits de colportage – Anonyme (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 26 Août 2025. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Editions José Corti

Le Mendiant aveugle et autres récits de colportage – Anonyme Éditions José Corti – Septembre 2001 Traduction de l’anglais et postface : Françoise du Sorbier, 272 pages – 17 € Edition: Editions José Corti

 

Parce que leur origine a toujours été et demeurera inconnue, certaines histoires en deviennent d’autant plus fascinantes. On comprend surtout, à travers elles, combien elles sont les bases de notre littérature et combien même elles marquent la trace de sa progression. Tel est l’exemple que veut nous donner, à juste titre, Françoise du Sorbier qui a recueilli ces huit récits anglais, en plus du plaisir évident de les partager avec un lectorat francophone. Il s’avère que deux héros, au moins, nous sont familiers ici : Jack et son fameux haricot magique, ainsi que Tom Pouce, tous deux appartenant à des classiques destinés à l’enfance. Au contraire, les autres protagonistes nous sont quasiment inconnus, et c’est aussi en leur compagnie que les codes du conte dit merveilleux glissent vers une approche beaucoup plus moderne du récit.

La sélection de Françoise du Sorbier, en plus d’être chronologique, met en avant le dessin de ce glissement.

Cette nuit-là, la Sorcière… – Vendée, 1794, Jean-Claude Lumet (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 17 Juin 2025. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Cette nuit-là, la Sorcière… – Vendée, 1794, Jean-Claude Lumet Éditions du Petit Pavé – Août 2023 112 pages – 12 €

 

À la lecture du titre de ce récit, on pense inévitablement à plonger dans une atmosphère de légende ou de conte. Si le paysage qui entoure les personnages principaux revêt les draperies d’un cauchemar, l’histoire qui nous est narrée, bien qu’inventée, est réaliste. Du reste, il nous est précisé que les lieux mentionnés, les massacres, le nombre de tués et les noms de victimes sont authentiques. Ainsi, le récit de cette nuit vendéenne de 1794 puise son étrangeté et sa magie, si l’on peut dire, dans une succession de faux-semblants, d’idées basées sur des croyances populaires – ces mêmes croyances bénéficiant de l’obscurité et de l’oppression des luttes révolutionnaires. L’imagination des paysans prévaut sur tout autre effort de raison.

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans Contes, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Robert Laffont

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju, Robert Laffont, 2018, 296 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Pierre Péju Edition: Robert Laffont

Cinq ans après la publication de Psychanalyse des contes de fées, Pierre Péju élabore en quelque sorte une réponse à Bruno Bettelheim à travers la voix de cette Petite fille dans la forêt des contes : on ne peut pas parler ici d’ouvrage foncièrement théorique, mais plutôt du prolongement d’une réflexion initiale, déjà riche, sur les contes traditionnels. Sans vraiment réfuter l’interprétation qu’en fait Bettelheim, interprétation qui se base essentiellement sur les travaux psychanalytiques de Freud, Péju en propose un élargissement, et avertit aussi des maladresses très dommageables qui pourraient nous revenir si l’on faisait du livre de Bettelheim une vérité établie.

Conduit par le célèbre personnage du joueur de flûte de Hameln qui, grâce à son génie musical, emmène à sa suite tous les enfants d’un village vers un endroit dont on ne saura jamais rien, Pierre Péju se penche sur la figure de la petite fille (mais pas uniquement) et accorde une certaine place aux contes allemands de l’époque romantique : Hoffmann et Grimm sont les noms les plus connus en France, mais l’auteur réserve un éclairage égal à la richesse des contes de Ludwig Tieck, Achim d’Arnim ou Clemens Brentano.

Clapotille, Laurent Pépin (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 18 Novembre 2024. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Clapotille, Laurent Pépin, Éditions Fables Fertiles, juillet 2024, 125 pages, 17,50 €

 

Clapotille clôt une trilogie commencée par Monstrueuse féerie et L’angelus des ogres.

Une trilogie écrite sous le sceau du conte, oscillant entre le merveilleux et l’horreur. Laurent Pépin, tout au long de ces trois opuscules, crée une atmosphère oniroïde dans laquelle se déroule un échange particulier entre le narrateur du livre et le lecteur, qui n’est pas sans rappeler la relation hypnotique. Son choix formel est sans doute lié à son activité en tant que psychologue clinicien et à sa connaissance de la fonction du conte en tant que modalité d’accomplissement du désir au même titre que le rêve, la fantaisie éveillée ou le cauchemar.

Un conte n’est-il pas également le moyen de proposer une figuration d’un dérèglement ou d’une crise psychique pour déboucher sur les voies de son dépassement ?