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Contes

Contes étranges, Sade

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Vendredi, 15 Janvier 2016. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Contes étranges, Sade, 384 pages, 5,80 € . Ecrivain(s): Marquis de Sade Edition: Folio (Gallimard)

 

D’un libertinage à l’autre, lecture des Contes étranges de Sade

Pourquoi les adeptes des Infortunes de la vertu ou des Crimes de l’amour iraient-ils lire ces « historiettes » dont l’appellation, quoique choisie par Sade lui-même, convient si mal à sa réputation ? D’autant qu’elles sont en partie des réécritures de certaines Lettres historiques et galantes de Madame Du Noyer.

Mais avant l’invention des droits d’auteur, une histoire n’était à personne, donc à tous ceux qui se l’appropriaient par l’écriture. Ainsi Sade met-il du sien dans des anecdotes comme par exemple celle des Harangueurs provençaux où il situe à Marseille la scène qui se déroule initialement à Versailles pour ridiculiser les magistrats de sa province à cause desquels il est en prison.

Mais en dehors de quelques particularités de ce genre, pourquoi les amateurs de sexe et de violence se plongeraient-ils dans ces historiettes qui font l’économie des termes crus et autres habituelles évocations scabreuses, marques de fabrique de l’écrivain ? La déception ne les guette-t-elle pas dans des détails, comme ces points de suspension pour révéler que La fleur de châtaignier « sent le f… » ?

Leurs contes de Perrault, collectif

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Belfond

Leurs contes de Perrault, collectif, octobre 2015, 256 pages, 17 € Edition: Belfond

 

Leurs contes de Perrault, Charles Perrault, Gérard Mordillat, Frédéric Aribit, Alexis Brocas, Nathalie Azoulai, Cécile Coulon, Fabienne Jacob, Hervé Le Tellier, Leila Slimani, Emmanuelle Pagano, Manuel Candré, Christine Montalbetti

« Riquet et Radieuse ne se marièrent pas, n’eurent pas tant d’enfants que ça mais ils s’en donnèrent à cœur joie. Chaque jour fut une fête, chaque nuit aussi » (La Véritable Histoire de Riquet à la Houppe, Gérard Mordillat).

« Sur les feuilles, des lignes et des lignes de Serpents et de Crapauds. Des pages et des pages de lignes entières, et rien d’autre que des Serpents et des Crapauds sur toute la ramette, qu’Alix enchaînait depuis la veille au soir avec l’application confondante d’une élève de CP » (Les Fées, Frédéric Aribit).

Dans ce tourbillon littéraire, un cyclope, une fée, une sorcière, Cendrillon, Riquet, Peau d’Âne, et Barbe-Bleue. Imaginons Riquet à la Houppe qui se pique de la Radieuse Aurore et l’entraîne dans de réjouissantes escapades  – Quand elle se rhabilla Radieuse était illuminée, comme un vrai sapin de Noël– dans la MJC Andersen. Riquet qui renaît sous la plume électrique de Gérard Mordillat, l’un des Papoudes contes avec son compère Hervé Le Tellier, et qui ne manque pas d’allant pour nous conter les tumultueuses et sulfureuses aventures de Riquet, le héros à la houppe virevoltante.

La Hante, Eric Pessan & Patricia Cartereau

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 12 Novembre 2015. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

La Hante, octobre 2015, 176 pages, 25 € . Ecrivain(s): Eric Pessan & Patricia Cartereau Edition: L'Atelier Contemporain

 

Hante (N.F.) : Fréquentation/Lieu où l’on vit/Endroit pour les bêtes (Dictionnaire du Moyen Français)

C’est un enfant et c’est son grand-père, c’est un lieu, la forêt, une cabane, celle des chasseurs, et c’est une activité destinée aux adultes : la chasse… quoique… le petit d’homme aussi aime traquer toutes sortes de choses dès l’enfance, la peur du loup dans la forêt, les secrets des adultes, le corps des femmes, les choses de la vie, l’univers tout entier et son mystère et puis le mensonge, l’illusion du monde…

L’enfant ne croit pas à ce monde pas plus qu’à ses mensonges, du genre de ceux de Jonas dans le ventre de la baleine. Mais la chasse, ce sont des images terrifiantes, « chairs à vif », « mises à mort furieuse », « cris », la chair crue et nue, celle du gibier et celle des femmes sur les posters dans la cabane, qu’il explore en cachette.

L’univers de la chasse, c’est celui du grand-père et de ses amis, mais aussi celui de la femme qui cuisine le gibier, « salmis de palombe, faisans », c’est aussi le plomb que l’on retrouve après la cuisson dans l’assiette, la chevrotine. Cette présence brute et brutale du grand-père taiseux, dans la traque c’est le silence, les traces des pattes dans la boue, c’est cet état à l’affût, c’est le gibier, la proie.

Contes magiques de Haute-Kabylie, Salima Aït-Mohamed

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 22 Juin 2015. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen

Contes magiques de Haute-Kabylie, Salima Aït-Mohamed, Editions Franco-Berbères, novembre 2014, 154 pages, 19 €Contes magiques de Haute-Kabylie, Editions Franco-Berbères, novembre 2014, 154 pages, 19 € . Ecrivain(s): Salima Aït-Mohamed

Depuis les travaux de Greimas et son modèle actanciel fondé sur les recherches de Propp, et en dépit du fait que leur conclusion affirmant l’universalité des fonctions narratives du conte ont fait ces dernières années l’objet de sérieuses controverses, on est systématiquement tenté, à la lecture d’un conte extrait d’une littérature locale, orale ou écrite, d’en pratiquer une analyse comparée en le plaquant sur les schémas actanciels et narratifs qui nous sont culturellement familiers.

L’exercice est d’une facilité remarquable lorsqu’on l’applique à ces Contes magiques de Haute-Kabylie précieusement et heureusement recueillis par Salima Aït-Mohamed. Tout y est :

– situation initiale stable au sein d’une structure familiale tantôt royale, tantôt des plus humbles ;

– événement qui vient, rapidement après son exposition, brutalement bouleverser le tableau tranquille de la famille en question ;

– émergence, du sein de la famille, du héros ou de l’héroïne ;

Tétraméron, Les contes de Soledad, José Carlos Somoza

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 16 Avril 2015. , dans Contes, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Récits, Actes Sud

Tétraméron, Les contes de Soledad, février 2015, traduit de l’espagnol par Marianne Million, 256 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): José Carlos Somoza Edition: Actes Sud

José Carlos Somoza sera à la Comédie du livre de Montpellier les 29, 30 et 31 mai 2015

 

Etrange voyage littéraire que celui dans lequel nous emporte José Carlos Somoza, sur les pas de la jeune Soledad (dont le nom signifie solitude en espagnol) ! Soledad est un peu la cousine littéraire d’une certaine Alice, ce que suggère d’ailleurs l’illustration de couverture où une jeune fille passe par l’ouverture d’une page dans un livre ouvert, de l’autre côté du miroir que nous font les mots et les récits, les romans et les contes. Cousine encore plus proche peut-être d’Ofelia, l’héroïne du Labyrinthe de Pan, le beau et étrange film de Guillermo de Toro.

Partie avec la classe de son collège pour une excursion et la visite d’un ermitage, mais au milieu des collégiennes, avec leur veste d’uniforme au blason du collège et l’escorte des sœurs, Soledad est prise par un étrange sentiment, celui de ne pas exister, de n’être qu’un fantôme. Son existence physique, sa visibilité pour les autres lui semble tout d’un coup aussi évanescente que celle d’un personnage de fiction, de conte ou de roman jamais lu ou refermé et presque oublié, pourrait-on dire. A tel point qu’elle disparaît des comptages pourtant scrupuleux des sœurs…