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Les Chroniques

L'Atelier Contemporain : 4 livres, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Les Corps vulnérables, Jean-Louis Baudry, L’Atelier contemporain, août 2017, 1256 pages, 30 € (deuxième recension)

L’Enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry, L’Atelier contemporain, 2016, Préface et photographies Alain Fleischer, 176 pages, 20 € (deuxième recension)

Sans peinture, Nicolas Pesquès, L’Atelier contemporain, mai 2017, 224 pages, 25 €

L’immobilité battante, Entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat, L’Atelier contemporain, juin 2017, Photographies Michel Dieuzaide, 120 pages, 20 €

 

Ouvrir un livre que publie François-Marie Deyrolle est à chaque fois une aventure artistique et poétique, ses livres constituent l’une des plus belles bibliothèques contemporaines consacrées à l’art vivant, à l’art en mouvement, qu’il se dessine, se peigne ou s’écrive, c’est toujours une heureuse bénédiction de les lire. Contre vents mauvais et marais mouvants, François-Marie Deyrolle édite quelques pépites rares, où les mots et les images témoignent des peintres et de ceux qui les écoutent et savent les voir.

Poésie du heurt - à propos de Connaissance par les larmes, Michèle Finck, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Connaissance par les larmes, Michèle Finck, Arfuyen, septembre 2017, 208 pages, 17 €

 

Pour expliquer en quoi le dernier livre de Michèle Finck présente de l’intérêt, il faut que j’en passe un peu par ma biographie, car cette lecture s’est faite sous l’empire du heurt avec le temps – des fractions de temps volées aux réalités contingentes – et avec la psychologie – ayant un rapport ancien aux larmes qui me rend proche de cette littérature de la douleur et de la mort. D’ailleurs, le titre de l’ouvrage, Connaissance par les larmes, rappelle immanquablement la Connaissance par les gouffres de Henri Michaux, lequel a traversé le langage poétique grâce à la violence de drogues hallucinogènes afin d’explorer les possibles de l’esprit humain. Ici se sont les larmes qui sont un opium. Elles guident la poétesse dans des tourments spirituels, largement engagés dans la connaissance de dieu. Du dieu chrétien des larmes johanniques notamment. Et particulièrement autour des versets qui narrent la blessure au côté droit d’où s’échappent du sang et de l’eau. Eau, larmes, neiges, rivières et pluies : toutes ces eaux sont spirituelles.

A propos de Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, par Jean Durry

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, Phébus, 2016, Préface de Philippe Forest, Avant-propos et dossier de Jean-Pierre Lefèvre-Garros, 445 pages, 23 €

 

Cinq années, ou plutôt 59 mois, c’est si peu. Mais ils peuvent contenir la quintessence d’une vie, et même toute la naissance de l’aviation. De là le vif intérêt des Souvenirs, authentiques par définition, de Roland Garros tels qu’ils sont remis – nous y reviendrons – en lumière dans cette édition munie de tout l’appareil le plus utile pour mettre leur texte en valeur : préface, avant-propos, notes très précises de bas de page, « dossier » c’est-à-dire chronologie (6 octobre 1888, naissance à Saint-Denis de la Réunion / 5 octobre 1918, disparition en combat aérien, 38 jours avant l’armistice) et notices biographiques complémentaires. De la révélation reçue en compagnie de son condisciple de HEC, Jacques Quellenec, lors de la première Semaine d’Aviation de Reims (22-29 août 1909), à la visite de sept usines allemandes à la toute fin juillet 1914, le compte y est ; le récit d’un des grands acteurs porte le plus réaliste témoignage, restituant de son angle de vue personnel, au fil des 300 pages serrées, les aléas de la si rapide progression de cette invention majeure de la créature humaine : la conquête du vol du « plus lourd que l’air ».

Georges Bernanos, Folio : La Liberté, pour quoi faire ? et Français, si vous saviez, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Georges Bernanos, Gallimard/Folio, janvier 2017 : La Liberté, pour quoi faire ?, 256 pages, 9,30 € ; Français, si vous saviez…, 496 pages, 11,10 €

 

J’aime bien les diacres de la paroisse où je vis et dans l’église de laquelle je me rends chaque dimanche matin pour tenter de me réconcilier avec la foi en Dieu au lieu de me battre comme un chiffonnier avec, ce que je devrais arrêter de faire à quarante-quatre ans, mais bon, je n’arrive pas à devenir un adulte raisonnable ; ils sont doux, ils sont gentils, ils sont pour la paix dans le monde, et les intentions qu’ils lisent durant la messe regorgent d’une bonté délicate. Mais ils m’énervent. Mais ils énerveraient Bernanos. Ils sont pour toutes les bonnes causes, celles vues au journal télévisé, ils sont contre la misère désignée par le même journal télévisé, contre la pauvreté de ceux qui vivent seuls, et bla-bla, mais ils passent à côté de la plus grande misère qui soit, la seule qui devrait être consolée car d’elle découlent toutes les autres : les âmes modernes sont vides.

Votre regard, Cédric Bonfils, mise en scène de Guillaume Béguin, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED, Théâtre

 

Le Théâtre de Poche de Genève ouvre sa saison 2017-2018 avec une proposition autour de la forme monologue. Un collectif artistique est constitué à partir d’un choix de quatre œuvres d’auteurs contemporains. Il s’agira du Sloop 4, avec : 4,48 Psychose de Sarah Kane, Les voies sauvages d’après les récits de Dominique De Staercke, Krach de Philippe Malone, Erratiques de Wolfram Höll, et Votre regard de Cédric Bonfils. Les pièces sont répétées pendant deux semaines en parallèle, de manière à pouvoir les proposer en alternance ou en même temps entre septembre et novembre.

 

La femme silencieuse

Richard Strauss composa un opéra bouffe, Die sweigsame Frau, à partir d’une adaptation de Ben Johnson par Zweig. Ce qui est incroyable dans ce livret et dans cette création musicale, c’est que son personnage principal, Morosus, déteste le bruit : la musique, selon lui, ne procure de plaisir que quand elle est finie. Il veut à tout prix épouser une femme mutique. Il se rendra finalement compte que cela n’est pas possible. L’opéra peut-il renier ce qui fait son essence ?