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Bassin méditerranéen

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Octobre 2021. , dans Bassin méditerranéen, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis, Éd. Ressouvenances, mai 2021, trad. grec moderne, Bernard Grasset, 188 pages, 21,99 €

 

La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.

Luc XXII, 23

 

Poèmes aigus

Pour définir mon sentiment à l’égard de cette traduction et du travail de Bernard Grasset, je voudrais user d’un peu d’étymologie avec une certaine licence. Car ces poèmes aigus, comme le titre de cette chronique le souligne, s’apparentent intellectuellement à la définition du baroque, ici pensé comme perle irrégulière. Et comme de plus cette poésie défend une idée de la croyance religieuse (orthodoxe ?), cette perle irrégulière donne à penser au caractère aigu de l’irrégularité de la perle. Angles, décrochements sur la page, majuscules, tout est ici hérissé, cubique.

Penser antique (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 22 Juin 2021. , dans Bassin méditerranéen, Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED

 

Lettre à Ménécée et autres textes, Épicure, Gallimard Folio, avril 2021, trad. grec ancien, Daniel Delattre, Joelle Delattre-Biencourt, José Kany-Turpin, 112 pages, 3,50 €

L’Amitié, Cicéron, Arléa, avril 2021, trad. latin, Christiane Touya, 96 pages, 7 €

 

Parfois, il convient de faire preuve de bon sens, et de se demander quel est l’intérêt humain de la fréquentation des classiques, qu’ils soient purement littéraires ou philosophiques. Deux brefs ouvrages viennent à point nommé pour établir une nuance qui, cela est plus que probable, fera grincer les dents des spécialistes – alors que la question qui se pose n’est pas celle de l’importance universitaire mais est de savoir ce qu’apporte encore la pensée antique à l’homme contemporain en tant qu’être humain, en tant que membre de cette « fraternité » dont rêva Romain Gary.

Un détail mineur, Adania Shibli (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 22 Janvier 2021. , dans Bassin méditerranéen, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Un détail mineur, Adania Shibli, novembre 2020, trad. arabe, Stéphanie Dujols, 128 pages, 16 € Edition: Actes Sud

 

De désert et de sang

Adania Shibli, née en 1974, diplômée en 2009 d’un PHD en Sciences de la communication de l’East London University, a publié, chez Actes Sud, Reflets sur un mur blanc (2004) et Nous sommes tous à égale distance de l’amour (2014). L’auteure palestinienne a reçu en 2002 et 2004 le prix du Roman de la Fondation Qattan.

Tout d’abord, dressons un bref historique : la Palestine, dont l’existence est attestée depuis le Vème siècle avant J.-C. par Hérodote, puis partagée le 29 novembre 1947 avec le nouvel état hébreu, comprend aujourd’hui l’État d’Israël, les territoires occupés, la bande de Gaza et parfois également une partie du royaume de Jordanie, le Liban du Sud et le plateau du Golan. Elle correspond au Canaan de l’Âge du bronze. Elle est consacrée terre « sainte » du Christianisme, du Judaïsme et de l’Islam.

Un détail mineur, Adania Shibli (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 15 Janvier 2021. , dans Bassin méditerranéen, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Sindbad, Actes Sud

Un détail mineur, Adania Shibli, novembre 2020, trad. arabe, Stéphanie Dujols, Khaled Osman,128 pages, 16 € Edition: Sindbad, Actes Sud


Les filles que l’on abat


En 2020, paraissent, selon le hasard éditorial, le grand livre de l’irlandais Colum McCann, Apeirogon (cf. article Cause Littéraire), écrit en anglais aux allures de somme, et le court roman, Un détail mineur, de la palestinienne Adania Shibli. La première œuvre, à travers les figures centrales de deux pères en deuil de leur fille à dix ans d’intervalle, met en lumière la même douleur de l’inacceptable mort d’une adolescente israélienne de 14 ans, tuée lors d’un attentat-suicide à Jérusalem-Ouest et d’une fillette palestinienne de 10 ans, victime d’un tir de soldat israélien, à Anata, en Cisjordanie. La seconde raconte le destin tragique d’une jeune fille bédouine dans le Néguev : capturée, séquestrée, violée et abattue par un escadron de soldats israéliens, en août 1949.

Anthologie de la littérature grecque, de Troie à Byzance (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Décembre 2020. , dans Bassin méditerranéen, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Folio (Gallimard)

Anthologie de la littérature grecque, Gallimard Coll. Folio classique, octobre 2020, édition Laurence Plazenet, trad. grec ancien, Emmanuèle Blanc, 944 pages, 12,30 €

C’est précisé ci-dessous (si ! si ! allez-y voir !) : le rédacteur de ces lignes porte tatoués sur l’avant-bras droit les deux premiers mots de l’Iliade en grec. Est-il pour autant un distingué helléniste ? Que nenni ! D’abord, il serait douteux que Jacqueline de Romilly ou Jean-Pierre Vernant aient porté semblable ornementation ; ensuite, il s’agit d’un simple proclamation de foi, tant dans la puissance de ces mots spécifiques que dans l’appartenance à un héritage culturel – qui ne signifie en rien l’exclusion d’autres héritages culturels, merci de ne pas tout confondre et voir des opinions fâcheuses là où il n’y en a pas.

Pourquoi la Grèce ?, demandait Jacqueline de Romilly, et elle répondit à cette question dans un bel essai éponyme – dont il serait malséant de plagier les plus belles pages. La bienséance recommande juste l’honnêteté : parce que c’est de là que tout vient pour un vaste pan de la culture occidentale (réponse intellectuelle), parce que c’est de là que proviennent les plus belles histoires pour dire l’Homme (réponse sensitive). Ou du moins c’est là qu’elles ont été mises en forme, en mots, de la plus belle façon qui soit.