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Roman

Les Corps insurgés, Boris Bergmann (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 05 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Calmann-Lévy

Les Corps insurgés, Boris Bergmann, août 2020, 309 pages, 19,50 € Edition: Calmann-Lévy

 

« Il oublie son désir de courir parmi les arbres, ainsi que ses devoirs. Au lieu de balayer, il veut peindre. Au lieu de laver, il veut peindre. Au lieu d’apprendre les textes, il veut connaître les secrets des couleurs ».

Lorenzo

« La bande pratique la dérive, c’est pour eux la seule manière acceptable de se déplacer dans la ville. Depuis un point de départ, il faut se laisser guider par des événements totalement extérieurs et aller le plus loin possible, le plus profond sur la carte ».

Baptiste

« Assez simple, au demeurant : je ne m’écarte pas du chemin qu’elle a tracé pour mes doigts et ma langue, je répète, inlassable, le geste, et je pense au peintre italien dont j’ai oublié le nom qui lui ne tremble pas, malgré l’obscurité de sa chambre, lorsqu’il faut esquisser le trait le plus fin, le plus régulier ».

Tahar

Toutes les histoires d’amour ont été racontées, sauf une, Tonino Benacquista (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 04 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Toutes les histoires d’amour ont été racontées, sauf une, mars 2020, 214 pages, 19 € . Ecrivain(s): Tonino Benacquista Edition: Gallimard

 

Léo gagne sa vie en faisant des enquêtes pour la SNCF. Une vie simple, sans ambition aucune, que les modestes revenus de ses sondages suffisent à alimenter. Par ailleurs, même si son logement est un affreux gourbi, meublé d’objets déclassés et si aucun fripier ne voudrait de sa garde-robe, il possède un talent exceptionnel de photographe. Grâce à un ami qui lui sert d’agent, il a réussi à placer auprès d’offices spécialisés un bon nombre de clichés qui lui ont permis de faire quasiment le tour du monde, de renouveler ses sources et de trouver une bonne amie, Gaëlle. Cependant Léo va tout perdre d’un coup : Gaëlle, et son merveilleux talent pour la photographie. Son grave défaut, son apathie, se transforme en dépression profonde à laquelle s’ajoute une ptôse palpébrale qui l’empêche de garder l’œil ouvert, et une paralysie faciale périphérique de grade V, puis un beau jour il disparaît des yeux de ses fréquentations habituelles.

L’Anomalie, Hervé Le Tellier (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 04 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

L’Anomalie, Hervé Le Tellier, août 2020, 336 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Le début de la fin selon Hervé Le Tellier

Dans ce roman – qui selon l’auteur n’en est pas véritablement un – à double-fond, entre le temps physique et notre temps distendu, les héros de Le Tellier, sans avoir conscience du temps qui s’écoule, nous emportent dans une « anomalie » : le même avion avec les mêmes passagers se posent à deux moments différents. D’où la volonté de faire un trou dans les plis du temps de cet interstellar romanesque qui oblige des savants réunis à Washington à élaborer des hypothèses.

Pour certains, le monde est photocopiable, pour d’autres il s’agit d’un trou de verre dans les strates du temps, et pour les derniers d’entre eux il n’est qu’une pure simulation généralisée. Cette dernière idée devient « la bonne » car la plus absurde. Ce qui laisse au passage le Président Américain « bouche ouverte » comme un « gros mérou ».

Abraham, ou La cinquième Alliance, Boualem Sansal (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb, Gallimard

Abraham, ou La cinquième Alliance, octobre 2020, 284 pages, 21 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

Pour qui s’intéresse à la littérature, c’est-à-dire à un ensemble dynamique (chaque époque produit ses grands écrivains) d’œuvres achevées (il n’y aura plus de nouvelle tragédie de Racine), il est toujours passionnant de voir une œuvre apparaître, à la manière d’une île qui émerge de l’océan. En ce qui concerne Boualem Sansal, nous n’en sommes plus à observer la naissance d’un écrivain de tout premier ordre. Ses romans qui s’alignent sur nos étagères forment d’ores et déjà une œuvre à part entière, qui acquerra le statut de classique. Depuis Boumerdès, sa ville, non loin d’Alger, il a su éviter les pièges de la revendication post-coloniale et de la couleur locale. Son œuvre, d’une ampleur panoramique, obéit à une force intérieure et ne se soucie pas de complaire à des commanditaires, des journalistes ; de flatter l’air du temps ou la prudente doxa en vigueur. Abraham le confirme au besoin.

La dernière interview, Eshkol Nevo (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Israël

La dernière interview, Eshkol Nevo, août 2020, trad. hébreu, Jean-Luc Allouche, 468 pages, 24 € Edition: Gallimard

 

La dernière interview… est en réalité une somme de questions – vraies, fausses, prétextes ? – posées à l’auteur – Eshkol Nevo, son double, imaginaire, fantasmé ? – exutoire ? – par des lecteurs supposés, sur Internet : « Ces anecdotes se sont tellement perfectionnées devant les publics successifs que je ne suis déjà plus certain de les avoir réellement vécues » (p.15).

En réalité une trame, une toile tissée abordant, par-delà la vie professionnelle et familiale de l’écrivain en question(s), les thèmes de la vie politique, culturelle, « cultuelle », les grands thèmes de l’armée, de son entrée par effraction dans la vie, du voyage, de l’amitié, de la mort, de l’amour, de la poursuite, en résumé, de l’identité : « (…) L’Israélien que je décrivais dans mes ouvrages ne coïncidait pas avec le cliché qu’ils espéraient voir – un Israël d’oranges, de danses folkloriques et de raid sur Entebbe » (p.102).