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Recensions

La Tentation du repli, Sophie Braun, éditions du Mauconduit (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Lundi, 29 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres

La Tentation du repli, Sophie Braun, éditions du Mauconduit, mai 2021, 197 pages, 19 €

Bien qu’écrit par une psychanalyste, La Tentation du repli est un livre qui reste à portée de tous les lecteurs, les petits comme les grands. Si Sophie Braun cite souvent Carl Gustav Jung, le médecin psychiatre suisse né en 1875 et mort en 1961, c’est pour aborder plutôt son enfance malheureuse et ses difficultés avec le programme scolaire, surtout sa phobie des mathématiques. A travers des patients qu’elle rencontre dans son cabinet, des personnes comme Eliot qui se croit déserteur et sa mère qui le voit comme une personne atteinte, Élise qui n’a aucune estime pour sa propre personne et qui se dégoûte, Sophie Braun aborde un problème universel, celui du repli sur soi, la peur d’affronter un quotidien de plus en plus stressant.

La Tentation du repli se lit comme un vrai roman où l’on décèle aisément le schéma narratif malgré les chiffres bien inquiétants et le sous-titre : « Burn-out, fatigues chroniques, phobies sociales et scolaires, addictions aux jeux vidéo ». Du roman, ce livre, qui ne bascule jamais vers la pure théorie, reprend le schéma narratif : on sait que les formalistes distinguent une situation initiale, un élément déclencheur, des péripéties, un élément équilibrant, un dénouement. Il en va donc de même ici.

La Racine ombreuse du mal, Isabelle Caplet, Simone Soulas (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 26 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

La Racine ombreuse du mal, Isabelle Caplet, Simone Soulas, octobre 2021, 242 pages, 19 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Un tout jeune homme, Henri Montfort, brillant étudiant, fils « de bonne famille » au visage d’ange, est retrouvé mort, allongé dans un décor bucolique rappelant celui du Dormeur du Val, avec, détail intrigant, de la cendre d’origine mystérieuse dans la bouche et dans la main droite. L’autopsie révèle que le décès est dû à l’ingestion d’un mélange de curare et de matières hautement toxiques très rares. Suicide ? Crime ? Mise en scène macabre d’un rituel sectaire ?

Le roman commence, juste avant la découverte du corps, par le récit du cauchemar qui agite en son sommeil un des personnages principaux, Juliette, détentrice aléatoire de pouvoirs divinatoires intermittents. Réveillée par le malaise qu’a provoqué en elle son rêve inachevé, Juliette « sait » que son cauchemar contient « une annonce, un péril imminent ». Mais lequel ? Il se trouve que Juliette est l’amie fidèle du commissaire Louis Gardeur, à qui est confiée la mission d’enquêter sur l’affaire.

Respire, Victor Malzac (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 25 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Respire, Victor Malzac, éditions de La Crypte, 2020, 64 pages, 12 €

 

Respire de Victor Malzac est édité à la Crypte. Le Prix de la Crypte 2020 est attribué à un jeune poète né en 1997, intense, brillant. « Gilet rouge » dans un univers qui tremble, où il faut reprendre respiration. Rien de faux dans cette description.

 

« tôt dans la nuit je respire

la mer

et je converse avec – »

« les lumières de la ville font maintenant comme un carrefour

dans les nœuds crispés de ma conscience

maintenant libre – »

Éphémères, Annie Perec Moser (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Éphémères, novembre 2019, 74 pages, 18 € . Ecrivain(s): Annie Perec Moser Edition: Le Coudrier

 

Le titre Éphémères fait immédiatement référence dans notre esprit à des instantanés, à des photographies saisies par le regard de la poète. La photographie de la couverture, signée Damien Gatinel, laisse cependant présager que, par-delà le regard, se situe l’imaginaire. Et c’est bien ce qui nous attend dans ce recueil, où Annie Perec Moser affirme l’acuité de sa vision.

À la lecture de ses poèmes, dont la forme nous paraît dès l’abord traditionnelle, quelque chose nous interpelle pourtant, comme si la rime attendue ne venait pas, comme si nous avions été bernés par cette apparente tradition formelle. C’est cela, en vérité : la poète nous surprend l’air de rien, mais elle nous ouvre en même temps à une grande fluidité au sein de sa poésie. Il n’est parfois qu’à se laisser conduire par le courant ; mais c’est pour mieux être saisi à la fin : l’ingénuité de la jeunesse rencontre fréquemment la cruauté la plus perverse, comme le montre excellemment L’enfer, commençant par le vers : « J’aimerais coudre les nuages ».

Le Passeur, Stéphanie Coste (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Lundi, 22 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Gallimard

Le Passeur, Stéphanie Coste, janvier 2021, 129 pages, 12,50 € Edition: Gallimard

 

En 2007, dans Bilal sur la route des clandestins, le journaliste italien Fabrizio Gatti écrit une odyssée vibrante qui rend compte de ce qu’il a vu et vécu – du Sénégal jusqu’au camp de rétention de Lampedusa, après s’être glissé dans la peau d’un immigré clandestin. Sans prétendre faire œuvre littéraire, il témoigne et c’est bouleversant. Le souvenir de cette lecture me pousse en janvier 2021 à aborder Le Passeur de Stéphanie Coste. Tout de suite, nous sommes au cœur de l’évènement : Sur la côte libyenne, deux arrivages de migrants – Soudanais et Somaliens – cuisent depuis une bonne semaine – entassés dans un entrepôt, dans l’attente d’un embarquement imminent pour la terre promise, l’île de Lampedusa. Mais Seyoum, passeur sans scrupule, ne fera pas charger tant que toute sa marchandise ne sera pas au complet. Or, une troisième « cargaison » d’une soixantaine d’Erythréens se fait languir. Et c’est tout le passé de Seyoum qui va débouler avec ce troisième convoi.