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Recensions

L'explosion du journalisme, Ignacio Ramonet

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 19 Février 2013. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard)

L’explosion du journalisme, février 2013, 163 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Ignacio Ramonet Edition: Folio (Gallimard)

 

 

La presse, comme pouvoir, a-t-elle encore un avenir ? Peut-elle jouer un rôle autre que celui du courtisan ou du porte-voix du maître ?

Familier des questions relatives aux pouvoirs des medias et à l’influence de la communication, traitées dans ses ouvrages tels que Propagandes silencieuses ou La tyrannie de la communication, c’est à l’examen de l’évolution de la presse mondiale que se consacre cette fois Ignacio Ramonet dans son dernier essai L’explosion du journalisme.

La presse est menacée, selon l’auteur, par l’évolution même des medias. On est passé, depuis l’avènement d’Internet, d’une situation où les medias de la presse écrite se partageaient le pouvoir, reflétaient parfois des courants d’opinions tranchés, à une prolifération de l’information.

Une vie brève, Michèle Audin

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Samedi, 16 Février 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Gallimard

Une vie brève. Gallimard/L’arbalète. Décembre 2012. 182 p. 17,90 € . Ecrivain(s): Michèle Audin Edition: Gallimard

 

L’écueil – les écueils -  étaient de taille. Ecrire à propos de Maurice Audin ça s’est beaucoup fait. Livres, études, articles, manifestes, et même plaques de noms de rues ou de places, d’un côté et de l’autre de la Méditerranée. Maurice Audin est de ceux qui peuplent le martyrologe, particulièrement effroyable, du XXème siècle. Jeune mathématicien, torturé, assassiné à Alger en l’été 1957 par l’armée française. Pas une armée de nervis à la solde d’une dictature, non, de l’armée de la République Française.

Le nom de Maurice Audin a donc basculé à jamais dans l’ordre du symbolique : martyr, héros, figure de l’histoire sombre de la Guerre d’Algérie. Le défi de Michèle Audin est double : comment écrire autrement sur Maurice Audin ? Sur l’homme – il a vécu « une vie brève » mais une vie tout de même – sur le père, car Michèle est bien la fille de cet homme.

Les données sont posées d’entrée (Michèle Audin est mathématicienne !) :

Poisons de Dieu, remèdes du Diable, Mia Couto

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 15 Février 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Langue portugaise, Roman, Métailié

Poisons de Dieu, remèdes du Diable, traduit du portugais (Mozambique) Elisabeth Monteiro Rodrigues, Janvier 2013, 167 p. 17 € . Ecrivain(s): Mia Couto Edition: Métailié

 

On entre en littérature portugaise par la plus belle langue du monde, la plus musicale, entre graves et moelleux, la plus dépaysante à regarder habiter les pages, à l’image de ce pays unique. On y entre souvent par son grand (le plus grand ?) écrivain : Antonio Lobo Antunes, le maître du « Barroco », et sa perle étrange des livres et de l’imaginaire… on y voyage – n’est-ce pas le pays des Grandes Découvertes ? parfois, au fin fond de l’Afrique colonisée si tard (le dernier pays à avoir « rendu les clefs », fut en effet le Portugal)…

Ce petit et dense livre est à l’image, et du pays, de son Histoire, et de sa littérature. C’est bien un livre qui sonne portugais, mais vu, écrit d’ailleurs, du coup, étrange. De ces terres, anciennes colonies du bas d’une Afrique qui semble vivre à un autre rythme : le Mozambique. Pas l’Angola dans les griffes d’une infinie violence, perpétuelle et culpabilisante, du Cul de Judas de Lobo Antunes, justement. Un Mozambique calme – immobilité d’alizés – post-colonial, relié encore à sa métropole d’antan, par une corde usée, dépenaillée, mais solide, comme ces bateaux colorés qui brinqueballent à Nazareth ou ailleurs… relié, à l’évidence, surtout par la langue et la langueur de son écriture, plus, ça et là, quelques effluves de mélancolie.

N'en faites pas une histoire, Raymond Carver

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, USA, Poésie, Nouvelles, L'Olivier (Seuil)

N’en faites pas une histoire (No heroics, please, 1991) trad (USA) François Lasquin (2012) 294 p. 15 € . Ecrivain(s): Raymond Carver Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Nous avons droit dans ce 8ème opus des œuvres complètes de Raymond Carver chez l’Olivier, à des miscellanées. Un bric-à-brac littéraire étincelant, celui de l’artisan de l’écriture le plus doué de sa génération. Des nouvelles de jeunesse, stupéfiantes déjà de maîtrise narrative et qui laissent présager clairement l’économie des futures grandes nouvelles : minimalisme des moyens mis en œuvre, langue épurée et faite des mots les plus simples et les plus justes, la traque obsessionnelle de la réalité la plus banale :

 

« Il se rase. En tournant la tête, il peut voir ce qui se passe dans le séjour. Iris, de profil, assise sur le tabouret, devant la vieille coiffeuse. Il pose le rasoir, se rince le visage. Ensuite, sa main se referme à nouveau sur le manche du rasoir, et au même instant il entend les premières gouttes de pluie sur le toit … » (In « Furieuses saisons »)

La petite marchande de souvenirs, François Lelord

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

La petite marchande de souvenirs, 13 février 2013, 382 pages, 18 € . Ecrivain(s): François Lelord Edition: Jean-Claude Lattès

 

Le titre de ce roman peut paraître anodin et annoncer un récit très ordinaire. Il n’en est rien. Nous sommes en 1995 à Hanoi. Le Vietnam commence très timidement une période d’ouverture. Julien est médecin auprès de l’ambassade de France ; il se trouve à ce titre en contact avec des expatriés, des diplomates, des médecins, des membres d’organisations internationales telles que l’OMS. Julien fréquente le docteur Dàng, qui dirige un service dans un hôpital de Hanoi. Il est en relation régulière avec Fleur, étudiante vietnamienne qui lui donne des cours pour améliorer sa connaissance de la langue vietnamienne qu’il regrette de ne pouvoir maîtriser complètement. Il rencontre également Clea, médecin britannique, membre de l’OMS. Elle est amoureuse de lui, mais Julien, sans être indifférent à sa personne, n’ose aller jusqu’au bout de ses sentiments. Il se censure, se réfrène. D’autres personnages sont attachants : ainsi Wallace et Margaret, son épouse. Wallace est un ancien du Vietnam, il a été prisonnier de guerre et interné à ce titre plusieurs années, est revenu dans ce pays. Il lui est lié viscéralement.